"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Orpheline de père, délaissée par sa mère, Nicole est une petite fille vive et solitaire. En devenant femme, elle découvre son pouvoir sur les hommes. Sa beauté et son tempérament font tourner les têtes. Mais son mari, Georges, se révèle vite irascible, alcoolique, violent. Nicole doit fuir. Jacques, un riche entrepreneur, lui tend les bras. Il veut l'aider et la protéger - elle commet l'erreur de le croire.
Un jour, à bout, elle plaque tout. Direction le Sud, Saint-Tropez. C'est la métamorphose. Nicole se rêve en Brigitte Bardot, elle collectionne les amants, les chiens, les Ferrari rouges et décide de se faire appeler Juliette. C'est une nouvelle vie qui commence... Jusqu'à ce jour d'été où elle disparaît mystérieusement.
Pour Lucas, le petit-fils, débute alors l'enquête, et avec elle le désir de percer les secrets d'une famille où les hommes n'ont jamais eu leur place. Le temps est venu de rompre la malédiction.
Portrait d'une femme hors norme, mêlant en permanence l'ombre et la lumière, Juliette de Saint-Tropez est aussi un hymne à ces mensonges choisis que l'on nomme fiction.
Elle, c’est Nicole, ou Juliette, tout dépend quand vous ferez sa connaissance. Lui, c’est Lucas, son petit-fils… et cette histoire, c’est la leur, la sienne. C’est en tout cas celle que nous raconte Valentin Spitz dans son roman « Juliette de Saint-Tropez ».
Née dans les années 20, la jeune Nicole perd son père pendant la guerre, d’une banale crise cardiaque qui laissera sa mère comme exsangue du seul amour qui coule dans ses veines. Désespérée, terrée dans l’obscurité de son amour perdu, Isabelle oublie sa fille Nicole, ne vivant que dans l’attente de la mort qui lui permettra de rejoindre Henri. Ce père mort trop jeune deviendra pour Nicole le seul parfait, aimant, brillant, éclipsant par sa mort l’image de tous les hommes qu’elle va rencontrer, les autres, les tellement fades.
Partie jeune du foyer maternel, elle épouse le beau George. Mais les absences, la violence, les infidélités de George sont trop difficiles à supporter. Et l’espoir et les mauvaises combines, cela ne nourrit pas ses trois enfants. Alors même si cela ne se fait pas, et malgré l’avis de George, d’abord en cachette, puis ouvertement, Nicole trouve du travail, puis divorce de cet homme violent. Quelques années plus tard, elle épouse Jacques, son patron. Il sera le père de ses deux derniers enfants.
C’est donc Lucas, le petit-fils devenu écrivain, qui décide un jour de faire parler sa grand-mère pour écrire sa vie. Car dans cette famille si atypique, seule la belle et solaire Juliette compte, les hommes ont quasiment disparu, ni George ni Jacques ne semblent avoir d’existence, pas même le père de Lucas, comme si les filles perpétuaient elles aussi on ne sait quelle tradition matriarcale.
Juliette de Saint-Tropez , c’est avant tout l’histoire d’une femme qui a su faire fi des convenances, des conventions, qui a su, malgré l’époque où elle a vécu, devenir cette femme libre, incomprise et tellement révolutionnaire dans ses élans de vie et de cœur qui l’ont façonnée, à une époque où les femmes mariées restaient mariées et au foyer, malgré les coups et les tromperies du mari. Car les maris pouvaient bien être volages, mais une femme divorcée était forcément une catin, coureuse d’hommes, mauvaise mère.
Juliette que l’on retrouve dans les années 60, cinq enfants et deux maris plus tard, flamboyante sur le port de Saint-Tropez ou dirigeant son entreprise de main de maître. Cette histoire est passionnante, intrigante, étonnante, car elle est le reflet d’une éducation, d’une époque, d’une soif de liberté à laquelle aspiraient de nombreuses femmes, mais pour lesquelles bien peu ont su, ou pu tout donner pour y parvenir.
chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/05/15/juliette-de-saint-tropez-valentin-spitz/
Une femme. Nicole.
