"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C'est un homme ordinaire : comme tant d'autres, il veut gagner de l'argent, réussir. À la tête de sa petite entreprise, il mène une existence confortable. Un jour, les clients disparaissent, les dettes s'accumulent et tout s'effondre. Dès lors, il aura une seule préoccupation : que personne n'en sache rien.
Roman obsédant, La Fuite décrit une descente aux enfers pavée de mensonges et de suspicions, où l'orgueil prime sur les sentiments.
Un récit mené de main de maître par Ève Chambrot.
J’ai adoré ce roman court, mais tellement intense. Une histoire comme il y en a tant d’autres, c’est probablement arrivé à plein de gens de s’engouffrer dans des problèmes, cachant à tous leurs situations par honte, par peur, par lâcheté … mais tout fini par se savoir et la fuite n’est pas la solution et le protagoniste va le découvrir à ses dépens. Ce roman est prenant, je l’ai lu d’une traite , il y a une puissance dans l’écriture, dans le choix des mots dans cette histoire tragique. Il y a une double narration celle du protagoniste et celle de sa femme qui subit et ne sait pas ce qui se passe et découvre au fil du temps quelques indices, quelques brides de réponses. L’ambiance est de plus en plus pesante, lourde au fil des pages, le lecteur est complètement happé dans l’histoire et se demande comment ce pauvre homme va faire pour s’en sortir, enfin s’il s’en sort. Le lecteur sent que rien de bon ne ressortira de tout ça et qu’un drame se profile, il ne peut en être autrement, le mystère c’est quoi, quand et comment.
Chaque page est un petit bijou, car l’auteur réussi à nous faire passer toute une palette d’émotions, on est triste pour lui, on a envie de lui dire de tout avouer, de se soulager de ce poids, on a aussi beaucoup de compassion pour sa femme victime malgré elle de tous ces non-dits, ces cachoteries, ces mensonges. C’est un vrai sujet de société, très actuel, mais encore tabou. Je n’avais d’ailleurs encore jamais lu de roman dessus. C’est tout bonnement terrible, les mensonges qui se succèdent et la fuite toujours, les petits arrangements avec la vérité. Que de souffrance ! Ce que j’ai aimé aussi c’est que l’auteur laisse le lecteur à ses émotions, ses sentiments, il ne dirige pas. Surtout, la souffrance du menteur n’est pas occultée et je trouve ça intéressant. En effet, en dépit du mal qu’il fait autour de lui, il est seul, il a peur, il se sent acculé, ne sait plus comment se sortir de cette spirale, il a honte, car il souffre aussi.
Une descente aux enfers sans retour et qui finira tragiquement… Une fin saisissante et glaçante. Je suis restée interdite. Un roman que l’on n’oublie pas et qui reste longtemps dans la tête. Je viens de découvrir la plume de Eve Chambrot et j’ai bien envie de lire d’autres ouvrages, car j’aime sa sensibilité.
VERDICT
Un roman à lire absolument, impossible de faire l’impasse, vous n’en sortirez pas indemne. Vertigineux et inoubliable.
https://revezlivres.wordpress.com/2016/12/05/la-fuite-eve-chambrot/
"Certains choix sont sans retour. Après eux, il n'y en aura pas d'autres, car ils tracent un chemin ou ne se dessinera plus la moindre bifurcation. Il y a un avant, il y a un après..."
Ainsi débute le roman, notre homme à tout pour être heureux, une entreprise prospère, de l’argent, une vie facile mais parfois un peu ennuyeuse. Après le mariage une vie rangée, lisse, deux filles, c’est un bon père qui a des envies de fuite.
Lui a toujours de grands projets ... Partir aux États pour y avoir une vie encore plus prospère. Elle s’occupe de tout... Ne s’occupe plus d’elle.
Les choses ne vont pas comme il aimerait. La petite entreprise prend l'eau, coule, il empreinte un peu partout en cachette, s’endette, rien n'y fait. C’est à ce moment là que commence la spirale du mensonge. "Quand j’ai commencé à mentir à tout le monde, j’ai compris que je m’étais engagé dans un processus irréversible".
Le doute s'installe, les choses ne vont plus, le couple vacille " le temps passe, sans apporter autre chose que de nouveaux ennuis."
Gagner du temps... Il n'a plus que ça à l’esprit.
A coup de courts chapitres de réflexions et de narrations, l'auteure nous plonge dans sa descente aux enfers, dans l'univers de cette être malsain, aux idées et solutions radicales. J'ai très été happé par cette histoire, devenu témoin impuissant du plan machiavélique mis en scène par cet esprit gangrené.
"- D'ici là, il peut se passer tellement de choses ..."
Oui ! Il se passe tellement de choses dans ce court roman, La fuite, un roman sur la folie d'un homme orgueilleux et détestable, un roman qui se lit presque d'une traite en dehors des quelques poses nécessaires pour reprendre son souffle.
J'ai vraiment apprécié la lecture de ce roman de belle qualité qui est aussi un bel objet proposé par les Éditions Envolume
Encore une fois, je suis ravie de cette lecture pour sa construction : nous avons le point de vue du personnage en "Je", entrecoupé de chapitre l'on voit l'histoire de l’œil de l'épouse. C'est intéressant dès le départ, car on voit cet homme puissant, fort, inflexible et sur de lui parler de sa réussite, de ses exploits, mais surtout de sa valeur. En parallèle, son épouse qui évoque le quotidien, les difficultés quelles soient financières ou conjugales. Progressivement, la psychologie des personnages est étayée : on se perd dans le discours de cet homme (si on peut le nommer encore ainsi), et on découvre la réalité présentée sans phare et sans emphase sous l’œil de l'épouse.
Les chapitres de l'homme m'ont donné l'impression de monologue sans fin, irritant, énervant. On aimerait le mettre face à la réalité, pas celle qu'il s'est construite, mais celle du monde réel. Les relations conjugales et les moments qu'il passe en famille sont d'ailleurs très intéressants à lire des deux côtés : illusion, sentiment de ne pas être soutenu d'un côté, incompréhension et insécurité de l'autre. J'ai beaucoup aimé la profondeur qu’Ève Chambrot a mise dans la construction des personnages. Il s'agit d'un livre court, mais qui a la puissance d'offrir des protagonistes complexes en très peu de temps.
L'auteur est parvenu également à une chose plaisante : j'ai aimé détester cet homme, vouloir pour lui une chute inexorable dans la dure réalité qu'il a provoquée autour de lui. Se pose alors la question de la confiance : en soi tout d'abord, car il faut être armé d'un égocentrisme sans nom pour agir de la sorte, dans les autres pour parvenir à allumer en eux des étincelles de doute, sans qu'elles ne prennent vraiment feu.
L'écriture d’Ève Chambrot est succulente : les mots se suffisent à eux-mêmes, on ne trouve pas descriptions superflues, ni de condescendance. Le doute y est important, pour les personnages, mais aussi pour le lecteur : et on ne lâche pas le livre avant de connaitre ce dénouement auquel l'auteur nous a si bien travaillé. Il peut nous arriver à tous de tomber, de faire des mauvais choix, mais comment décide-t-on de prendre la "bonne" décision" ?
Lien sur le blog :
http://lecturedaydora.blogspot.fr/2016/08/merci-francois-sirot-et-aux-editions.html
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