Alice a quatorze ans quand elle est hospitalisée : un premier roman foudroyant
« Ces dessins sont beaux. La pauvreté des moyens employés accroît leur force, peut-être. «Je n'ai plus, m'écrit Marion, que cette encre et ce papier à lettres. Je ne puis m'acheter le moindre matériel.» Mais il a utilisé une plaque de verre pour appliquer son encre sur le papier, et obtenu des rythmes étonnants. Durant de longues heures j'ai regardé cette première série, qu'il a intitulée, un peu cavalièrement il me semble, la Mer à voir. Les dessins sont liés, forment une suite organisée de façon précise, qu'il importe de pouvoir contempler d'un seul coup d'oeil. Marion, je pense, eût été satisfait de me voir à quatre pattes dans ma chambre, les dessins alignés sur le plancher, promenant au-dessus d'eux ma lampe, à la manière des explorateurs qui déchiffrent sur les murs d'une grotte des signes mystérieux. » (Armen, 1967) C'est par ces lignes que nous connaissons l'anecdote : un jeune artiste de l'île de Sein confie une trentaine de monotypes à son ami gardien du légendaire phare d'Armen où il les monte, leur consacrant pendant les mois d'un hiver un acharné travail d'écriture, poussant des mots « jusqu'au bord du gouffre ». L'auteur avait gardé des copies de ses poèmes, et l'artiste en avait fait un livre unique, demeuré inédit. C'est ce superbe document que nous publions, cinquante ans plus tard.
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