"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
John Carpenter démarre sa carrière à Hollywood dans les années soixante-dix. Artisan touche à tout, il écrit ses histoires, compose ses musiques au synthétiseur et construit ses images avec des cadrages impeccables dignes de Howard Hawks, sa référence absolue. Atteignant rarement les sommets du box-office, il est confronté à un public sévère et à une critique qui ne comprend pas toujours son langage. Quarante ans plus tard, après avoir signé dix-huit longs métrages, dont certains ont finalement accédé au statut de film culte comme The Fog, The Thing, Christine, They Live... John Carpenter, épuisé par un rythme de travail effréné, semble avoir définitivement raccroché sa caméra pour se consacrer à la musique, jouant ses compositions devant des assemblées conquises. Satisfait de cette image de marque, gagnée tardivement, John Carpenter savoure enfin son plaisir. Mais il ne cache pas, aujourd'hui encore, son amertume en évoquant une carrière faite de tant de combats si difficiles et de si peu de reconnaissance, à une époque où il se battait pour parvenir à vivre de son art sans avoir à subir la pression des studios. Le «maître de l'horreur», ainsi s'est-il baptisé, personnage atypique, s'impose comme l'anti-Spielberg absolu, nageant toujours à contre-courant des modes et des attentes des spectateurs. Loin du star-système et des journalistes, l'homme s'est réfugié dans sa tour d'ivoire à Los Angeles. Certaines blessures ne se referment pas, surtout quand on est un ange maudit à Hollywood.
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