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Entomologie d'un crime Le livre :
Un scarabée.
Qui jette ses reflets émeraude sous le soleil quand l'inspecteur le sort intact du conduit auditif de la petite fille. La petite fille dont le cadavre desséché vient d'être retrouvé dans la broussaille d'un jardin peu entretenu au milieu des immeubles.
Trois ans que la police la recherchait.
Un suspect est vite appréhendé, Da-in, un adolescent, livreur de journaux qui élève des milliers d'insectes dans le taudis où il vivote avec un copain, lui aussi enfant des rues, abandonné. Da-in serait un récidiviste, il aurait tué sa mère et sa soeur et aurait déjà utilisé les corps pour y élever ses petits compagnons nécrophages.
Alors, ce scarabée, est-ce la signature macabre d'un gamin psychopathe ? Si tous semblent le penser, une personne ne peut y croire : la mère de la petite fille assassinée. Qui va suivre le chemin des insectes vers la vérité.
Un thriller étouffant. Un roman noir qui jette un regard sans concession sur la maltraitance des enfants, livrés à eux-mêmes dans une société qui ne sait plus en prendre soin.
Je continue de lire et d'apprécier les polars coréens, publiés par la maison d'édition "Matin calme".
Insectes de Min-hye Zang est un roman policier mais aussi sociologique sur la vie en Corée du Sud, sur les mères et les enfants des rues.
Insectes, parce que l'une de ces bestioles va se retrouver au coeur d'une enquête, car un insecte va être retrouvé dans l'oreille d'une jeune victime. D'ailleurs, l'étude des insectes dans les corps est un moyen d'enquête lors d'autopsie. Et quelle malice d'avoir imprimé sur certaines pages du livre des insectes...
Une mère, trop occupée par son travail et qui essaie d'élever seule sa fille, mais qui la délaisse trop, mais quel choc quand celle ci disparaît. Aucune piste, aucune nouvelle, mais elle va persister à espérer, placarder le soir et la nuit des avis de recherches dans les quartiers, harceler la police pour qu'il continue l'enquête, jusqu'au jour où il lui ramène le corps de sa fille.
Ils vont trouver un coupable, bien idéal : un jeune garçon, livré à lui même, condamné à de petits larcins et qui élève et s'occupe d'insectes, comme celui retrouvé sur le corps de la jeune fille. Un jeune garçon, compagnon de misère clame son innocence et essaie de convaincre la police, la presse, la justice, la mère de l'innocence de son ami. La mère va d'ailleurs elle aussi avoir des doutes et prendre sous son aile ce jeune garçon.
Un sacré texte qui nous parle de la société sud coréenne, sans concession, parle de la vie tragique des enfants des rues mais aussi de leur solidarité, de leur recherche de bonheur mais des prédateurs veillent.
Un texte qui se lit d'une traite, avec un sujet difficile mais beaucoup de compassion et d'empathie pour la vie des ces enfants abandonnés à eux mêmes et que certains malheureusement exploitent et manipulent.
Chouette idée que d'avoir imprimé sur chaque double page un petit scarabée qui se balade, jamais à la même place lorsqu'on tourne les feuilles. Et pas si gadget que cela car le monde des insectes est réellement au coeur de ce surprenant polar coréen.
Souvent les insectes sont utilisés comme un accessoire à glauquiser, à faire frissonner à bas coût. Mais aucune facilité ici. Les insectes font avancer l'intrigue, notamment les superbes coléoptères vert émeraude, dont un est retrouvé de façon incongrue sur le cadavre d'une très jeune fille assassinée. C'est eux qui conduiront l'enquêteur et la mère à retrouver la piste du tueur.
J'ai adoré cette façon très originale de construire et conduire le scénario policier, autour notamment du personnage fascinant de l'adolescent suspecté, entomologiste en herbe qui considère les insectes comme faisant partie de sa famille depuis qu'il a perdu la sienne dans un drame. Il y a même un certaine poésie qui se dégage des pages qui leur sont plus particulièrement consacrées.
Pour le reste, j'ai également apprécié, quasi en observatrice sociologue, la description de la société sud-coréenne que je ne connais que très peau, essentiellement à travers son cinéma, notamment les films du génial Bong Joon-ho. Et le tableau est sombre, effarant aussi, décrivant l'indifférence quasi générale des institutions, police et justice, face à l'enfance maltraitée, mais aussi le poids de la pression sociale faite aux femmes ( lorsqu'elles subissent un viol, lorsqu'elles élèvent seule un enfant ). le personnage de la mère est à ce titre aussi superbe que déchirant.
Reste que la trame policière à proprement parler m'a semblé très confuse, il m'a fallu souvent revenir en arrière pour comprendre les enchaînements des événements et leurs impacts ... et pas uniquement parce que je m'emmêlais les noms coréens des multiples personnages. Les nombreuses ramifications, analepses et changements de points de vue complexifient un peu trop l'avancée vers le dénouement. Avec plus de clarté, je pense que ce roman aurait laissé une forte empreinte, au-delà du charme procuré par le fil conducteur passionnant des insectes.
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