Je m'apprêtais à fermer l'agence quand elle a sonné. Je n'avais vu personne de la journée et il faisait un triste temps de novembre à s'enfermer au cinéma ou à prolonger une sieste coquine jusqu'à la tombée de la nuit. Ma cliente était une vieille dame en tailleur gris, distinguée, qui sentait le parfum et la poudre de riz. Une apparition d'une autre époque, me suis-je dit en la faisant asseoir dans mon bureau.
De son sac noir, elle a sorti la photo d'un beau gosse d'une trentaine d'années et l'a posée devant moi. Son fils, son fils unique, m'a-t-elle expliqué d'une voix lézardée par le chagrin. François - c'était son prénom - ne lui avait pas donné de nouvelles depuis deux mois et elle voulait que je parte à sa recherche, à Auray, où il s'était installé comme photographe, cinq ans plus tôt. Alors j'ai mis le cap sur le Golfe du Morbihan, sans savoir que j'allais risquer ma vie plus d'une fois en voulant lutter contre ce foutu ressac qui allait m'entraîner bien plus loin que je n'aurais pu l'imaginer...
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