Quelles questions se posent l'historien lorsqu'il envisage un ensemble d'événements aussi complexes et aussi étalés dans le temps que lors de la crise de l'Empire romain ? Que savons-nous, de qui ou de quoi le tenons-nous, et quelles théories les historiens précédents ont-ils proposées ? L'ouvrage de Roger Rémondon répond à ce triple désir sans nous priver de la possibilité non moins essentielle de reprendre nous-mêmes sa démarche pour l'approfondir ou enrichir nos propres choix de recherches. A l'image du bon boucher de Phèdre, l'auteur s'astreint à ne pas nous livrer pour ainsi dire sans distinction un ensemble qui ne distinguerait pas le savoir certain des sources ou des simples voies ou directions de recherches. Le lecteur trouvera ici un triptyque - sources, connaissances, directions de recherches - propre à faciliter tant l'abord de cette question complexe que la recherche plus fouillée de celui qui sans oublier les éléments fondamentaux et tenus pour certains souhaite apporter sa propre contribution à la recherche. La deuxième partie, relative aux connaissances, sera pour le néophyte en ces matières comme une antichambre ou une initiation qui le familiarisera avec les problématiques que sous-tend la grande question : quelle fut la cause de la crise de l'Empire romain ? Quelques centaines de pages n'y suffisent probablement pas, encore moins à démontrer son raisonnement historique. Au lieu de cela, les parties relatives aux axes de recherches et aux sources, relativement exhaustives, indiquent au chercheur les voies d'explication dégagées par des siècles de questionnement et une bibliographie suffisante pour entamer les recherches les plus pointues. La Crise de l'Empire romain est pour le chercheur ou futur chercheur un véritable manuel, c'est-à-dire davantage un atlas du savoir qu'un concentré de connaissances. N'en attendons pas un simple exposé des causes d'un phénomèe aussi complexe, mais trouvons-y les raisons que, sur le fondement d'une trame incontestée et à la lumière des sources les plus variées, le chercheur moderne peut tenter d'apporter à cet événement unique.
P. Prigent
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