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La question de savoir si, comme le disait adorno, la philosophie de heidegger est "fasciste jusque dans ses composantes les plus intimes", n'est peut-être pas la plus importante, et certainement pas la plus juste, de celles que pose le destin politique de heidegger.
On ne peut évidemment pas l'éluder et il ne faut pas, de toute façon, imaginer heidegger tout simplement quitte, pour l'avenir de sa pensée, de son approbation sourde mais déterminée du national-socialisme, de la pauvreté de ses explications, et surtout, du silence qu'il observa obstinément sur l'extermination.
Cela ne devrait pas empêcher toutefois de reconnaître que, incontestablement déçu par le nazisme, heidegger, dans sa volonté d'en prononcer la "vérité", a révélé quelque chose de la nature profonde du "mouvement" et, par là, probablement dévoilé ce qu'il en est du politique moderne : à savoir que loin, précisément, d'accéder au moderne, il reste soumis à l'idéal de l'ancien (le "modèle grec") et ne cesse de se poser, renaissance ou révolution, en imitation de l'antique.
On appelle ici national-esthétisme ce symptôme dissimulé - et catastrophique - du moderne avorté; et l'on avance que, sous l'alibi de la technique, c'est en réalité la technè qui hante nos politiques, et cette idée, toujours secrètement présente, qu'un peuple ne naît à l'histoire et ne s'identifie comme tel que s'il est porteur d'un art, c'est-à-dire d'un mythe, qui lui soit propre.
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