"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Gentiment bourgeois bohèmes sans être tout à fait dupes, Alex et Aliénor s'aiment, envisagent de faire un enfant ou deux, et de se déconnecter d'un monde qui va trop vite.
Mais la Grande Entreprise en a décidé autrement. À coups de réorganisations, elle consomme de l'être humain comme une machine du carburant : sans états d'âme.
Entre chagrin et souvenirs, la colère d'Aliénor monte contre l'entreprise, mais aussi contre Alex, à qui son amour n'a pas suffi pour continuer à vivre. Et puis le deuil se fait, Aliénor commence une existence nouvelle, un peu hésitante, avec une seule certitude : face à l'adversaire, il ne faut pas plier.
Sans rien masquer de la souffrance de son personnage, l'écriture enlevée, touchante et drôle de Gaëlle Pingault réussit à tenir à distance la cruauté des entités déshumanisées pour laisser à l'individu toute la place, car en continuant à chercher son paradis sur cette Terre et dans cette vie, il est le seul grain de sable capable de gripper la machine.
Ce roman va m’accompagner longtemps. Et pourtant…
Je l’ai découvert grâce aux 68 premières fois à un moment où j’avais envie d’un livre léger. Lorsque j’ai lu qu’il était question de suicide, je n’étais pas emballée, c’était raté pour le livre feel-good !
Et puis…
J’ai ouvert le livre, j’ai commencé la lecture. Et pour la première fois depuis longtemps, j’étais prête à arrêter tout pour ne pas quitter Aliénor.
Parce que ce livre si douloureux est un hymne à la vie.
Parce que Aliénor, même fracassée, n’est pas anéantie .
Parce que le style de Gaelle Pingault (vocabulaire, rythme) colle à la perfection aux sentiments d’Aliénor.
En lisant, je n’ai pas vu Aliénor se débattre avec sa douleur, sa colère, sa culpabilité… j’étais Aliénor, j’ai haïs le chef d’Alex, j’ai eu les tripes tordues de douleur, de peur, je me suis amusée de souvenirs heureux, de détails cocasses.
Gaelle Pingault n’écrit pas un livre sur le harcèlement au travail, elle écrit sur le cheminement d’un personnage, de l’anéantissement à la renaissance, avec justesse, profondeur, humanité.
A la fin de ma lecture, je me sentais bien.
Ce roman parle du harcèlement moral au travail (ou le Burn Out) ! Un sujet grave qui me touche énormément, pour l'avoir vécu sur mon lieu de travail il y a quelques années.
Je suis évidemment très sensible par ce thème que l'auteure aborde avec beaucoup de délicatesse, de sensibilité et d'originalité.
J'avais forcément très envie de découvrir ce roman et de voir surtout, comment l'auteure allait traiter cette question délicate dans un roman fiction.
Un jeune cadre, Alex, s'est suicidé. Sa femme Aliénor, trente ans, veuve désormais, est aussi une victime du harcèlement au travail, autant que son mari décédé. Sa vie bascule aussi le jour où elle apprend le décès de son conjoint.
Elle raconte les répercussions de cette absence soudaine et douloureuse, en exprimant ses émotions, passant par différentes étapes du deuil : l'incompréhension, l'acceptation du geste, la reconstruction.
Le lecteur est bouleversé par ce drame et comme elle, nous voulons comprendre ce qui a poussé Alex à commettre ce geste indescriptible.
Malgré le deuil, Aliénor se relèvera et trouvera la force de continuer à avancer. Elle découvrira un moyen pour l'aider en appliquant la résilience.
La résilience est un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l'événement traumatique pour ne plus, ou ne pas, avoir à vivre dans la dépression et se reconstruire
L'auteure Gaelle Pingault raconte le calvaire de ces deux personnes attachantes, en intégrant avec beaucoup d'élégance, une touche de légèreté et d'ironie, grâce aux souvenirs du couple et aux interventions d'Alex sur l'actualité tout le long du récit.
