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Jean Hélion (1904-1987) a traversé le vingtième siècle en ligne brisée.
Sa vie ferait à elle seule un livre : enfant, il aperçoit la Première Guerre Mondiale du haut d'un grenier à Amiens, quand les bombardements éclairent la nuit ; jeune homme, il fait l'expérience de la misère à Paris et, séduit par le communisme, fait le voyage d'URSS, d'où il revient troublé ; peu après, un nouveau voyage le conduit aux Etats-Unis, avec sa deuxième épouse, une Virginienne, et il y découvre la force et la violence du capitalisme ; en 1939, alors qu'il pourrait y échapper, il se jette dans la guerre et, prisonnier en juin 40, connaît la captivité en Silésie ; il s'évade, traverse l'Allemagne et la Belgique en train, séjourne quelque temps dans Paris occupé, passe la ligne de démarcation à pied et, après quelques retards, rejoint les Etats-Unis pour y publier un best-seller racontant sa guerre, le Stalag et l'évasion et inciter les Américains à s'engager contre le nazisme ; peu après, lui dont la situation financière jusque là toujours été difficile, épouse Pegeen Guggenheim, fille de la richissime et extravagante Peggy. On pourrait croire ses aventures terminées : elles le sont si peu qu'Hélion est encore militant pacifiste en pleine guerre froide, participe à mai 68 et, jusqu'à ses dernières années, se montre dans son Journal un commentateur critique de l'actualité internationale.
D'un tel homme, on ne saurait s'attendre à ce que son oeuvre soit moins accidentée que sa vie. Tel est le cas. Commencée au « marché aux croûtes » de Montmartre, son initiation à l'art moderne prend un tour nouveau quand, à la fin des années 20, Hélion devient l'un des animateurs les plus actifs du mouvement abstrait. Ses amis se nomment alors Torrés-Garcia, Léger, Mondrian et Van Doesburg - et encore Arp, Miro et Calder. Membre d'Art concret puis d'Abstraction-Création, peintre, mais aussi théoricien, fondateur de revues et propagandiste de son esthétique, Hélion joue un rôle décisif dans le Paris du début des années 30 et dans le New York de la seconde moitié de la décennie. Il est en effet, avant Mondrian, celui qui introduit l'abstraction aux Etats-Unis : son rôle est important dans l'histoire de la peinture américaine dans cette période pour elle cruciale.
Mais il est aussi, à partir de 1938, le premier à remettre en cause l'abstraction qui a tant contribué à développer et à diffuser. Peu avant la guerre, il se met à peindre des têtes, des cyclistes et des passants. A son retour à New York en 1943, il continue dans cette voie solitaire et risquée, au risque de n'être compris d'à peu près personne. Connu et célébré comme l'un des champions de l'avant-garde, il est soudain traité de renégat par tous ceux qui ne comprennent pas son évolution à rebours. De ce moment aux années 60, à mesure qu'il s'oriente vers un réalisme de plus en plus minutieux, il traverse un vaste désert où ne l'accompagnent ni galeristes, ni critiques, ni collectionneurs - et très peu d'artistes. Ultime métamorphose : ses vingt dernières années de peinture sont celles d'une explosion de couleurs qui métamorphose les thèmes urbains, les allégories politiques et jusqu'aux natures mortes en harmonies chromatiques extravagantes. Le « traître » de l'abstraction réussit alors la synthèse de la géométrie abstraite de ses années 30 et de sa figuration et invente une peinture singulière et acide, simplifiée et complexe à la fois, qui ne cesse depuis lors d'influencer les artistes contemporains.
De cet homme imprévisible et de cet artiste multiple, le livre tente de faire non pas le, mais les portraits et de le suivre au plus près de ses métamorphoses, de ses voyages, de ses doutes et de ses accomplissements. Car, si Hélion est l'un des peintres les plus paradoxaux du XX° siècle, il est aussi l'un des plus inventifs.
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