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La chanson de Roland dans les littératures française et espagnole au Moyen Âge

Couverture du livre « La chanson de Roland dans les littératures française et espagnole au Moyen Âge » de Jules Horrent aux éditions Epagine
Résumé:

Il est des fictions universelles, qui ont été accueillies par tous les peuples d´Europe ; il est des fictions accessibles seulement à quelques peuples. La dramatique aventure des amours de Tristan et d´Iseut est de celles-là, la Chanson de Roland, de celles-ci. Tandis que la légende de l´amour... Voir plus

Il est des fictions universelles, qui ont été accueillies par tous les peuples d´Europe ; il est des fictions accessibles seulement à quelques peuples. La dramatique aventure des amours de Tristan et d´Iseut est de celles-là, la Chanson de Roland, de celles-ci. Tandis que la légende de l´amour plus fort que la mort éveille partout des résonances endormies, le récit de la mort héroïque du neveu de Charlemagne ne dépasse qu´accidentellement les marches de la chrétienté occidentale. C´est que l´idéal de ce récit est celui de cette vaste communauté, unie par et pour la lutte contre l´ennemi religieux et politique, contre le Sarrasin qui fait peser sa menace en Espagne et en Moyen-Orient. La Chanson de Roland est la geste de l´Occident militant. Aussi la voyons-nous se répandre dans toutes les littératures occidentales. La France, qui l´a imaginée, vibre à ses accents martiaux pendant toute l´ère médiévale ; l´Allemagne et la Flandre, unies dans la défense conquérante de la chrétienté, s´exaltent aussi en entendant chanter les exploits de Roland et de ses preux. Loin dans le nord, la Scandinavie en recueille les échos ; et, dans leur île, les trois peuples britanniques, anglo-normand, gallois et anglais, rivalisent d´enthousiasme pour la geste chrétienne. L´Italie n´est pas non plus restée insensible à tant d´héroïsme chevaleresque. Très tôt elle s´émeut aux fiers accents de l´épopée et ses grands classiques, Pulci, Boiardo et l´Arioste, les répéteront avec un sourire aux lèvres. Il n´est pas jusqu´à l´Espagne, terre des ennemis musulmans, qui ne prenne place dans le concert rolandien. De ces nations, deux étaient personnellement impliquées dans l´aventure littéraire de Roncevaux : « douce France » et « claire Espagne la Belle », la France, symbole de la chrétienté victorieuse, l´Espagne, symbole de la païennie aux abois ; la France, créatrice de la fiction qui chante son triomphe, l´Espagne chrétienne assimilée par elle à l´Andalus vaincu. Ces deux peuples, déjà conscients de leur individualité, fiers de leur participation à la reconquête chrétienne, comment vont-ils réagir devant l´affabulation dont ils sont les personnages principaux ? Mettre en pleine lumière et confronter ces attitudes diverses est la première tâche de celui qui veut décrire les transformations de la Chanson au Moyen Âge.

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