"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Dans la truande, il y a des règles ! Bon, pas des masses non plus. Quand on fait carrière dans cette branche, c'est rarement pour se coltiner des contraintes. Mais il y a une règle qui passe avant toutes les autres, sans laquelle même un coup réussi peut vous faire regretter de l'avoir tenté : il faut toujours payer ses hommes. Toujours ! Tonton parvient à monter un plan aux petits oignons. Il réussit à faucher le plus gros diamant du monde et à le rapatrier chez lui sans laisser ni témoins ni indices. Mais est-ce l'âge, la fatigue, ou un excès d'enthousiasme, voilà qu'il fait une erreur de débutant : il renvoie ses gars chez eux sans un sou en poche. Alors, c'est pas qu'ils soient méchants, les mecs, mais dès qu'on parle pognon, ils deviendraient presque pointilleux et auraient bien envie de rappeler au taulier que s'il néglige l'effet salaire, l'ambiance peut franchement se rafraîchir et signer le début des emmerdes... "
Revoilà Tonton que j'avais découvert avec Le bazar et la nécessité. Même équipe : Tonton, le patron, c'est sa silhouette qui est sur la couverture ; Gérard son second, un balèse, un exécutant obéissant et doué, mais qui ne devrait pas prendre d'initiatives, son cerveau ne suit pas, une sorte de Bérurier de la cambriole ; Pierre le neveu de Gérard, pas fait pour la cambriole, mais qui suit bêtement son oncle, bêtement c'est ce qu'on peut dire de plus juste sur lui : Bruno, toujours prêt à rendre service et à aider un ami dans le besoin, même si pour cela, il use de grands moyens ; Mamour, l'aveugle accordeur de piano à l'ouïe exceptionnelle et à l'oreille qui traîne partout, même là où elle ne devrait pas "Mamour était un complice précieux. Il compensait sa vue en berne par une ouïe hors du commun, une dextérité étonnante et une jugeote qui faisait défaut à tout le reste du groupe. A lui seul, il parvenait à faire remonter dans le positif la moyenne générale de Q.I. de l'équipe." (p.24) : Donatienne, ex-bourge devenue femme à tout faire de Tonton, mais surtout femme à tout boire, elle est rarement à jeun, mène tant bien que mal son service dans la maison, mais il lui est pardonné car elle est la reine des mélanges alcooliques explosifs qui requinquent et démontent n'importe quel caïd.
Voilà la fine équipe sur laquelle j'insiste un peu car, comme le dit le sous-titre de l'ouvrage, Tonton, ses hommes, l'effet salaire, ils seront pour une grande part dans cette aventure, chacun aura une partie du roman à lui consacrée, son quart d'heure de gloire en quelque sorte, même si la gloire, eh bien, elle file assez vite entre leurs doigts comme le Waïen-Bicôze.
La série des Tonton, c'est un savant mélange entre l'intrigue, l'humour, les réparties qui vous font rire à la surprise parfois des gens qui vous entourent, qui eux, lisent sérieux. Samuel Sutra invente des expressions, écrit argot, décrit des personnages hors normes (Donatienne est particulièrement gratinée), des situations cocasses, folles et drôles qui pourraient être tragiques et sanglantes dans un polar noir, parce qu'on parle quand même de gangsters qui s'arnaquent, de règlements de comptes, ...En plus, cette fois-ci le scénario et la construction du roman rajoutent du plaisir de lecture, je n'en dirai pas plus, pour laisser de la surprise et du suspense.
Ce dernier Tonton est une réussite, comme le précédent, il me tarde de découvrir les 3 premiers qui seront réédités chez Flamant noir. Samuel Sutra écrit aussi sérieux, son très beau Kind of black le prouve. Quels talents !
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