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Au coeur de La fin de la souffrance - Le Bouddha dans le monde, au coeur de ce livre ambitieux et d'un genre nouveau, à la fois itinéraire personnel et anecdotique, récit de voyage, traité philosophique, critique littéraire et biographie, il y a la figure centrale et impressionnante du Bouddha.
En 1992, Pankaj Mishra quitte New Delhi pour Mashobra, une bourgade de l'Himalaya indien où il restera de manière décousue, une dizaine d'années. A priori plus proche de Nietzsche que du mysticisme indien, il décide, à la suite d'excursions dans les régions bouddhistes himalayennes plus au nord, bordées par le Tibet, de comprendre le Bouddha à la fois dans son contexte historique et dans ses rapports avec l'histoire de la pensée occidentale.
Pankaj Mishra entre dans la philosophie du bouddhisme par l'histoire de l'Inde ancienne et des premiers Aryens ayant peuplé la plaine indo gangétique du nord dès 1500 avant J.C et qui créèrent le système des castes, toujours en vigueur en Inde, dominé par les Brahmanes.
Gautama Siddharta (plus tard dit le Bouddha, l'Eveillé) naît dans le clan puissant des Shakyas à Lumbini (aujourd'hui au Népal) en 566 avant J.C. Il fait partie d'une caste élevée, les kshatryias (les guerriers). A 29 ans, Gautama Siddharta abandonne sa femme et son fils pour vivre la vie d'un stramana, ces mystiques errants vivant d'aumônes. Il passe plus de six années en ermite, en ascète, en pensant, en méditant, à Bodh Gaya (aujourd'hui dans l'état du Bihar) où il atteint l'état d'Eveil par la révélation de la nature de la souffrance et le moyen d'y remédier, à 35 ans. En parcourant à pied tout le nord de l'Inde, il prêchera sa doctrine (éthique, méditation et sagesse) jusqu'à sa mort à plus de 80 ans.
Le Bouddha, en s'opposant aux Brahmanes, nie l'existence d'un dieu créateur et extérieur ; il met l'impermanence au fondement de l'existence humaine et l'envie insatiable d'avoir ou d'être autre chose que dans le moment présent au fondement de la souffrance ; il rend in fine le moi instable responsable de cette souffrance. Le Bouddha nie que l'univers ait un début et une fin ; il affiche sa préférence pour les républiques tribales et les oligarchies sur les grands royaumes du nord de l'inde. Il milite pour l'implication des moines dans la vie de la cité. Il autorise, en opposition totale avec les sectes religieuses des Brahmanes, l'entrée des femmes dans son ordre. Le Bouddha ne fait aucune distinction entre la contemplation et l'action. Il propose d'accéder à la fin de la souffrance par la conscience de soi, l'introspection et la compassion.
Autant de thèmes novateurs qui font parler Pankaj Mishra de modernité du Bouddha qu'il illustre par des parallèles constants avec les penseurs occidentaux, de Pythagore et des Stoïciens à Marx, à Freud, à Nietzsche surtout, en passant par Hume, les Romantiques allemands, Flaubert, Proust ; qu'il illustre aussi par l'actualité de ses propres voyages dans l'Inde des années 90, aux Etats-Unis et en Europe.
Remarquablement bien écrit, très informatif, passionnant car érudit et accessible, La fin de la souffrance - Le Bouddha dans le monde est un livre convaincant sur la genèse, l'histoire, les enseignements et l'actualité du Bouddhisme.
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