Un roman réussi sur un thème actuel.
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.fr/2018/05/la-beaute-des-jours-il-ny-pas-internet.html
« Être la veuve d'un suicidé est un truc indémerdable. Entre la colère et la pitié, quelle place reste-t-il pour la peine, la vraie ? Comment fait-on son deuil quand on plaint son disparu autant qu'on lui en veut ? »
Aliénor et Alex, Alex et Aliénor, un couple parfait, comme dans les magazines, sauf que… Lorsqu’une entreprise veut vidanger, et que le personnel ne veut pas démissionner, mon dieu ce que les cadres peuvent être obtus (ironie amère) et bien, on les pousse vers la dépression, grâce à un harcèlement moral des plus raffiné. Alex est allé un poil trop loin, mais ce n’est pas la faute de sieur Boucher, un chef au-dessus de tout soupçon mis là par la direction pour faire le sale boulot… Il y en a qui aime ça à ce qu’il parait.
Alex ne s’est pas défenestré, non, il s’est immolé, donc un acte vraiment pensé, « froidement déterminé ». Il est parti sans un mot d’adieu. Aliénor doit vivre avec le manque, la colère, le désespoir, le silence.
Aliénor se bat pour ne pas plonger et Gaële Pingault a le talent de mettre des mots sans pathos où la colère, l’amour, le manque ne s’adresse pas à nous lecteurs, mais à Alex pour lui hurler son chagrin, son incompréhension, son amour, son manque, sa colère. Alex n’est plus là pour lui répondre, pour l’aider, elle commence même à oublier son visage.
Aliénor est telle qu’en elle-même, capable de bons mots, de plaisanteries, un ton direct, oral Aliénor vide son sac, alors qu’elle ne peut vider l’armoire d’Alex. Elle se raccroche à ses centres d’intérêts que sont les arts. « Je l'ai déjà dit, il me semble. Un jour, je ferai la liste de tout ce que je dois à la beauté de l'art. De toute les fois où elle m'a sauvée du désespoir. Il se pourrait que la liste soit longue. »
Un livre à la fois pessimiste, comme les nouvelles fraîches entendues à la radio, le calvaire d’Alex et de nombreux autres cadres ou simples employés. Le côté positif est la lente résilience de Gaëlle
« Je vais y arriver, tu sais. J’ai décidé d’être résiliente, je me répète ça comme un mantra, j’ai décidé que je m’en sortirai. Ce n’est pas marrant-marrant tous les jours, mais je vais y arriver. Le bon revient doucement. Tiens, regarde, la preuve. Je suis venue ici à pied. Et un peu avant d’arriver, j’ai réalisé que je voyais des visages. Alors que depuis ton décès, je voyais surtout des pieds. Je me redresse, tu vois. Je vais y arriver. Mais je voulais quand même te dire que la vie avec toi, c’était… waouh…. C’était drôlement bien.
Une superbe déclaration d’amour à l’homme qui l’a rendue veuve.
Un livre lu d’une traite. Un livre écrit avec les tripes, les larmes, la colère. Un livre d’amour qui a une résonnance particulière pour moi, tant, avec l’âge, la peur de la disparition de l’être aimé est ancrée en moi.
Un livre qui, malgré le sujet et les mouchoirs mouillés, n’est pas pathétique ; il part des tripes et j’aime ça.
Encore une belle découverte due aux fées des 68 premières fois. Merci à elles.
Nouvelle découverte des 68 premières fois et pas des moindres !
Le thème du livre ne peut pas être plus contemporain que celui-ci : les conditions de travail !
Il ne m'en fallait pas plus pour savoir que cette lecture me plairait. Je me sentais concernée par le sujet parce qu'on aspire tous à vivre au mieux et à gérer nos vies personnelles et professionnelles en harmonie avec nos convictions.
Que se passe t'il quand celles-ci ne sont pas entendues, respectées ? Et qu'à l'inverse on vous demande toujours de prouver que vous avez votre place, que sinon c'est pas grave on trouvera mieux que vous...