Son petit fils, Lucas décide d’écrire un livre pour la raconter.
Il va ainsi se lancer dans l’écriture d’un roman sur celle qui deviendra Juliette de Saint-Tropez.
Je me suis régalé avec ce livre. Valentin Spitz intrigue et offre un portrait de femme magnifique. En décidant de nommer son héros, Lucas, il nous fait douter de manière fort judicieuse. Lucas est-il Valentin?
Ce qui fait la force de ce livre, c’est sa construction. L’auteur alterne le récit chronologique de l’existence haute en couleurs de sa grand-mère (fictive ou réelle) et nous livre en parallèle , dans de courts chapitres captivants, la genèse de l’ouvrage.
Car si on peut penser que cette lecture sera une simple biographie, il s’agit aussi d’une fine analyse des conséquences de l’écriture lorqu’on raconte le réel. Les réactions de l’entourage. De cette drôle de famille. Les secrets dévoilés et qui vont bouleverser les liens qui unissent chaque membre.
Un livre d’amour pour cette extraordinaire grand-mère. Un cri d’amour pour toutes les femmes.
Ici, les hommes ne sont pas héroïques. Ils passent sans laisser de véritable trace, sans avoir trouvé leur place.
Je vous conseille vivement cette lecture un peu moins légère que ce que l’on peut croire au premier abord. Cela m’a parfois fait penser à Delphine de Vigan dans ce récit du bouleversement que peut amener un livre au sein d’une famille.
Bref, vous pouvez y aller les yeux fermés. Pour preuve, je me suis procuré le premier livre de Valentin Spitz afin de retrouver sa belle écriture!
Femmes qui acceptaient, femmes qui ne disaient non, femmes soumises, contraintes…femmes et éternelles mineures, femmes devant cacher leur corps, leur féminité ; les premières ayant osé dévoiler leurs chevilles étaient traitées de prostituées. Pourtant, elles osaient et ont ouvert la voie pour que d’autres s’émancipent complètement, en relevant la tête, en affirmant leur appartenance aux deux chromosomes identiques et en actionnant la manette de la liberté. Juliette de Saint-Tropez en fait partie et est un exemple.
Elle en a du panache Juliette, cette petite fille qui va grandir en refusant progressivement que la femme soit considérée comme la « côte » d’un homme… L’écrivain Valentin Spitz signe un roman sous forme de saga familiale, saga centrée sur un personnage, quel personnage celui de Nicole (qui deviendra Juliette), un hommage à sa propre grand-mère qui a été l’une des colonnes de cette tribu essentiellement féminine. Seuls Julien et Lucas (le petit-fils narrateur) apportent une note Y dans ce récit qui n’a pourtant rien d’une histoire X.
Si le fond est une ode au féminisme, la forme est un dédale de phrases, de paragraphes, de chapitres amenant le lecteur de surprises en surprises et d’interrogations en interrogations. Où commence la fiction ? Où s’arrête la réalité ? Le mensonge est-il une forme de vérité ou toute vérité finit-elle par se terminer inéluctablement en menterie ?
Juliette fait tourner les têtes mais la sienne parfois est au bord du précipice, dès l’enfance avec la disparition brutale de son papa adoré qu’elle essaiera d’entrevoir parfois comme s’il existait encore. Sa mère absente, sa sœur inexistante, elle rencontrera des hommes, aura confiance, puis, en découvrant leur face cachée, elle partira, avec ses enfants. Fière d’être une femme, fière d’avoir pu gravir les échelons de la société en piétinant les rumeurs du fameux « elle couche pour arriver », fière d’assumer ses amants.
