"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Que serait Louis XIII sans Richelieu, Voltaire sans Rousseau, Danton sans Robespierre ? Louis XI est-il l'anti-Louis XII ? Pourquoi Bolívar a-t-il laissé son nom à un pays, et pas San Martín ? Mussolini fut-il un Hitler incomplet, et Staline un Lénine grimaçant ? Qu'inaugurent exactement Clovis et Vercingétorix ? Abélard a-t-il tout compris avant saint Bernard ? Jeanne d'Arc est-elle la nouvelle Marie rédemptrice de cette nouvelle Ève que fut Isabeau de Bavière ?
Le héros contribue à exprimer nos engagements, à éclairer nos orientations éthiques, voire à les formuler en avance sur nous. Mais que serait cette lumière sans l'ombre qui l'accompagne ? N'y a-t-il pas une légitimité fonctionnelle à restituer à cette cohorte de ratés, d'inaboutis ou de méchants par vocation fabriqués par la postérité ?
La dialectique des héros et des antihéros témoigne de la permanence du besoin d'incarnation en histoire, combinée avec l'impératif du discours, du dépassement des contraires ou de la résolution des blocages par la confrontation. Étudier la fabrique de la gloire, c'est montrer l'historien au travail, dans sa confrontation avec le tri sélectif et forcément injuste de la mémoire historique.
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