"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Du jour où j'ai décidé d'écrire un roman américain, il fut très vite clair que beaucoup de choses se passeraient à Detroit, Michigan, au volant d'une vieille Dodge, sur les rives des grands lacs. Il fut clair aussi que le personnage principal s'appellerait Dwayne Koster, qu'il enseignerait à l'université, qu'il aurait cinquante ans, qu'il serait divorcé et que Susan, son ex-femme, aurait pour amant un type qu'il détestait.
Il ne faut pas s'y tromper : malgré les apparences, Tanguy Viel n'a pas écrit un roman américain, mais une fiction typiquement « made in France ». Toute de références, de clins d'oeil et d'ironie. Avec pour décor en trompe-l'oeil les États-Unis, leur littérature et ses poncifs. [...] De tout cela surgit un véritable petit joyau littéraire. Assurément le livre le plus enlevé de Tanguy Viel, formidable exercice d'écriture et de lecture critique. Se déployant sur deux niveaux à parts égales : la tenue d'une fiction « américaine », à laquelle ne manque aucun des accessoires convenus de l'appareillage narratif ; un travail systématique de distanciation qui en exhibe les tics et les habitudes paresseuses.
Jean-Claude Lebrun, L'Humanité
Un romancier français décide d'écrire un 'roman américain' ...
Tel est le point de départ de ce roman de Tanguy Viel, qui n'écrit pas là un roman 'américain' mais qui décrit comment un écrivain français pourrait écrire un roman américain !
Choix des personnages, de leurs noms, de leur situation (prof d'université, femme au foyer, étudiante, couple divorcé, ... ), de leurs styles de vie (voitures, cuisines à l'électro-ménager dernier-cri, ... ) des scènes incontournables (l'assassinat de Kennedy, le 11 septembre), du lieu de l'action (à l'écart de tout, mais avec des road-trips qui ramènent aux incontournables du grand Ouest !)
Bref un roman qui comporte tous les ingrédients nécessaires mais qui ne semble pas être un roman par la distance apportée par le style et le recul apportés par Tanguy Viel à cette description !
Une sorte d'OVNI littéraire mais néanmoins un roman plein d'humour qui se lit d'une traite ...
J'ai été récemment déçue par des romans 'américains' écrits par des auteurs français ... je ne peux donc qu'apprécier celui là qui m'a montrée une autre facette du talent d'un auteur qui me surprend à chacun de ses romans.
Une belle découverte.
Un auteur à suivre absolument !
(D'ailleurs, un autre de ses romans m'attend ... )
Humour et parodie, pastiche, variation sur le livre dans le livre, voila la patte (la plume) de Tanguy Viel.
Un type, dans le Michigan, planque dans sa voiture devant le domicile de son ex-femme, Susan (aux yeux noirs !! je ne savais pas Tanguy Viel porté sur la botanique !), en écoutant les ballades forcément tristes de Jim Sullivan, disparu en plein désert, peut-être enlevé par des OVNI..
L'auteur revisite les "clichés" du roman américain : le prof de fac, spécialisé en littérature (Moby Dick), qui joue au poker avec ses voisins, a une jolie femme qui le trompe (avec un autre prof), rencontre une serveuse qui tourne des films X (et est accessoirement son étudiante)...
Et je me suis un peu ennuyée !
j'ai beaucoup aimé le regard distancié que pose l'auteur sur les romans américains, mais j'ai eu l'impression que Tanguy Viel, malgré tout l'humour et le second degré dont il est capable, s'écoutait écrire...
Un peu comme quand on était enfant et qu'on disait " On ferait comme si..." avec nos poupées.
Ça ne m'a pas déplu mais ça n'a pas fonctionné non plus ! Dommage !
Comment vous parler de ce livre ?
Je vais plutôt vous parler de ma lecture : l’auteur est malicieux, qui place des références et des bons mots qui font forcément sourire son lecteur (dont moi).
L’auteur nous présente le roman américain qu’il veut écrire : le choix des noms des personnages, des lieux, du déroulé de l’intrigue, tout en restant très français dans sa démarche.
