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Le présent volume est la suite logique d'un premier travail, publié fin 2009, qui a pour titre Manie, mélancolie et facteurs blancs.Il s'agissait de situer, dans l'histoire psychiatrique et psychanalytique de la mélancolie et de la manie, les éléments nécessaires pour fonder une nouvelle théorie sur les facteurs de déclenchement du délire aussi bien que sur ses liens avec l'acte suicidaire.De ces observations est né le concept des facteurs blancs, théorie que nous allons développer à présent en l'appliquant à l'étude approfondie de plusieurs cas cliniques. Cela nous permettra notamment d'isoler un processus psychique, qui précède parfois l'acte criminel ou suicidaire maniaco-dépressif ; nous appellerons ce processus fuite des événements.La Fuite des événements est un ouvrage sur les angoisses altruistes dans les suicides maniaco-dépressifs. Mais, plus qu'à l'acte suicidaire lui-même, nous nous intéresserons aux processus psychiques qui le précèdent et qui se trouvent présents entre la décision et l'acte. Dans la prise en compte de ces moments qui précèdent un acte suicidaire, lors des épisodes critiques non-délirants, non-hallucinés et non-agis mais assimilés parfois à des moments psychotiques, où l'on situe une discontinuité ou une rupture radicale quoique momentanée dans le lien à l'Autre, on peut observer qu'il y a des événements qui arrivent au sujet sans qu'il puisse en décider. Ces événements intersubjectifs incontrôlés s'enchaînent dans une fuite métonymique et poussent le sujet à souffrir d'une tendance à subir les actes qu'il fait lui-même accomplir aux autres. Lors de cette fuite des événements, ce n'est pas tout à fait vrai que le sujet fuit les événements de sa vie ; ce sont plutôt les événements eux-mêmes qui fuient.La psychopathologie classique peut-elle nous permettre de penser et d'étudier ces questions, ou devons-nous nous affranchir de ses limites, tout en partant de ses acquis, afin de créer une autre version de la psychopathologie des états maniaco-dépressifs qui, elle, reposerait sur des changements observés dans la clinique ?Pour plusieurs raisons phénoménologiques, sociales, anthropologiques, cliniques et conceptuelles, nous croyons au bien-fondé de cette deuxième perspective. Plus précisément, l'une de ces raisons tient à ce que notre propre théorisation (forclusion maniaque, facteurs blancs, délire de mort) et notre propre clinique (qui recueille des données actuelles de la souffrance maniaco-dépressive et bipolaire) nous apprennent sur ces questions.
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