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Géraud, cinquantenaire qui se définit comme un raté qui n’a rien réussi, mesure son angoisse à sa quantité de transpiration. Assumer un poste de salarié dans une épicerie tenue par un jeune homme après un licenciement et une rupture sentimentale sont la trame du récit. La possibilité d’un nouvel amour avec une femme non désirée, le désir pour la belle « Heinchérie » et la présence pesante de cette mère souffrante et culpabilisante permettent un regard sur les personnages féminins du récit. Dans ce court roman notre narrateur livre un regard cynique sur son entourage et son double langage est plutôt bien décrit . Au fil du roman l’éducation reçue par cet homme, les regrets et la souffrance portés depuis l’enfance par une mère frustrée livrent un éclairage sur le manque de confiance et l’impossibilité pour Géraud de se défaire de cette faute initiale : il a brisé la carrière de sa mère de par sa naissance.
L’écriture d’Alma Brahmi et notamment son style pour nommer les personnages « Heinchérie » et « Grosyeux » apportent une originalité d’écriture qui sont à souligner. Les sentiments, les regrets, le cynisme et l’angoisse sont bien retranscrits tout au long du roman ce qui tend à appesantir la lecture par leur sourde présence et ce ton continuellement cynique et déprimant. La lecture est fastidieuse et le manque d’actions ne permet pas de mettre en exergue la situation de cet homme. Cette tranche de vie finit par ennuyer la lectrice que je suis qui ne peut se contenter que de ce regard unilatéral sans espoir. Des romans cyniques islandais et finlandais sur des personnages improbables aux situations difficiles tendent à apporter un humour décalé que je n’ai pas pu retrouver dans ce texte.
Note : 3/5
Gérault est un personnage cynique, peu sûr de lui et il porte un regard lucide sur sa vie. C’est ce qui m’a d’emblée plu dans ce roman plutôt noir. A travers une peinture sans concession de la société d’aujourd’hui, Alma Brami dresse un portrait réaliste du chômage, de la vie active et du couple ou de la famille. Sous toutes ces bonnes intentions et ces formules de politesse, ces sourires et ces hypocrisies de tous les jours, que l’auteur dénonce, Gérault se fait le porte-parole d’une voix plus dure et réaliste, quoique tout bas, presqu’en aparté. Grinçant, ce court roman manque toutefois de consistance. Bien lancé, on attend ensuite un peu plus d’épaisseur. Le récit tourne presque court, laissant la place à la description des états d’âme et aux dialogues plus qu’aux situations. La fin marque un réel tournant dans la psychologie du personnage et dans le ton que prend le récit. On aurait aimé qu’Alma Brami insiste d’avantage sur cette métamorphose et sur ce qui a changé la vie de Gérault. Bien ficelé, il manque toutefois quelques chapitres pour bien faire et le lecteur aurait sûrement aimé en avoir d’avantage.