Elle a un peu de Brigitte Bardot cette Juliette : un langage direct, amoureuse des animaux, divorcée plusieurs fois, assurant une sexualité décomplexée comme les hommes le font depuis la nuit des temps. Quand Lucas décrit sa grand-mère « Elle fait quelques pas dans la rue ; minijupe en cuir, cuissardes noires, blondeur irradiante. Quelque chose a changé, Nicole n’est plus une belle femme, elle est LA femme. Chacun de ses pas est comme une poudre qui se diffuse (…) Nicole n’est plus, elle est Juliette désormais » les images de BB défilent. Juliette créa la femme…
Un portrait de femme par le regard d’un homme : c’est corrosif et voluptueux. Engagé. On aurait presque quelque mansuétude pour ces hommes malgré leur faiblesse, leurs secrets, leurs errances, leurs comportements machistes, peut-être justement parce que le narrateur sait raconter sans condamner, juste montrer la vaillance d’une femme pour écraser les sempiternels préjugés et vivre sur les mêmes marches d’égalité. Egalité qui prend un terrible coup d’épée à la fin du récit : « Elle n’a plus envie. Il l’a tuée d’une phrase, une vérité implacable biologique assénée par ce quadragénaire qu’elle aime à en crever ; une phrase terrible, une ravageuse illustration de l’inégalité qui perdure entre les hommes et les femmes, la seule peut-être dont Juliette ne viendra jamais à bout : "Tu ne pourras jamais me donner d’autre enfant, à ton âge" ».
Juliette de Saint-Tropez, c’est un roman masculin, féminin, du Godard scriptural qui ne sera jamais à bout de souffle. Comme pour l'émancipation des femmes…
http://squirelito.blogspot.com/2018/06/une-noisette-un-livre-juliette-de-saint.html
Dans la vraie vie, on les appelle des femmes d’exception, dans la littérature elles deviennent des héroïnes et se logent pour longtemps dans un coin de notre mémoire.
Dans mon panthéon littéraire auprès d’Emma Bovary, de Cécile chère à Françoise Sagan ou de Rebecca, je viens d’ajouter Juliette.
Mais patience, car de Juliette il n’est pas question dans la première partie du magnifique roman de Valentin Spitz.
C’est une enfant que nous découvrons tout d’abord, Nicole qui grandit comme elle peut après la mort d’un père qu’elle adorait, oubliée par une mère, perdue dans son chagrin.
Partie très tôt du foyer familial, Nicole épouse Georges, beau parleur, follement séduisant.
Quelques années plus tard alors que l’infidélité et la violence ont remplacé les mots d’amour, Nicole trouve un travail, ce qui n’est pas très bien vu dans les années d’après-guerre où la place d’une femme est à la maison.
Passant outre les médisances, elle fonce, elle ose franchir le pas et forte de son rôle de femme qui s’assume financièrement elle demande le divorce et emmène ses trois enfants.
Comme pour fuir définitivement ces parts sombres de son existence, Nicole décide de devenir Juliette et du même coup adopte la nouvelle teinte de cheveux, qu’elle admire sur quelques stars de l’époque comme Brigitte Bardot dont les photos tapissent ses murs.
L’histoire de cette femme libre, audacieuse, courageuse nous est contée par Lucas, son petit-fils écrivain qui voit en sa grand-mère l’étoffe d’une héroïne.
« Juliette de Saint-Tropez » est un livre magnifique mettant en lumière une femme qui n’a peur de rien ni de personne faisant de sa vie un tourbillon de liberté et d’émancipation.
L’auteur prend le parti des chapitres alternés pour nous parler de Nicole/Juliette et nous donner le point de vue de Lucas.
Ce mode de narration donne d’autant plus de force au récit qu’il en brise la linéarité.
Juliette mérite amplement que l’on consacre quelques heures à la découvrir, en échange, elle vous procurera un immense plaisir littéraire.
Pour ma part, c’est un coup de cœur.
Je remercie NetGalley et les Editions Stock pour cette magnifique lecture.
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