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Pendant soixante-huit ans, Korneï Tchoukovski tint un journal intime, à travers les années d'ascension sociale, de découvertes, de révolutions, de famine, de terreur. Ce document, dont nous devons la publication en russe à la petite-fille de l'écrivain, Eléna Tchoukovskaïa, est une extraordinaire conversation avec soi; c'est aussi le fruit de longues insomnies, de peurs, de complexes d'infertilité, de difficulté à résister à la bêtise, à la dictature. Le témoin Tchoukovski voit, comme il le dit, évoluer devant sa fenêtre une multitude de barques et de gens, et observe que la vie se passe de ses services. Mais ce qui a engendré le thème de l'autoaccusation chez tant d'autres intellectuels russes fascinés et mutilés par la Révolution se mue dans son Journal en une attention redoublée aux êtres et en silences (cris de douleurs à la mort de Blok, mais mutisme sur l'exécution de l'autre poète, Goumiliov, pourtant si bien campé par ailleurs...). Pages arrachées, mots biffés, arrestations, bruits fous, famine ponctuent les portraits enlevés de Gorki, d'Alexeï Tolstoï, des Nabokov et de centaines d'écrivains, éditeurs, traducteurs, peintres, tous grelottants dans un Pétersbourg famélique, où, pourtant, l'on continue de lire des vers et de rebâtir la culture mondiale... Ce Journal, dont le deuxième volume sera consacré aux années 1930-1969, est celui de toute l'intelligentsia russe au siècle de son étouffement.Korneï Tchoukovski (1882-1969) est un acteur hors pair de la scène littéraire et culturelle russe du XXe siècle: critique littéraire sensible, historien de la littérature, compagnon de plusieurs générations de poètes et de peintres (comme Répine), connaisseur raffiné de la littérature anglaise qu'il traduit et introduit en Russie, poète pour enfants dont les vers ont accompagné la vie de millions de Russes (le Crocodile, en particulier), il fut un maître du mot _ du mot à sa source, du mot enfantin, dont il se plaît sans fin à relever les trouvailles dignes du futurisme le plus insolite.
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