Et au fait, Jim Sullivan, dans tout ça ? Je ne vous en dis pas plus.
Une histoire intelligente qui m’a fait passer un très bon moment de lecture.
Je ne peux que vous inciter, si ce n’est déjà fait, à lire cet OLNI.
L’image que je retiendrai :
Celle des antiquités dans le coffre de Dwayne, qui vont servir à financer la prochaine campagne électorale de l’ancien président des Etats-Unis.
http://alexmotamots.fr/?p=2558
J'ai eu une agréable surprise. J'ai du le lire pour les cours et je me suis dis" et encore un livre gnangnan". Et bien non. J'ai été bien prise dedans et j'avoue avoir trouvé le concept original. L'idée de décrire les étapes d'un roman c'est pas mal. L'histoire en elle même est pas mal même si je ne vois pas bien pourquoi ce titre. Mais une lecture agréable et un livre qui se lit relativement vite.
En général, je suis emballé par les livres de Tanguy Viel. Il a l'art de m'intéresser à une histoire banale, par la subtilité de son écriture, ses longues phrases, ses personnages mis pourtant dans des situations déjà lues ou vues. Son dernier roman est encore mieux : il utilise les mêmes bases, mais en plus il décortique le roman américain, intervient sans cesse en tant qu'écrivain pour dire ce qu'il pourrait faire. De fait, on a à faire à un écrivain qui nous raconte comment il construit son roman. Il absorbe toutes les règles pour fabriquer un roman international, car il faut bien le dire, nombre de romans états-uniens sont calibrés, pré-construits, les rebondissements arrivant à tel et tel chapitres, la minute sentimentale itou... un peu comme les films du même pays, ou comme le camembert d'une grande marque (mais français, l'honneur est sauf) : surtout ne pas déstabiliser le client, lui apporter toujours la même chose, le même plaisir, le garder, le guider. Personnellement, je n'aime pas cela, je vois peu de films hollywwodiens, lis peu de -gros- livres états-uniens et mange du camembert au lait cru, moulé à la louche : j'aime qu'on me surprenne.
Tanguy Viel écrit son roman américain finalement très français (et tant mieux, le contraire m'eût sans doute moins plu) parce qu'il explique toute la méthode, tous les clichés et les stéréotypes du genre, sans critiquer : il constate. Il explique la différence entre un roman français et un roman états-unien :
"Je ne dis pas que tous les romans internationaux sont des romans américains. Je dis seulement que jamais dans un roman international, le personnage principal n'habiterait au pied de la cathédrale de Chartres. Je ne dis pas non plus que j'ai pensé placer un personnage dans la ville de Chartres mais en France, il faut bien dire, on a cet inconvénient d'avoir des cathédrales à peu près dans toutes les villes, avec des rues pavées autour qui détruisent la dimension internationale des lieux et empêchent de s'élever à une vision mondiale de l'humanité. Là-dessus, les Américains ont un avantage troublant sur nous : même quand ils placent l'action dans le Kentucky, au milieu des élevages de poulets et de des champs de maïs, ils parviennent à faire un roman international" (p.10)
Et T. Viel de raconter la vie de ses personnages, Dwayne qui épie son ex-femme qui vit désormais avec l'un de ses ex-collègues prof de l'université, celui qu'il détestait, qui ne voit plus ses enfants, qui va pour tenter de reconquérir sa femme se compromettre. Il passe aussi rapidement sur les traumatismes de cet ex-du Viet-Nam (il a bien failli y aller à un jour près), sur la désormais inévitable dans les romans guerre d'Irak et l'encore moins évitable 11 septembre 2001. On avance dans son roman, on suit Dwayne et les autres personnages, on comprend toute son histoire et on s'y intéresse et dans le même temps, l'auteur intervient et nous dit ce qu'il aurait pu écrire ici ou là pour faire un vrai roman américain, il le dit à ses lecteurs en quelques lignes, dans ses phrases toujours aussi longues et belles là où un romancier états-unien prendrait un ou deux chapitres par idée évoquée ; cela se ressent sur le poids du livre, rarement moins de 400 voire 500 pages pour un roman international et 153 pages pour Tanguy Viel que je ne remercierai jamais assez pour sa concision alors qu'il ne passe aucun thème récurrent du roman américain. A propos de concision, je vais peut-être stopper là moi aussi en précisant que ni Tanguy Viel (si je l'ai bien compris) ni moi n'avons rien contre le roman international, contre les auteurs états-uniens en général, c'est un genre qui plaît, à juste titre, même s'il n'est pas celui que je lis le plus couramment. Personnellement, je préfère et de très très loin LE roman américain de Tanguy Viel qui une fois de plus aura su me passionner, me surprendre et me captiver avec une histoire et des personnages loin d'être originaux. Du très bon travail, un roman excellent, n'ayons pas peur des mots. Tout ce que j'aime est dedans.
