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«De la Corée, comme tout un chacun, je ne connaissais que des lieux communs:Gangnam Style, la menace du Nord et le miracle technologique du Sud. Mon ignorance traduisait une histoire - celle d'une contrée minuscule cernée par trois empires, souvent confinée, à dessein, pour sauvegarder son identité. Alors, depuis Paris, j'ai commencé à enquêter:la Corée était dépeinte comme un pays fermé, les Coréens passaient tantôt pour les Suisses de l'Asie (protestants et ennuyeux), tantôt pour les Italiens de l'Orient (fêtards et délurés). La seule manière de trancher était de partir. Lors d'un dîner, à mon retour, quelqu'un a lancé:Ce pays, c'est un pur mélange de Japon et de Chine. Il existe une identité coréenne. Mais je serais bien incapable de la définir. De mon côté, fort de multiples rencontres, des hommes d'affaires aux fonctionnaires, des étudiants français à Séoul aux étudiants coréens à Paris, des vedettes de K-pop aux poètes ancestraux, en passant par Fleur Pellerin et quelques expatriés de longue date, je me sentais prêt à la définir, cette identité. Et même à l'écrire.» Arthur Dreyfus.
Arthur Dreyfus nous livre dans ce document une réflexion philosophique, anthropologique et sociologique de qualité autour du voyage, du rapport à l’autre et à soi.
Une lecture instructive et une grande découverte car moi non plus je ne savais rien de la Corée.
Parce qu’un pays est pétri de contradiction, parce qu’il est nécessaire de les confronter pour mieux les comprendre, parce que l’auteur réussit cela avec brio je conseillerais vivement ce livre. On en ressort enjoué avec des envies de découvertes et de voyages et une envie de s’ouvrir aux autres.
Deux petits moins toutefois dans cette lecture : alors que l’auteur tente de contrer ardemment le culturalisme lorsqu’il évoque la Corée, certaines de ces réflexions jalonnant le livre nous entraine finalement lui-même dans un auto centrisme parisien, d’ailleurs il le dit lui-même » il n’est pas français mais parisien ».
Le deuxième point qui me parait important même si il n’est pas du tout l’objet du livre est sa réflexion rapide et étonnante sur le harcèlement pouvant être subi en France par une femme. Il demande lors de son entretien avec une Coréenne ayant vécu en France après qu’elle lui ait déjà expliqué qu’une femme est constamment sifflé et insulté, si « elle s’est déjà fait ennuyer ? » N’a-t-elle pas répondu avant même la question ? Le choix même du mot ennui est dérangeant, il ne correspond pas à une agression, il est important d’utiliser les bons mots parce qu’ils comptent si l’on veut changer les choses, tous les mots, en permanence. Il ne peut y avoir de concessions.
Ces deux points qui pourraient à eux seuls faire l’objet d’un livre ne retirent évidemment pas les qualités de cette lecture, ils sont un peu crispants car selon moi chaque mot compte mais ils ne sont pas une fin en soi.
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