"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Soixante ans après Lolita, roman phare de Vladimir Nabokov écoulé à 50 millions d'exemplaires dans le monde, Christophe Tison donne la parole au personnage principal de cette oeuvre subversive : Lolita. Ému et fasciné par cette jeune fille dont il partage l'expérience - victime d'une relation abusive qu'il a racontée dans Il m'aimait, succès de librairie paru en 2004 chez Grasset - il a rédigé le journal de Lolita pour offrir une voix à l'adolescente. D'un monument, Christophe Tison a tiré un chef d'oeuvre. Dans une langue ciselée, il nous plonge dans les pensées lucides et futiles de Dolorès, nous fait ressentir l'ambivalence de sa situation.
Ce roman bénéficie du soutien de la Fondation Nabokov et de Maurice Couturier, universitaire spécialiste de Nabokov, traducteur officielle de Lolita.
" L" plus connue sous le nom de Lolita mais en réalité tu es Dolores Haze.
Scandaleuse, tu avais défrayée la chronique dans l'oeuvre de Vladimir Nabocov avec les récits de " Humbert humbert" l'homme qui avait abusé de toi.
Près de cinquante ans plus tard, Christophe Tison nous livre ton témoignage à travers ton journal intime afin de comprendre ton parcours, tes pensées et tes souffrances.
On lit à travers ton journal ce que tu as subi, éprouvé. Tes joies, tes peines, ton calvaire et ta délivrance.
C'est un récit dur et parfois cru. le roman soulève la question de ambivalence de la victime d'abus, entre manipulation, consentement, protection, peur et survie.
Une émotion particulière lorsqu'on l'on découvre que l'auteur a lui même subi des agressions sexuelles durant son enfance. Un témoignage qu'il livre dans " Il m'aimait".
Un roman bouleversant et passionnant. Dolorès, Lolita, une enfant privée à jamais de son enfance par des hommes sans scrupules, pari réussi de l'auteur qui a prix un risque certain en donnant voix à celle qui restera pour beaucoup une nymphomane manipulatrice, mais derrière le masque, on se prend d'affection pour cette enfant fragile et résignée. Un roman fort et bien écrit.
Il fallait oser. L’exercice était hautement périlleux : faire parler Lolita, l’insaisissable nymphette, l’incandescente aguicheuse, petit démon de midi & de minuit qui a pourtant des circonstances atténuantes. Tison, par le biais de la fiction, veut percer le mystère. J’ai d’abord eu un mouvement de recul. J’adule Nabokov. La profondeur du roman « Lolita » tient à l’insoutenable désinvolture de son personnage féminin. Tison commet un sacrilège, en quelque sorte. Il y a des coulisses qu’il ne faut pas dévoiler, des tours qu’on ne doit pas connaître, sous peine de voir la magie disparaître, le charme s’en aller. Un peu comme lorsqu’on découvre les secrets de fabrication d’un film dans les bonus du DVD. Une démystification. Autre difficulté, l’omniprésence de Vladimir Nabokov dont le génie plane sur ce journal. Je vous déconseille de lire « Lolita » avant d’attaquer le livre de Tison, il doit rester un souvenir lointain sous peine d’en éprouver chaque ligne, chaque référence. Car l’auteur mérite mieux, il s’en sort très bien. Sans vraiment l’expliquer (le mystère reste entier), il décrit les transformations vertigineuses de Dolorès Haze. Tout bascule page 106, l’ingénue devient manipulatrice, l’enfant abusée s’est muée en adolescente ingénue puis en femme fatale. Ni pute ni pudique, elle en sait trop, sur les hommes, et leur désir. Ce savoir la rend puissante, mais aussi, terriblement fragile. Elle est rejetée comme un monstre, une créature dotée de pouvoirs extraordinaires. Les errances de Lolita illustrent les souffrances des filles qui ont connu trop tôt les choses du sexe : l’impossibilité d’y associer l’amour quand il leur apparaît.
Bilan :
L’histoire phare de Nabokov revisitée du point de vue de la victime : un récit de voyage au bout de l’enfer pour Lolita, porté par une belle plume, mais trop mature pour le projet de journal intime annoncé. Un point de vue difficile, mais nécessaire.
En savoir plus sur : https://livraisonslitteraires.wordpress.com/2019/09/05/journal-de-l/
« Lo-lii-ta. le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l’école. Elle était Dolorès sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita. »
Souvenez-vous de ce classique de la littérature… Lolita. Héroïne inoubliable de Vladimir Nabokov.
Là où le classique décrivait les événements à travers le regard de l’homme, ce JOURNAL DE L., offre une voix à Lolita, à travers son journal. Et quelle voix…
Donner à entendre Dolores Haze, le pari était risqué. Partir entrevoir celle qui se cache dans le miroir de Lolita.
Cette lecture m’a offert un regard sur une héroïne sulfureuse que je n’oublierai pas. Car découvrir Dolores, derrière Lolita, fut à la fois bouleversant et terrible.
De 1947 à 1952, Dolores raconte cet homme qui le soir venu la rejoint dans son lit. Elle raconte ses envies d’ailleurs, ces amours contrariées et cet homme qu’elle manipule, si faible, si méprisable. Avec une rage, une force insoupçonnée, Dolores s’accroche à la vie et à celle qu’elle cache au fond de son coeur.
Au fur et à mesure des pages du journal, Dolores grandit et ses mots avec elle. Portrait d’une femme avant l’heure qui doit apprendre à se jouer de ses charmes. Portrait terriblement dur de l’innocence envolée et que Dolores voudrait tant retrouver. Portrait d’une combattante qui saura se jouer d’un monde où les hommes, pour la plupart, n’inspirent que mépris et dégoût.
Je vous conseille ce livre. Au-delà de la polémique qu’il pourra engendrer. Les mots sont crus. Parfois dégueulasses. Mais je vous conseille d’écouter, vraiment, ce que Lolita a voulu nous dire. le propos est sans fard mais juste passionnant. Christophe Tison donne littéralement vie à cette enfant que l’on voudrait prendre dans ses bras, pour lui offrir un moment de répit. Car elle ne cessera jamais de se battre. A chaque seconde de sa difficile existence.
Un livre choc. Il raisonnera en moi quelques temps encore, je le sais déjà.
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