La suite sur le blog : https://leslecturesdelailai.blogspot.fr/2018/01/il-ny-pas-internet-au-paradis.html
https://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2017/12/il-ny-pas-dinternet-au-paradis-de.html
Dans ce roman la narratrice, une jeune femme d'environ trente ans, s'adresse à Alex, son mari, qui vient de se suicider, il s'est immolé par le feu...
Alex et Aliénor formaient "un jeune couple dynamique qui a tout pour plaire, tout pour réussir", ils appartenaient à une génération focalisée sur le moment présent, sur le plaisir immédiat. Peu pourvus de conscience politique et d'engagement, ils ont vécu centrés sur eux-mêmes avant de se sentir peu à peu concernés par l'évolution du monde environnant, ils se sont mis alors à rêver d'une vie loin de la ville, loin du stress et du travail vide de sens dans une maison où ils auraient inscrit sur la porte "Il n'y a d'internet au paradis". Une vie qui leur ressemblerait davantage, plus en accord avec leur vision du monde.
Alex travaillait pour un important groupe industriel français. Tout bascule avec l'arrivée d'un nouveau chef aux méthodes perverses rapidement perçu comme un bourreau. Chargé de fermer le service de 80 personnes où Alex est informaticien, ce chef se comporte en tueur sans pitié et sans aucun scrupule.
Gaëlle Pingault décrit avec justesse les sentiments de cette jeune femme partagée entre colère et chagrin "Comment fait-on un deuil quand on plaint son disparu autant qu'on lui en veut?" face au geste de son mari. Au travers de ses souvenirs, on perçoit bien le sentiment d'impuissance qu'elle a ressenti quand elle a senti que son mari allait mal, sa souffrance à voir son conjoint sombrer peu à peu. La mécanique qui peut broyer les employés d'une entreprise, les procédés utilisés, les vexations, les humiliations... La maltraitance, le harcèlement moral, tout ce qui engendre souffrance au travail est ici évoqué avec précision. L'autre versant du roman explore avec finesse les étapes du deuil et la lente reconstruction d'Aliénor qui a fait le choix du chemin de la résilience.
Toute personne qui aura vécu de près ou de loin le harcèlement au travail et le burn-out engendré par certaines méthodes sera bouleversé par ce roman au sujet sombre. Gaëlle Pingault a eu l’intelligence de le traiter avec une certaine dose de légèreté et d'humour qui rendent le récit supportable et d'insérer en fin de chapitres des extraits d’actualité qui permet de comprendre l'évolution de ce jeune couple.
Il y a plusieurs jours maintenant que j’ai fermé le premier roman de Gaëlle Pingault "Il n’y a pas internet au Paradis" et les mots sont toujours là, qui tournent en boucle.
Dire que j’ai aimé ce roman est trop faible. Il ne s’agit pas uniquement de sentiments, l’intérêt se trouve aussi ailleurs. Je l’ai lu autant avec mes tripes qu’avec ma tête. L’histoire d’Alex et d’Aliénor pourrait être celle de tout un chacun. C’est en effet celle d’un jeune couple auquel tout réussit : ils exercent un métier intéressant – un bon métier, comme on dit – ils s’aiment, envisagent d’avoir des enfants. En quelque sorte, ils mènent une vie normale, tranquille, heureuse. Mais… arrive, dans l’entreprise d’Alex, une machine à broyer l’humain sous le nom prédestiné de Boucher. Et tout va basculer, petit à petit, jusqu’à… l’immolation. Et Aliénor se raconte sous forme d’un dialogue qui va très rapidement se transformer en monologue.
Autant que du deuil, de la solitude, du chagrin lié au départ volontaire de l’autre, de la résilience et de la renaissance lente à la vie de celle qui reste, c’est du harcèlement au travail dont nous parle la romancière avec une grande finesse. Sa plume simple, alerte, dotée de quelques brins d’humour, les informations commentées en fin de chapitre par Alex, préservent le texte du pathos auquel nous aurions pu nous attendre.
Les interrogations sont nombreuses sur la mise en place de cette destruction massive d’employés. Le pourquoi, ça on le connaît, mais le comment ? Alors elle se pose des questions… "Je me suis souvent demandé, après coup, si cette angoisse préliminaire faisait partie de la stratégie. Faire circuler, avant l’arrivée du grand méchant, des rumeurs bien flippantes sur son compte était-il un moyen de préparer le terrain pour que les gens commencent à confire dans leur angoisse ?". Le monde du travail, de plus en plus difficile, de plus en plus victime de la recherche de profit est ainsi décortiqué, page après page, avec objectivité. Et j’ai avancé dans ce roman, la peur au ventre. La descente aux enfers d’Alex, incapable de communiquer, même avec celle qu’il aime, tant il lui est difficile de reconnaître ce qu’il vit, de se voir humilié, piétiné est d’une grande violence. Pourtant, la touche de douceur toujours présente dans les mots de Gaëlle Pingault en rend la lecture supportable qui ouvre les yeux sur ce que vivent certains travailleurs.
"A quel moment précis commence le harcèlement, à quelle minute exacte se met en place la machine qui massacrera graduellement mais implacablement tous ceux qui se trouveront sur son chemin ?" Grande énigme !
Magnifique récit, fort témoignage sur l’impossibilité d’aider l’autre, ce premier roman est de mon point de vue de grande qualité. Et n’allez surtout pas croire que mes origines bretonnes – oui, je suis une "payse" de l’auteure – y soient pour quelque chose.
www.memo-emoi.fr
http://lechatquilit.e-monsite.com/pages/mes-lectures-2017/il-n-y-a-pas-internet-au-paradis.html
Alex a choisi de se suicider. Alex s'est immolé sur son lieu de travail, cette Grande Entreprise où l'odieux Boucher, son chef de service prédestiné à abattre par son patronyme, continue sa perverse mission d'exclusion. Alex s'est suicidé et Aliénor, sa femme, poursuit un dialogue qui, parce qu'il s'est irrémédiablement interrompu avec la mort de l'interlocuteur, prend la forme d'un monologue, d'un compte rendu du passage de l'état d'épouse heureuse à celui de résiliente en passant par les questions et tourments de la veuve mutilée de sa moitié d'âme.
Colère, incompréhension, souvenirs, révolte, regrets, remords... se traduisent par les mots les plus directs, les plus simples, ceux que chacun-chacune pourrait formuler dans une telle situation, pour peu qu'une énergie vitale - de celles dont on ne sait d'où elle vient, ni comment elle agit souterrainement, ni si elle sera suffisante pour tenir debout "quand même" - continue d'irriguer le corps et la pensée. Aliénor nous donne finalement à lire, à voir toutes les étapes du long cheminement, de ce que l'on appelle - peut-être improprement - le "travail de deuil". Avec la force que donne la certitude instinctive d'avoir été aimée, d'avoir été heureuse et de pouvoir l'être encore, elle préserve une part d'humour, de causticité et une intelligence des évènements qui la préservent du naufrage dans le chagrin et dans un pathos larmoyant. Elle apprend en quelque sorte à "vivre sans" et à "faire avec" ce manque inexorable. C'est cet apprentissage que raconte son récit en entremêlant très finement l'histoire personnelle au contexte social et économique brutal qui en bouleverse la trajectoire.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce premier roman, par les thèmes qu'il brasse, par sa construction qui laisse la part au temps de l'implicite sans l'étirer inutilement, et par l'écriture vive, sensible, dénuée d'affèteries de Gaëlle Pingault. L'amertume que cette lecture pourrait engendrer en décrivant de l'intérieur le désastre d'une société qui ne trouve de valeurs que dans la rentabilité financière s'estompe derrière le léger espoir qu'entretiennent les choix d'Aliénor. Les choix et la dignité de l'humain.
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