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Au début, il y a la rencontre de deux corps
« Nos corps à l’amble / Au passage les branches nous dénudent »
Puis il y a la forêt, comme un troisième corps
« Souffle des arbres penchés sur nos corps »
Perrine Le Querrec cueille le plaisir des sens dans la sensualité des éléments, car tout se mêle et s’accouple dans une sauvagerie originelle. La chair devient tour à tour végétal ou animal.
« Mes seins des bourgeons/ tes cuisses des cerfs »
C’est un patchwork de sensations et d’émotions éclatées avec des images étonnantes qui nous percutent.
« Sauvage la vigueur
Sauvage l’amour
Sauvage nos corps … »
L’anaphore appuie sur ce désir violent qui, par moment, peut nous sembler effrayant.
L’illustration de la couverture, signée Frédérique Breuil, nous invite à suivre ce couple dans les profondeurs de la forêt. Serions-nous un peu voyeurs ?
La langue est sans butoir, dépouillée de tout effet inutile, c’est une écriture de la terre, du végétal et de l’animal qui se rejoignent dans un érotisme charnel. Il n’y a plus de frontière, « La tanière de tes pieds … ta peau de sève… corps entier paysage » et c’est comme une fête païenne d’un rut élargi à tout ce qui vit dans la forêt.
Au-delà du désir charnel se profile un désir plus cérébral, celui de l’écriture. La passion amoureuse comme catalyseur de la création poétique.
« Avec le désir de ton corps
Revient le désir d’écrire »
Le désir sexuel se confond à celui d’écrire « désir et écrire/ font rage » et tout tangue
Un texte sinueux, fulgurant et inventif qui parle de désir de sexe et de désir d’écrire, un texte que j’ai lu avec une sorte de fascination.
« La bête, son corps de forêt » que j’ai ramené du Marché de la Poésie est une jolie trouvaille de 10 cm sur 15 cm des éditions Les inaperçus.
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Belle description qui donne envie de lire cet ouvrage.
Le thème ressemble à un essai qui raconte l’histoire d’un déserteur en 1915, exécuté par ses propres soldats Français. Le corps sans tombe fut enterré en lisière de forêt. Sa décomposition lente alimenta un chêne centenaire…
Osmose entre la nature et l’âme de l’humain, et qui laissera une empreinte indélébile, qui ne s’arrêtera pas là.
En fin de guerre, le chêne fut abattu. Le bois devint cerceuils, et prothèses pour les amputés des tranchées.
Le bois, la peau… une jambe composée des âmes errantes et du sang du fusillé…
Une prothèse de bois, dont le cœur bat, immortalisant le soldat abattu.
Cet essai n’est jamais paru. Il est quelque part, dans des classeurs encore écrits à la main, dans mes placards, la quelque part .
JB