"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Xiao Bai est le pseudonyme d'un écrivain pur produit de Shanghai. Né en 1968 dans cette ville, il a collaboré avec de nombreuses revues littéraires, notamment pour une série d'articles centrés sur l'érotisme dans l'art et la littérature, qui ont été réunis dans le recueil Hamlet libertin paru en 2009. En 2012 Il rejoint un groupe de traducteurs sous-titrant les films occidentaux piratés. Son premier roman, Balle de match, est paru en 2011, suivi en 2012 par Zujie (La Concession française).
Shanghai, 1931. Xue Weishi, jeune photographe franco-chinois, est mêlé malgré lui à un attentat visant un membre du Kuomintang, abattu sur un quai de la Concession française. Interrogé vigoureusement par la police, il est finalement relâché quand il est établi qu’il ne connait rien aux affaires de sa maîtresse, la sublime Teresa, une Russe blanche trafiquante d’armes. Chargé de l’enquête, le capitaine Marly, un corse expatrié, le prend sous son aile et en fait un informateur. Par hasard, Xue retrouve la veuve de l’homme assassiné, Leng Xiaoman. Par son intermédiaire, il fait la connaissance de la Société des Forces unies, groupuscule d’obédience communiste, dirigé par Gu Fuguang. Et voilà, le jeune homme entraîné dans un jeu du chat et de la souris, louvoyant entre la police française qui exige des renseignements fiables, les communistes qui préparent une action de grande ampleur et Teresa et Xiaoman qu’il souhaite protéger malgré leur implication dans les évènements présents et futurs.
Un roman aussi dense que la population de Shanghai en cette année 1931. La ville est un brûlot où se croisent Français, Anglais, Russes blancs, Japonais et Chinois. L’ambiance est délétère. Le Kuomintang de Tchang Kaï-chek affronte les communistes de Mao qui veulent chasser les impérialistes et les colonialistes qui s’accrochent avec hargne à leurs territoires. La vie est belle pour les expatriés qui s’encanaillent dans les salles de jeux, les maisons closes ou sur les champs de courses, tout en s’adonnant à la spéculation immobilière, inconscients du vent de l’Histoire. Dans la Concession française, la police veille au grain, composant avec les sociétés secrètes, les voisins anglais qui, eux, s’arrangent des velléités colonialistes des Japonais. L’on fait peu cas des communistes que l’on tient pour quantité négligeable.
Toute la force de ce roman est son analyse précise des forces en présence à ce moment charnière de l’Histoire de la Chine. A cette facette historique, l’auteur mêle de l’espionnage mais aussi de l’amour, mettant en scène des femmes fatales qui font tourner la tête d’un héros dont le cœur balance entre une mystérieuse et dangereuse trafiquante d’armes et une émouvante et fervente militante communiste.
S’il est intéressant de se plonger dans la tourbillonnante Shanghai, dans ses ruelles labyrinthiques, ses échoppes, ses longtang, le roman est trop foisonnant pour être attachant. L’abondance de personnages, les situations inextricables et l’intrigue alambiquée gâchent le plaisir de lecture pour un livre cependant intéressant d’un point de vue historique. Long et difficile.
Shanghai, 1931. Suite à un attentat commis dans la Concession, Xue se retrouve plus ou moins malgré lui à travailler pour la police française, tout en essayant de maintenir sa liaison avec Teresa, une mystérieuse Russe blanche aux activités louches.
Voilà un livre qui m’aura demandé beaucoup de temps et de concentration: il m’a fallu près d’un mois pour en venir à bout!
Il faut dire que la construction du récit a de quoi déstabiliser. Il y a profusion de personnages, dont seule une poignée a un véritable intérêt pour le récit. Certains chapitres sont consacrés à des protagonistes qui semblent importants sur le coup, puisque l’auteur prend le temps de les développer assez longuement, mais qui au final ne sont reliés que par un fil quasi-inexistant aux personnages principaux ou aux évènements. Il y a aussi ceux dont le nom se prononce/s’écrit de façon presque identique (Chen et Zheng, par exemple) et qui interviennent en même temps, dans des fonctions similaires. Il y a un passage que j’ai dû relire trois fois avant de me rendre compte qu’il y avait deux personnages…
D’autre part, il y a un abus de flash forward: on a assez souvent des phrases du genre « plus tard, Bidule se rendrait compte que… » ou « rétrospectivement, Machin s’apercevrait que… », etc. L’inconvénient du procédé, outre le fait que ça finit par devenir répétitif, c’est que ça tue un peu le suspense… Pourquoi spoiler le lecteur? Si on sait que les protagonistes vont s’en sortir, la tension retombe, c’est dommage!
L’intrigue mêle à la fois espionnage et enquête policière. ça part un peu dans tous les sens et, honnêtement, je ne suis pas sûre d’avoir bien compris si les déductions à la fin étaient justes ou pas ^^ A la limite, je m’en fichais un peu, parce que je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages.
On notera également l’abus de scènes de sexe. Si au début ça permet de comprendre les relations entre certains personnages, au bout d’un moment ça semble un peu obsessionnel de la part de l’auteur et ça ne sert plus à grand chose.
Pourquoi avoir lu ce livre en entier, si j’ai autant de choses à lui reprocher?
Essentiellement pour l’aspect historique et l’ambiance qui se dégage du récit. On a vraiment l’impression d’être à Shanghai, dans les Concessions, au début des années 1930. On ressent la chaleur et l’humidité du climat, les odeurs des longtangs, l’avidité des Occidentaux et leur mépris pour les Chinois, la pression de l’armée japonaise; on circule dans la ville à bord des voitures d’époque, on entend le crépitements des armes; on perçoit la fébrilité des personnages face à la situation et la peur du héros, pris dans ses mensonges, qui essaie de louvoyer entre les camps pour sauver sa peau.
Rien que pour la découverte de Shanghai à cette époque et dans ces circonstances, ce roman valait la peine d’être lu. J’ajouterai qu’il y a aussi pas mal d’action, c’est parfois assez haletant.
Sachant à quoi m’attendre, je ne sais pas si j’aurais eu envie de lire ce livre, mais une fois commencé, je voulais voir comment les choses allaient se développer et se conclure. Mais ç’a été vraiment frustrant pour moi de ne pas pouvoir avancer plus vite. Quand je passe autant de temps sur un bouquin, ça veut dire qu’il ne me plaît pas assez pour être dévoré. J’ai fait beaucoup de pauses au cours de ma lecture. Donc je vous le recommande seulement si l’aspect historique/ambiance vous intéresse et que passer beaucoup de temps pour cette lecture n’est pas un problème pour vous.
Dans l’ensemble, une lecture intéressante, à l’ambiance prenante, mais que j’ai eu du mal à terminer, beaucoup de choses ne m’ayant pas convenu.
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