"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je ne demanderai pas à Rosalie pourquoi elle ne quitte pas cet homme, je devine les réponses, d'une banalité affligeante. Parce qu'on a peur. Parce qu'on aime encore. Parce qu'on ne vaut plus grand-chose sans lui, il l'a assez répété. Parce qu'on a déjà tellement accepté qu'on se dit qu'on pourra bien supporter davantage. Parce qu'on a le vertige d'une existence vide comme un romancier aurait celui de la page blanche. Mais je devrai lui faire comprendre qu'on part toujours trop tard.
J’aurais voulu commencer ce retour en titrant ma chronique mais pour une fois je me trouve sans idée vu l’intensité de cette lecture et l’émotion qu’elle m’a procurée ; un vrai coup de cœur.
Un roman choral, Constance et Rosalie en sont les principales narratrices. Elles ont un point commun et pas des moindres : ce sont des femmes maltraitées par leur conjoint.
Quand Constance rencontre Richard, un écrivain de renom, elle en tombe amoureuse et il paraît, lui aussi épris de sa femme. Mais cette homme est un dominateur, il abaisse constamment son épouse, la reprend en public si elle commet une erreur, on se rend vite compte que c’est un tyran. En avançant dans le roman, on découvre même un monstre.
Constance attire l’empathie et devient vite sympathique aux yeux des lecteurs. Comment va-t-elle réussir à se sortir des griffes de ce malade ?
Et puis il y a Rosalie, plus modeste, femme de ménage qui subvient seule aux besoins de son ménage car Tony, son compagnon n’a plus d’emploi, c’est un alcoolique, il rentre du café fortement alcoolisé et tout est bon pour taper sur sa compagne qu’il bat régulièrement. C’est une brute !
Le hasard fait que Rosalie se fait embaucher par Constance, devenue veuve et cette dernière la prend sous son aile et lui prodigue des conseils pour se sortir des griffes de son bourreau. Mais va-t-elle réussir son entreprise ?
Je m’arrête là, peut-être en ai-je trop dit ?
Elle a une belle écriture Pascale Joye, j’en suis scotchée, ce livre est une pépite ! Et encore une fois je m’étonne de voir que ce livre n’a pas séduit un éditeur. Mais où sont-ils et que font-ils pour ignorer de tels écrits ?
Un très bon roman que je conseille, c’est plein d’émotion, et tellement réel.
Constance, Rosalie, Nadège. Ces trois femmes subissent des violences de la part de leur conjoint, qu'elles soient psychologiques ou physiques. Elles sont piégées par une emprise qui les empêche de partir malgré les coups et les humiliations. Arriveront-elles à échapper à leur bourreau?
Pascale Joye décrit avec beaucoup de justesse et d'empathie le processus d'emprise sur des jeunes femmes fragilisées par un manque de confiance en soi, l'absence d'amour parental, la solitude. Très vite leurs compagnons qui les ont séduites juste en s'intéressant un minimum à elles, les isolent, décident de leur vie à leur place, les trompent, les humilient, les rabaissent, les violent.
L'auteure ne juge pas ces femmes; elle montre comment elles sont écrasées par la peur, la honte qui les empêchent de parler; parfois, elles ont encore des sentiments pour leur compagnon et se rendent elle-mêmes responsables de leur comportement violent. Elles s'éteignent progressivement, persuadées qu'elles ne valent rien. Toute courte accalmie dans la violence représente des miettes d'espoir et de bonheur à laquelle elles se raccrochent pour supporter l'enfer. Et elles restent parfois jusqu'à la mort.
En revanche, l'auteure juge avec mépris les voisins qui augmentent le son de la radio ou branchent l'aspirateur pour ne pas entendre les cris, les policiers qui minimisent les faits et refusent de prendre une plainte, la famille qui ferme les yeux sur les bleus.
Les mots sont importants; alors quand on ne peut pas parler, quand on ne peut dire la vérité, quand ils sont bloqués au fond de la gorge, ils deviennent des compagnons réconfortants à travers la lecture (pour Rosalie) ou l'écriture (pour Constance).
Ce roman poignant saisit les tripes et le cœur par les émotions qu'il sait déclencher face au destin des trois personnages féminins; on a envie de hurler face à la violence, la barbarie des compagnons qui considèrent leur femme comme un objet qui leur appartient, qui les chosifient. On a envie d'intervenir face à une telle injustice, face au calvaire qu'endurent ces femmes mais aussi très souvent les enfants. Mais "La gravité des étoiles" est aussi un roman très réussi avec une tension psychologique qui tient en haleine, une fin surprenante, des personnages crédibles à la psychologie fouillée.
Un magnifique roman qui est un immense coup de cœur pour moi.
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