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En 1983 un groupe d'universitaires ivoiriens composé de Gérard Dago Lezou, Amadou Koné et Joseph Mlanhoro fait paraître la toute première anthologie de la littérature ivoirienne.
Par la suite, la revue française Notre librairie publia deux numéros sur la littérature de Côte d'Ivoire. Mais il manquait encore à ce jour, à la littérature ivoirienne, un ouvrage de référence qui étudie les conditions de sa naissance et son évolution.
En 1998 on pouvait dénombrer 120 auteurs ayant écrit 220 oeuvres tous genres confondus, soit 79 romans, 25 recueils de nouvelles, 68 recueils de poésie et 48 pièces de théâtre.
Au-delà du travail de recensement de cette création littéraire, il s'agit, ici, de dresser l'acte de naissance de la littérature ivoirienne moderne, dans une étude d'ensemble qui fasse apparaître sa personnalité, son identité et son originalité. On distingue assez nettement quatre étapes. En premier lieu, celle de sa naissance à l'École supérieure de Bingerville, et de son affirmation à l'École normale William Ponty au Sénégal.
Cette étape commence en 1933, date de la création de la première oeuvre littéraire, et s'achève en 1938, année au cours de laquelle la plupart des auteurs et acteurs du théâtre ivoirien à William Ponty ont achevé leurs études et sont revenus en Côte d'Ivoire.
La seconde étape est celle presque exclusivement du théâtre qui commence en 1938 avec la création du Théâtre indigène de Côte d'Ivoire (TICI) et s'achève vingt ans plus tard en 1958 avec la dislocation du Cercle culturel et folklorique de Côte d'Ivoire (CCFCI).
La troisième ne couvre qu'une décennie, 1958-1968. Elle se caractérise par une production littéraire pleine d'optimisme. La poésie avec ses grands élans de coeur est particulièrement lyrique. Il en est de même du roman. Après la longue nuit coloniale les écrivains rêvent de bâtir un monde meilleur, plus juste, plus fraternel.
La quatrième étape est marquée par une rupture décisive. Sous l'effet conjugué des crises politiques qui ont secoué la Côte d'ivoire entre 1959 et 1967 et de l'onde de choc des barricades de mai 1968 en France où séjournaient de nombreux étudiants ivoiriens, des écrivains choisissent de rompre le silence.
Ils décident de dénoncer les injustices, le gaspillage effréné, les crimes gratuits et odieux dont se sont rendus coupables les nouveaux dirigeants. C'est le début de l'ère de la contestation et de la critique sociale qu'inaugurent les oeuvres de Bernard Dadié, Charles Nokan et Amadou Kourouma.
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