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La mer n'est jamais loin en Angleterre. Encore moins en Ecosse ou au Pays de Galles. Partout la mer est respiration, la mer amène le sel jusqu'aux poumons et aux reins des Anglais, dont l'existence comporte toujours à un stade ou l'autre un embarquement, un éloignement de l'île maternelle, suivis d'une période d'exil plus ou moins longue, et d'un hypothétique retour. Parmi les poèmes, romans ou récits dramatiques qui se sont constitués autour du voyage maritime, en Angleterre, le poème de Samuel Taylor Coleridge, The Rime of the Ancyent Marinere, est un miracle de perfection. Certes son auteur ne fut pas un véritable marin mais jamais poète n'avait su adapter à ce degré le balancement de la ballade au rythme de la mer. La rencontre de l'instrument prosodique et du sujet fut si heureuse que leur mariage donne encore aujourd'hui le sentiment du véhicule poétique optimal, embarcation gréée à tous les vents jusque dans son démâtement et le dépouillement des voiles. Nous avons choisi de privilégier ici la première version de La Ballade du Vieux Marin, la livrant dans le rythme majoritairement octosyllabique de la ballade dont, depuis Chrétien de Troyes et Villon, l'usage s'était en poésie française inexplicablement affaibli. Or rien, ni la haute mer, ne nous interdit d'avironner dans le huit !Jacques Darras
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