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" On ne se débarrasse de rien en s'éloignant. " - Régis Franc, London Prisoner (Fayard).
Ma mère est morte le jour où fut achevée la maison de ses rêves. C'est mon père qui l'avait construite de ses mains. Pour elle. Et nous y avons emménagé, le lendemain de son enterrement. Sans elle.
Ce contretemps signa nos vies. Ni mon père, ni ma petite soeur, ni moi-même ne devions nous en remettre. Nous avons alors appris la mélancolie, sentiment si inapproprié au caractère des gens du peuple.
Toute cette histoire, ma vie d'enfant, je l'ai oubliée pendant des années. Jusqu'au jour où j'ai cru voir mon père dans le reflet d'une vitrine à Londres.
Je vais bien raconte les tourments d'un jeune garçon qui se sait incapable de sauver les siens.
L’auteur relate un drame qui a profondément marqué sa famille, la mort de sa mère des suites d’un cancer alors qu’il avait 8 ans. Son père était en train de finir de construire leur maison, la maison dont rêvait sa mère, celle qui devait la guérir par miracle. Mais elle mourut quelques jours avant et n’a pas pu y vivre.
L’histoire est narrée du point de vue du fils. Il raconte ses souvenirs d’enfance mais aussi la façon dont il a perçu cette époque. Il parle aussi de ses relations avec son père, des visites qu’il lui rend au « chenil », la maison de retraite qu’il nomme ainsi avec humour.
C’est un livre qu’on pourrait aussi associer au thème de transfuge de classe. Le fils vit à Londres. Il a une situation confortable et avoue avoir toujours voulu sortir de la condition sociale de son père, ouvrier. Il y a une totale incompréhension entre les deux hommes.
Les phrases sont simples et sobres. Elles retranscrivent les émotions vécues, l’histoire familiale dans la grande Histoire.
J’ai trouvé ce roman autobiographique d’une tristesse infinie. J’en suis ressortie déprimée. Autant vous dire que je ne vous recommande pas cette lecture, sauf si vous aimez les témoignages plus que poignants, douloureux.
Une vie de combats : la famille Franc Bataillé
Je vais bien est l'autobiographie de Régis Franc, le célèbre bédéaste Prix Mottart de l'Académie Française 2015.
Le narrateur, en utilisant la première personne, retrace ici l'histoire de sa famille, les Franc Bataillé, dont les origines ouvrières et militantes font l'orgueil générationnel depuis toujours. Ces origines qui, à contrario, embarrassent notre narrateur. Là-dessus je ne vous en dis pas plus ; vous découvrirez pourquoi en lisant le livre.
Il raconte également la tragédie qui frappe la maison Ensouleiado, que son père, Roger Alphonse, a construite de ses mains pour sa bien aimée Renée, la mère de ses enfants, malheureusement décédée une semaine avant la pendaison de crémaillère. C'était en 1960, le petit Régis avait alors douze ans.
Pour ma part,
Je n'ai aucun lien de parenté avec la famille des Franc Bataillé et tout porte à croire que j'appartiens à une autre génération.
Pourtant, j'ai vraiment plongé dans la narration et réussi à m' identifier au récit.
Serait-ce grâce à cette écriture sobre, quasi naturaliste avec un soupçon d'oralité qui apporte une touche contemporaine à ce texte plein de mélancolie ?
Ou grâce aux thèmes de la der des ders, de la pauvreté, de la condition ouvrière, du syndicalisme qui me touchent à titre personnel et que le narrateur aborde avec beaucoup justesse ?
Ou encore grâce à la mémoire des liens familiaux que l'on devine entre les lignes et dans les marges du livre, malgré une vie marquée par les silences, les vicissitudes et la tragédie ?
Tout ça à la fois.
Et je n'oublierai jamais le personnage de Roger Alphonse Franc Bataillé, qui m'a beaucoup émue : rescapé de toutes les guerres de la vie, maçon, militant et poète. Un héros anonyme à sa façon.
Je suis bouleversée mais heureuse et inspirée de cet hommage aussi digne et beau.