Malgré les commentaires mitigés ou même négatifs lus sur d’autres sites, je me suis résolu à acheter ce livre pour en avoir le cœur net. Spécialisé dans les faux polars depuis plusieurs années, Monsieur Viel ne cesse de signer des livres « inspirés » de l’univers littéraire ou cinématographique des autres (Mankiewicz, Chabrol, Melville, Hitchcock…)
L’auteur le dit assez haut et fort sur les plateaux de télévision : il ne met rien de lui-même dans ses romans.
Idem pour ce dernier titre. Il avoue s’être contenté de collecter les poncifs traditionnels du polar : clichés spatio-temporels, narratifs, culturels et émotionnels. L’aveu est assez consternant et ne semble déranger personne. Lorsque Monsieur Viel pompe ses sources, sa matière et son style dans ceux des autres, il ne triche pas avec les lecteurs, il « explore des influences », il « analyse des processus d’élaboration », il se livre à de brillants exercices de « réécriture »… A méditer.
Alors bien sûr, l’auteur se protège des éventuels reproches que l’on pourrait adresser à ses douteux projets d’imitation en prétendant faire des romans « au second degré ».
Espérant peut-être recueillir le même succès que Joël Dicker…
Revenons à la disparition de Jim Sullivan. A travers cette mauvaise petite fiction américaine, Monsieur Viel nous explique, non sans dédain (à ne pas confondre avec de l’ironie) comment il a mijoté sa cuisine, à l’aide des ingrédients nécessaires, ramassés dans les poubelles de la fiction américaine des années 50 à nos jours: un prof d’université, une relation adultérine glauque, un divorce qui se passe mal, une fuite, un veille bagnole, de la musique seventies, des espaces mythiques et beaucoup de lieux communs. Avec une telle recette, on ne fait évidemment pas de la grande gastronomie. Qu’à cela ne tienne, Monsieur Viel – qui se sent tellement supérieur aux gens qui lui font l’honneur de le lire - explique aux médias que son but n’était pas de pondre un chef d’œuvre d’originalité mais de relever un défi.
Quel défi ? Nous expliquer, à nous autres pauvres ignorants, qu’il a utilisé tous les clichés dont nous sommes abreuvés sans même en avoir conscience. En fait, il nous convie à la fabrication de son roman (pas moins) et à une réflexion sur l’art d’écrire… de la soupe. Merci.
Mais l’ironie est bien là: Monsieur Viel signe un roman artificiel, forcément déterministe, incapable de détourner intelligemment les clichés dont il entend se moquer, en les reprenant paresseusement, servilement, sans aucune finesse ni subtilité.
Mais peut-être qu’un écrivain viendra dans quelques années reprendre les clichés que M. Viel a lui même repris et qu’un autre viendra reprendre les clichés que ce nouvel auteur a repris de Viel et qui seront à leur tour repris… pour faire un nouveau « faux » roman américain, qui en fait n’en est pas un mais qui nous démontre qu’il pourrait en être un, que c’est facile d’écrire un « faux » roman qui ressemble à un vrai, parce que c’est du troisième ou du quatrième degré … Quelle plaisanterie !
