"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Quand tu oublies les turpitudes du monde Les grains du temps forment la texture de ta peau Ils conduisent le fil de ta méditation Quand le monde oublie ton existence d'humain Les grains du temps t'apportent le Rimmel Qui souligne la profondeur de tes yeux Afin que le souvenir de ton humanité Ne disparaisse jamais de ton regard."
Quelle est donc cette insoutenable frontière qu’évoque Tanella Boni et qu’elle décline en sept mouvements en utilisant le pronom « tu » ?
Il y a d’abord celle de la peau, noire, et qui peut être honnie ou admirée.
« D’un côté tu es racialisée
Rejetée dans une case obsolète…
De l’autre tu es racée
On applaudit tes performances. »
L’autrice a quitté son pays, La Côte d’Ivoire pour suivre des études en France, mais elle garde le souvenir de ses racines. Elle est devenue cet « oiseau multicolore …qui chante nuit et jour / les nouvelles du monde »
A travers « les chemins sur la carte », elle énumère les difficultés du monde, la voie des passages des migrants, les violences verbales, les vents violents, les « séismes et cyclones imprévus », la pandémie… Heureusement, elle sait aussi regarder l’autre face du monde, celle qui a gardé sa beauté originelle.
« Loin de l’amertume attendue
Qui aurait pu troubler ton regard
Tu ouvres les yeux sur les beautés du monde
Qui espèrent tes pas au bord du chemin. »
Elle fait la part belle aux souvenirs heureux de l’enfance, à la fraternité et l’amitié sans distinction de race mais elle raconte sans filtre « cette terre ravagée çà et là », ce sauve qui peut devant le changement climatique tout en pointant du doigts le responsable
« Aux premières loges des intempéries
Habite l’humain prédateur. »
L’eau a une grande importance, cette eau apaisante, que l’on ignore parfois, « ressource tes pensées ».
Et dans ce monde de violence et d’injustice, l’espérance n’est jamais loin, dans » les grains du temps » qui apportent la vie et « remplissent ton esprit de joie ».
Dans une langue belle, épurée, Tanella Boni nous adresse un message poignant dans lequel se mêlent sa condition de femme noire et celle de ces immigrés chassés de leur pays par la misère, la guerre ou les catastrophes naturelles. Mais loin d’être apocalyptique son message laisse entrevoir quelque espérance et il est pétri d’un humanisme vivifiant.
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