https://www.aikadeliredelire.com/2023/12/lu-approuve-je-vais-bien-de-regis-franc.html?m=1
Un titre , une couverture, un résumé, qui m'ont amenées, à lire cette autobiographie.Une histoire émouvante, poignante, racontée tout en finesse, pudeur, d'une extrême fluidité, qui nous prend aux tripes, et impossible à lâcher cette lecture jusqu’à la fin, Il n'y a aucun voyeurisme, l’auteur nous partage un moment de sa vie , cela a du lui du prendre du temps pour qu'il puisse en parler, il est toujours difficile de ce mettre à nu face à des lecteurs , cette autobiographie, est une sorte d’exécutoire, utiliser les bons mots pour exorciser ses démons. Loin de ses talents de dessinateur, il nous livre son vécu douloureux,
Son récit débute avec son père , dans une EPHAD,où la mort le guette . Ce père , avec depuis son enfance, a toujours eu du mal à communiquer. Un récit familial qui remonte sur plusieurs générations, une famille ouvrière, un père communiste, sa rencontre avec sa mère Renée, un mariage des enfants, tout ce qui aurait pu être synonyme d'une vie heureuse, Son père, maçon de métier, décide de construire pour sa femme, la maison de ses rêves, Cette femme, cette mère qui n'aura pas le temps de connaître , de vivre dans cette demeure, Atteinte d'un cancer, elle décédera à 39 ans . Un père, un fils une fille qui seront marqués à jamais par ce triste drame. L'auteur décide de quitter la France pour l'Angleterre, se reconstruite, fonder une famille , et devenir un excellent dessinateur, sa sœur, totalement détruite psychologiquement qui n'arrivera pas à accepter le décès de sa mère . Ce père , avec qui, le narrateur n'arrivera pas à communiquer, un père avec qui , il réfute toute ressemblance, surtout ne pas s’identifier à lui .Un récit qui ne tombe pas dans le pathos ,bien au contraire, tout est narré finesse, nous ressentons toutes les émotions de l'auteur. Un livre qui nous met dans le questionnement, apprendre à aimer, profiter, de la vie avec nos proches, après il sera trop tard, et les regrets pourront prendre l'ascendant . Une histoire qui m'a émue Le titre prend tout son sens, au fil de la lecture. Une lecture que je vous recommande.
Régis Franc nous raconte son enfance, entre un père maçon, attaché à des valeurs communistes, et une mère atteinte d’une maladie incurable. Il va se construire avec ces éléments troublants pour un enfant, et en faire l’analyse une fois devenu adulte.
C’est un texte court, plein de pudeur et de mélancolie, c’est le portrait d’une famille qui ne cherchait que le bonheur, qui ne se plaint jamais, où les valeurs premières étaient le travail, la famille et où les loisirs et la santé passaient en second plan. C’est une vie basée sur le dicton de son père : « quand tu es gentil avec les gens, les gens sont gentils avec toi ! ».
On constate aussi, dans ce texte, les ravages des non-dits sur la sœur de l’auteur à qui on a longtemps caché la vérité sur l’état de santé de sa mère.
Même si Régis Franc n’est pas toujours d’accord avec sa famille, il a tenu à lui rendre un immense hommage avec ce roman autobiographique très émouvant.
Comment j'ai fini par ressembler à mon père
Régis Franc a délaissé la table à dessin pour dresser la chronique familiale, raconter les drames et l'incompréhension qui ont jalonné son parcours et rendre un bel hommage à son père. Un récit plein de pudeur, mais à fleur d'émotion.
C'est en voyant son reflet dans une vitrine de Londres que le narrateur a compris qu'il avait désormais l'apparence et la démarche de son père défunt. Rattrapé par le temps qui passe en quelque sorte. L'occasion de dresser un premier bilan, de raconter aussi la vie de tous les défunts qui ont jalonné sa vie, et en particulier celle de son père qu'il a mis en terre dans le caveau familial de Lézignan-Corbières. Sa mort aura provoqué chez lui, qui a vécu sa dernière année dans la maison de retraite qu'il avait surnommé "le chenil",
On a porté le corps dans la tombe où il a retrouvé sa fille, ma mère, son père, sa mère, sa sœur. Du bord de la fosse j’ai contemplé tous ceux-là, leurs boîtes usées par le temps. Ils étaient posés au fond. Tous les miens."
Tous les siens qu'il ne peut laisser. Faisant fi de ses obligations, il décide de passer encore quelques jours dans ce sud où il a grandi et où désormais il sera toujours seul. "Sans but véritable, j'allais vers la mer, je suivais les collines, les garrigues, les chemins des étangs. Les salins, les roseaux. (...) Et devant moi, la Méditerranée, notre mer, ma mère étaient là. Eh bien, puisqu'il s’agissait de commencer. Commençons".
L'écrivain va alors plonger dans ses souvenirs et faire revivre ceux qui l'ont accompagné et qui ont forgé sa personnalité, quelquefois par affection, quelquefois en réaction et aussi quelquefois par le grand vide qu'ils ont laissé. C'est notamment le cas de sa mère qui après avoir partagé les années noires avec son mari, l'a vu s'en sortir à force de travail, gagner sa vie comme maçon et construire la maison dont elle rêvait et qu'elle n'habitera jamais. "Ma mère s’éteignit le 24 juillet 1960, on l’enterra le 27, la maison fut terminée le 1er août et nous déménageâmes. Ce contretemps signa nos vies. Voilà comment nous entrâmes épuisés et vaincus dans une maison moderne, si moderne et si désirée par elle. Sans elle. Ni mon père, ni ma petite sœur, ni moi-même ne devions nous en remettre."