Monsieur Viel veut nous faire réfléchir sur ce qu’est la littérature et le processus d’élaboration d’une œuvre littéraire ? Réfléchissons.
La littérature est avant tout création. On attend qu’elle bouleverse nos représentations, non qu’elle les répète. N’est-ce pas merveilleux de voir un écrivain nous livrer, avec un langage neuf, sa perception des choses, de la société et de son évolution, de ses propres valeurs ? N’en déplaise à Monsieur Viel, la littérature engage l’écrivain.
Je fais partie des ces amoureux de la littérature un peu idéalistes, un peu naïfs, peut-être trop exigeants, qui continuent de croire ou plutôt d’espérer que c’est dans la difficulté – et non dans la facilité - que l’écrivain se construit et construit une œuvre, en surpassant justement la tentation de la copie et le recours aux clichés les plus éculés.
Mon conseil : évitez ce médiocre pastiche, pseudo-intellectuel. Il y a tant d’excellents vrais romans américains et d’excellents vrais romans français.
Plaisant et distrayant ! Un livre qui donne envie d'y revenir et de suivre notre pauvre héros malmené par la vie, un roman bien construit qui, bien-sûr, appelle tous les clichés américains, mais peu importe puisque c'est pour notre plus grand plaisir.
Et oui, pari tenu, Tanguy VIEL a bel et bien écrit un roman américain !
A 50 ans, Dwayne Koster avait tout : une femme, deux enfants, une belle maison dans un quartier chic de Detroit, un poste d'enseignant à l'université, des voisins et amis. Une liaison avec une de ses étudiantes plus tard, Dwayne a tout perdu. Il en est réduit à noyer son chagrin dans l'alcool et à surveiller les fenêtres de son ex-femme derrière le volant de sa vieille Dodge de 1969. Susan s'est installée dans une nouvelle maison avec les enfants et, entre tous les hommes de la ville, elle a choisi d'avoir une liaison avec Alex Dennis, un collègue de Dwayne, celui qu'il déteste tout particulièrement. Il n'en faudrait pas beaucoup pour que Dwayne accepte la proposition de son oncle Lee : régler le "problème Alex Dennis" en échange d'un service pas très légal...
Non, ceci n'est pas le résumé d'un roman américain écrit par un écrivain américain mais le roman américain d'un écrivain français qui veut donner à son récit une dimension internationale. Et pour cela, rien de plus simple, il suffit d'appliquer quelques recettes qui ont fait leurs preuves! D'abord, il faut planter le décor -dans son cas ce sera Detroit-, décrire la ville et ne pas oublier d'en rappeler l'histoire. Ensuite, il faut un héros américain, lui choisir un nom qui sonne bien, faire des retours en arrière sur son enfance, raconter ses ancêtres, lui trouver un traumatisme lié à la guerre du Vietnam et, pour finir, le mettre dans une situation difficile. Après, l'histoire roule toute seule entre des description des grands espaces américains, des références obligées à la guerre en Irak et aux attentats du 11 septembre, un zeste d'intrigue policière avec un agent du FBI (mais pas trop si on ne veut pas écrire un thriller), de l'amour, du sexe (hors mariage bien sûr), des motels, des bars (avec une serveuse prénommée Milly), des voisins sympathiques, des barbecues le dimanche, etc, etc.
Cette mise en abyme d'un écrivain qui raconte comment il écrit son roman américain est une réussite totale! On se plaît à décrypter avec lui les codes de la littérature américaine et on se prend à se souvenir de tous les livres qu'on a lus et qui les utilisaient. Et cerise sur le gâteau, on se prend au jeu! Tanguy VIEL a bel et bien écrit un roman américain! On s'attache à son Dwayne Koster si plein de clichés et on veut savoir ce qui lui arrive, ce qu'il va devenir.
Un livre frais, drôle et léger qui remet les pendules à l'heure pour le plus grand plaisir du lecteur.
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