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Les morros et les favelas de Rio sont en flammes, la police sous couvert de répression du trafic de
drogue a mitraillé une procession religieuse et tué des enfants. Le jour approche où cette guerre va
descendre sur la ville et les beaux quartiers du bord de mer. Francisco, un ancien colonel de la
Sécurité en Angola, installé au Brésil pour fuir les pièges d'un amour féroce et les tourments de sa
mémoire, prépare ce jour en vendant des armes. Un journaliste angolais plonge dans cet incendie
à la recherche de réponses aux questions que peu de gens veulent bien se poser. Le commissaire
qui démissionnera devant l'absurdité des mesures prises par les politiques définira ces événements
non comme une émeute mais comme une révolte d'esclaves.
Et tout ceci recoupe l'actualité brûlante de cet été.
Sur le Morro da Barriga, une favela sur les hauteurs de Rio, la révolte couve. Un énième épisode de la guérilla entre gangs de trafiquants de drogue et autorités a conduit à la mort d’innocents : alors qu’ils participaient à une procession religieuse, des enfants costumés en anges ont été abattus par la police.
Cette fois, les trafiquants s’organisent dans le but de déclencher une véritable Révolution, qui irait bien au-delà des habituelles émeutes de favelas et porterait la guerre jusque dans les beaux quartiers.
Dans leur lutte, les insurgés sont aidés par un trafiquant d’armes angolais, réfugié au Brésil pour fuir son passé de colonel de la sécurité et les affres de la guerre civile de son pays, ainsi que le poison d’un amour ancien.
Un journaliste nain, angolais lui aussi, suit les événements au plus près, ce qui ne s’avère pas sans dangers. Non seulement parce qu’il est amené à côtoyer Jararaca, le jeune leader charismatique à la gâchette facile, et son acolyte ingérable, rappeur et accro aux drogues. Il y a aussi Anastacia, petite amie de Jararaca, qui initie le journaliste à l’ayahuasca, sans compter tous les fantômes de son passé angolais qui ressurgissent bien vivants de l’autre côté de l’Atlantique.
Le roman alterne entre une chronologie très resserrée, quasi heure par heure, des événements de Rio, et des péripéties en Angola, dont la temporalité est beaucoup plus floue.
Agualusa met en parallèle la décolonisation de l’Angola, la lutte politique pour la libération et la guerre civile, et cet épisode dans les favelas brésiliennes, dont on ne sait s’il faut le considérer comme une lutte des pauvres contre les riches, des Noirs contre les Blancs, des néo-esclaves contre les post-colons. Sans doute un peu tout cela en même temps, à la fois guerre de libération, lutte sociale et raciale.
Ce roman est un brin complexe à appréhender si on n’est pas familier du monde lusophone et de son histoire. Quoi qu’il en soit, et même s’il balance constamment entre pessimisme et optimisme, Agualusa, avec sa plume baroque et à travers ses personnages extravagants aux sentiments exacerbés, rend hommage à tous les combats émancipateurs, quel qu’en soit le résultat. « Il est des batailles qu’il ne sert à rien de gagner et d’autres qu’il vaut mieux perdre. […] En Angola, il sera peut-être possible de renverser le régime, mais ça ne changera rien. Ici, au contraire, nous pourrons peut-être perdre cette bataille. Mais après notre défaite, crois-moi, plus rien ne sera plus comme avant. Même vaincus, nous aurons gagné. »
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