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Aris, mercredi 14. XI. [1934]. La boue légère de Paris, cet après-midi et ce soir dans mes deux longues promenades à pied, m'était agréable à fouler, après cinq mois passés ailleurs. Peu m'importait d'arriver dans le cabinet de Marcel Thiébaut en «poète crotté» fraîchement débarqué de la campagne, encore en complet-veston de home-spun clair sous un pardessus brun plutôt du matin que de l'après-midi. Il y avait ce «vent mouillé du Sud-Ouest» qu'un vers de Claudel a indissolublement identifié, pour moi, à certaines journées, comme celle-ci, de Paris. Quelques femmes, - non professionnelles, - dont j'ai rencontré le regard, ont eu, non pas the glad eye, mais l'air gentiment, cordialement, amusé -, bien entendu «âge en rapport» ; les moins de 40 ans ne me voient plus. Dans un petit journal, chez le coiffeur de bas étage, une annonce disait : «De tous les signes de la vieillesse, le plus pénible, le plus douloureux.» Quelle erreur ! Le regard pur d'adultère sur les belles filles de 20 à 30 ans, le regard non belligérant, est un idéal, un bonheur idéal, enfin atteint, réalisé. » Valery Larbaud a tenu un Journal pendant presque toute sa vie valide ; il en a détruit certaines parties, publié ou conservé d'autres, qu'il a données à relier : ce Journal 1934-1935 que nous publions intégralement aujourd'hui, illustré de documents et de fac-similés, forme son carnet de bord de sa cinquante-quatrième année : il y inscrit les étapes de ses textes en cours, l'organisation des idées et de ses recherches, ses courses dans « Paris-ma-grande-ville », les manuscrits qu'il reçoit, ses lectures et ses jugements littéraires, son voyage en Belgique et Zélande, ses va-et-vient entre « l'air provincial » et « l'air parisien », des choses vues, des paysages et des impressions. « Tout ce bavardage au vol du stylographe » derrière lequel s'organise et se condense sa pensée.
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