Le petit garçon devient rebelle, délaisse une scolarité qui l'ennuie, sa sœur plonge dans une dépression qui l'entrainera dans une spirale mortifère et son père cherchera refuge dans le travail, oubliant sa famille, alors même qu'il lui apportait là une preuve d'amour. Mais ses enfants ne le comprendront pas, ne voyant que le grand vide qu'il laissait.
Comme il le confiait à Romain Brethes dans les colonnes du Point à l’automne dernier: «Je fonctionne par cycle de dix ans. Après Le Café de la plage, j'ai continué la bande dessinée quelque temps, puis je me suis lancé dans le cinéma, entre 1985 et 1995 environ. J'ai beaucoup espéré du cinéma, et j'ai été beaucoup déçu. Puis, jusqu'en 2004, j'ai livré pour ELLE une page qui s'intitulait "Fin de siècle". Ce sont mes derniers exploits dans le dessin. Et, un jour, j'ai accompagné la femme que j'avais rencontrée pour un tournage à Londres qui devait durer trois mois. Nous y sommes restés finalement quatorze ans!» La littérature a suivi avec un premier roman, Du beau linge, paru en 2001. Un cycle qui se poursuivra jusqu’en 2012 avec London Prisoner.
Après une petite récréation sous forme d’un album hybride rassemblant textes, photos, pastels et crayonnés, et qui raconte l’histoire du domaine viticole de son épouse, La Ferme de Montaquoy, le voilà donc reparti dans un cycle d’écriture, pour notre plus grand plaisir.
Servi par une plume élégante, toute de pudeur contenue, Régis Franc dépose ici la quête d'un fils à la recherche de son vrai père, raconte la France des Trente glorieuses qui aura vu la classe ouvrière ramasser les miettes d'une prospérité économique qu'elle a pourtant construite de ses mains et dresse en creux un autoportrait tout en nuances, plein de tendresse et de mélancolie.
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Ce récit court et dense se lit bien mais on sent parfois un manque de maîtrise des mots et de la syntaxe. Cela dit, il est très émouvant par sa justesse et sa sincérité. Digne et sobre, l’évocation du deuil est structurée autour de ce qui est dit et ce qui ne le sera jamais. Dans cette famille, on ne parle pas, ou si peu, on pleure, mais en retenant ses larmes. Et pourtant, la douleur est là, l’absence, la perte, la chambre vide et la mère disparue à jamais. En lisant ce texte, on ne peut finalement s’empêcher de penser à nos vies, à nos deuils, à nos absents.
Alors que son père vient de mourir en EHPAD, le narrateur (l'auteur) qui s'était éloigné depuis ses 18 ans, retrouve la maison de son enfance en Occitanie, la Méditerranée, le souffle du vent, les odeurs de la pinède et se remémore sa famille, sa jeunesse à la faveur de photos jaunies retrouvées dans une boîte à chaussure. Encore une fois, j'ai été attirée vers ce roman par le tableau de la couverture qui montre deux enfants souriants, ce qui invite à l'optimisme et au bonheur mais la couverture de ce roman autobiographique est trompeuse.
On sent les regrets d'un fils qui n'a jamais su communiquer avec son père, ancien maçon, militant communiste, félibre (écrivain, poète en langue d'Oc) auquel il s'aperçoit qu'il ressemble physiquement, ce qu'il ne souhaite pas.
On sent la profonde tristesse que déclenche encore l'évocation de sa mère, morte à 39 ans, alors que sa jeune sœur et lui étaient encore des enfants. Alors que dans de très nombreux romans, la maison est synonyme d'enfance heureuse, de moments joyeux, ici elle ne rappelle que la mort de la mère qui est décédée quelques jours avant qu'elle ne soit terminée et que le père du narrateur avait construite de ses mains pour l'amour de sa vie. Il n'a eu de cesse de s'en éloigner, ce qu'il a fait après avoir fait son service militaire en Allemagne pour devenir dessinateur, illustrateur à Paris.
On sent la mélancolie d'une période révolue, même si l'auteur ne tombe pas dans le travers du "c'était mieux avant"; certaines descriptions m'ont rappelé mon enfance et j'ai souvent souri à ces souvenirs : attendre la fin de la digestion avant de se baigner pour ne pas risquer l'électrocution, les pique-nique sur la plage, les horribles maillots tricotés (si, si !!!!) qui absorbaient l'eau et pendaient lamentablement, qui piquaient la peau.
Ce texte est pudique mais fort et émouvant comme le sont tous les rendez-vous ratés de la vie, teinté de mélancolie, voire de tristesse au souvenir de la mère, ce qui nous le rend proche.
#Jevaisbien #NetGalleyFrance
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