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« Ma mère se suicidait souvent. » Ainsi commence la confession pleine de verve d'un jeune adulte narrateur, qui ne se remet pas de la séparation d'avec sa mère alors qu'il avait 7 ans, et qui a vécu d'hôpital psychiatrique en famille d'accueil. Ses propos, sorte de code de survie en milieu hostile, d'un humour d'autant plus réussi qu'il semble involontaire, sont habités d'une rage contre ceux qui les ont séparés, contre ces humains qui ne le comprennent pas, tandis qu'il idéalise sa mère, devenue sa véritable obsession. Au bout du compte il pense l'avoir localisée à Sherbrooke. Mais saura-t-il se faire accepter par elle ?
D'où vient que le récit de cet homme sans pitié, accro aux jeux et à la pornographie, assassin d'animaux, manipulateur, violent, homophobe et raciste, arrive à toucher le lecteur ? David Goudreault, d'une écriture inventive, drôle et rythmée, réussit le tour de force de partager l'empathie poétique et toute en finesse qu'il a pour son héros. On rit des observations et pensées bancales du marginal, de ses références littéraires approximatives (il cite à tour de bras Platon, Shakespeare ou Coluche). On est touché aussi par la critique grinçante et juste que ce texte recèle contre un monde dur, hypocrite, qui abandonne à lui-même un enfant avec lequel il n'a jamais su communiquer.
Sous la carapace du jeune voyou, ce magnifique premier roman met à nu avec talent et sensibilité un coeur aimant qui ne sait simplement pas aimer.
David Goudreault est romancier, poète et travailleur social. Je l’ai découvert, par hasard, en piochant un peu au hasard, dans mon abonnement audible, au cours de ce que nous pourrions appeler ma période québécoise…
La Bête à sa mère est son premier roman.
Un récit à la première personne, sans filtres.
Les débuts dans la vie d’adulte d’un jeune homme qui, enfant, a été retiré à sa mère qui accumulait les tentatives de suicide, qui a été ballotté de familles d’accueil en centres sociaux, qui a eu une scolarité chaotique…
Une existence marquée par l’absence de repères et par la montée en puissance des pulsions…
Une longue liste de gens dont il faudra se venger…
Une quête, celle d’une mère idéalisée par l’absence…
David Goudreault a l’immense talent de nous faire aimer un monstre, une bête. Sous sa plume, son héros devient presque attachant. Pourtant, il est violent, manipulateur… Parmi ses centres d’intérêt, le jeu et la masturbation… Accessoirement, il adore tuer des animaux…
Il est surtout profondément seul, en marge d’une société qui n’a rien fait pour l’aider, marginalisé par inertie sociale.
Une écriture truculente, déjantée, factuelle… Une forme de premier degré poétique avec des références approximatives mais très parlantes, une logique implacable, une montée en puissance dans une délinquance absurde.
Un point de vue sous forme d’idée fixe.
Chez Vues et Voix, la version audio de ce roman est lue par Émile Proulx-Cloutier… L’accent québécois a le don de me faire fondre, même si c’est pour mettre en valeur le point de vue d’un psychopathe !
J’ai adoré et me lancerait sans tarder dans les deux autres volume de la série consacrée à La Bête.
Alors… moi la française qui rêve du Québec comme Blanche Neige devait rêver de son Prince Charmant, et je sais que j'irai un jour, c'est toujours pour moi que du bonheur de me plonger dans un roman québécois.
C'est le deuxième roman de David Goudreault que je lis, après Ta mort à moi, et dès les premières pages c'était jubilatoire ! Il y a là une forme d'ironie et d'humour que j'adore.
Il y a des horreurs dans cette histoire. Le narrateur c'est le barjot de service, donc on est dans sa tête et il n'y fait pas bon. Les horreurs perpétrées m'ont vraiment terrifiée car elles touchent à la grande passion de ma vie et mon petit cœur tout mou à saigné.
Heureusement, l'humour est en permanence en embuscade ! C'est totalement iconoclaste et absolument pas politiquement correct, et c'est ce que j'adore ‼ D'ailleurs, entre deux horreurs je me suis tapé des bonnes Barres de rire.
Il (eh ouais, il a pas de nom le mec), donc Il est complètement barré, dans son monde, sûr d'avoir raison et que les autres sont dans l'erreur car son mode de pensée est complètement foireux, et surtout il prend toujours ses désirs pour des réalités. Et bien sûr, tout ce qu'il fait est amplement justifié, il n'entend et ne comprend que ce qu'il veut. Du coup il y a quelque chose de terrifiant dans sa personnalité et en même temps non. C'est très étrange.
Il y a chez lui quelque chose de l'ordre de la culture générale, mais en vrac. Citations déformées ou pas attribuées à la bonne personne...
Et donc ce mec complètement azimuté a une idée fixe dans la vie, retrouver sa mère, qu'il idéalise, à qui il a été retiré tout petit par les services sociaux.
On le suit dans ses tribulations de paumé totalement amoral, dans sa quête du Graal, sa mère, persuadé que quand il la retrouvera elle lui tombera dans les bras.
Quelque part en lui il y a l'enfant pas fini, un môme en charpie, celui que les adultes n'ont pas pris la peine d'amener correctement à l'âge d'homme comme ils auraient dû le faire. Ils l'ont laissé pousser comme une herbe folle et c'est ce qu'il est devenu.
Durant cette lecture j'ai souffert et j'ai ri, j'ai détesté ce personnage et pourtant d'un certain point de vue je l'aime bien quand-même, mais je ne suis pas sûre... Bref, c'est compliqué. Et je vais de ce pas attaquer le tome 2
Voilà un titre qui n’est pas banal, son personnage principal non plus d’ailleurs !
À mi-chemin entre Oliver Twist et Ribouldingue, capable d’une touchante naïveté comme d’une épouvantable cruauté, notre anti-héros va tenter de survivre aux nombreuses tentatives de suicide de sa mère et à diverses familles d’accueil, sans toutefois en sortir indemne ...
Son unique but d’adulte pas tout à fait “fini” est de retrouver sa mère et si possible son amour, tout en grappillant à droite et à gauche la tendresse et le soutien d’autres femmes ...
On aime ou on déteste l’écriture “au vitriol” de David Goudreault, en tout cas une chose est sûre : elle ne nous laisse pas indifférents !
Une originalité de l’auteur : chaque chapitre porte le nom d’une qualité humaine, revue à la sauce de son personnage ...
Pour ma part je n’ai pas détesté les élucubrations de ce pied nickelé - ni tout blanc ni tout noir - souvent “borderline” (sans qu’on sache vraiment s’il s’agit d’une mauvaise foi caractérisée) et qui a un peu de mal à se situer dans cette société québécoise ... Curieuse donc de voir une suite ...
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