"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pascal Dompierre marche sur un quai de Seine à Paris un soir pluvieux d'automne.
Appuyé sur sa canne, ce vieux monsieur affaibli descend péniblement les quelques marches qui le mènent au plus près du fleuve, sous le tablier métallique du Pont au Double.
Tout à coup, il s'arrête. À deux pas, une femme qu'il ne reconnaît pas le menace d'un revolver pointé sur lui. Entre eux s'engage un face-à-face qui va durer toute une nuit.
Au cours de cette nuit, en ce même lieu, Pascal va faire défiler sa vie d'homme puissant et craint pour comprendre les mobiles de cette femme.
Lorsque Alain Lliense, l’auteur, m’a demandé si je lui permettais de m’envoyer son "petit dernier", "J’ai passé ma vie à t’attendre", j’ai accepté. Il faut dire que je ne sais pas dire non. Il avait ajouté : "il n’y a aucune date de péremption sur ce roman". Je pouvais le lire à mon rythme et selon mes disponibilités, j’en ai été rassurée.
Et puis la curiosité l’a emportée. J’ai d’abord lu quelques lignes, puis quelques pages et je ne me suis pas arrêtée. Je ne connaissais pas l’auteur, pas davantage sa maison d’édition. Et pourtant, d’emblée, j’ai été médusée par la beauté étrange de l’écriture. Cette manière surannée d’assembler des mots choisis, de les faire danser telle une valse à trois temps, de leur imprimer un rythme qui donne envie de lire à voix haute, de s’imprégner de leur musicalité. C’est ainsi que de quelques expressions aimées, je suis arrivée d’un seul coup d’un seul, à la dernière page.
"Enveloppée dans l’une ou l’autre rafale, elle a surgi de nulle part. Une passante. Je marchais à pas lents, appuyé sur ma canne…Je ne la connais pas…Habilement caché à l’abri de son sac à main, un révolver se laisse à peine entrevoir. Il est pointé dans ma direction…" Pascal Dompierre, soixante-dix ans, est mis en joue, un soir sur un quai de Seine, par une femme inconnue. Il va l’appeler Mathilde, la Mathilde du film de Melville "L’armée des ombres". On dit souvent qu’au moment de la mort, la vie défile devant les yeux du condamné. C’est ce qui va se passer. En un face à face silencieux, l’homme va revoir sa vie, son enfance, l’âge adulte, ses rares bons moments, ses nombreux côtés sombres. Rien ne nous est épargné de sa personnalité, jusque dans les tréfonds de sa noirceur "Ajoutez à cela une susceptibilité insupportable et jamais démentie, une incapacité à rire de moi-même ou à employer l’humour et vous obtenez le portrait monochrome du vieux con infréquentable."
Je vous l’ai dit dès le début, j’ai adoré l’écriture, parfaitement adaptée au sujet abordé. J’ai beaucoup aimé son élégance, sa délicatesse, sa précision. L’histoire se lit facilement, la tension grandit petit à petit. La construction est simple qui remonte le temps très clairement. Pour autant, linéarité ne signifie ni ennui, ni simplicité. Il s’agit au contraire d’un récit bien mené, celui d’un engrenage parfaitement huilé qui débouche sur une fin à la fois surprenante et presqu'annoncée.
Une vie tragique magnifiquement racontée. Une vraie belle surprise !
https://memo-emoi.fr
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !