80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
« Quand les vivants sont obligés de se taire, ce sont les morts qui parlent », disait en 1938 Anna Seghers, alors en exil à Paris. Quelques décennies plus tard, de 1969 à 1989, les écrivains de RDA reprennent à leur compte ce dicton pour réinventer, dans un contexte hostile, les biographies de leurs prédécesseurs romantiques et celles de poètes allemands plus anciens encore, selon un éclairage en rupture avec la doctrine officielle du réalisme socialiste.
Les vies de Holderlin, Kleist, Günderode, E.T.A. Hoffmann ou Bettine von Arnim, avec leur cortège de folie, d'échecs, de suicides ou de morts précoces, deviennent alors pour Christa Wolf, Franz Fühmann, Günter Kunert, Heiner Müller et d'autres, le moyen d'articuler leur rapport au pouvoir, au marxisme, au féminisme et à la transmission des héritages. Ils remettent à l'honneur un romantisme jeune et révolutionnaire dont les échecs dessinent le programme collectif des combats à mener contre une modernité totalitaire dévastatrice.
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