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Se fondant sur sa propre expérience, Jean-François Sonnay a conçu Hobby comme un essai, moins littéraire que sociologique, qui traite de la condition actuelle de l'écrivain. Revisitant trente-cinq ans de carrière en Suisse et ailleurs, l'auteur laisse de côté sa vie privée pour mettre l'accent sur la dimension sociale de sa pratique, comme écrivain, mais aussi comme collaborateur d'une organisation humanitaire. Plutôt que d'autobiographie, il serait plus juste de parler d'un autoportrait en costume de travail, enrichi de nombreuses notations concrètes généralement passées sous silence par les connaisseurs. "Écrire, c'est abstraire, dit-il, et je crois qu'on peut être sincère sans faire étalage de ses grandes émotions ou de ses petits travers. C'est moins une question de personnalité que de civilité : j'écris pour partager ma condition avec d'autres et je le fais au nom de valeurs humaines simples et universelles, qui peuvent nous réunir là où la vie privée nous séparerait peut-être." Dans toute société, la place qu'on fait aux écrivains ou à certains d'entre eux se rapporte à la fonction qu'on leur reconnaît, que celle-ci soit revendiquée ou assignée. Fonction de médiation, fonction de connaissance, fonction de libération ou autre, l'acte même d'écrire est un acte social, visant au partage et à la mise en relation. Pour ma part, j'ai toujours voulu écrire " pour autrui " et n'ai cessé de nourrir mes textes de telle sorte qu'ils suscitent une rencontre." Je n'entends pas formuler ici un énième credo sur le rôle social de l'artiste, mais esquisser le bilan de mes expériences, sachant qu'il vaudra ce que valent les témoignages personnels : aussi limité dans sa portée que révélateur de son temps. Je n'ai pas de leçon à donner, n'ai rien inventé d'extraordinaire et ne suis pas célèbre. J'ai commencé à écrire ce qu'il est convenu d'appeler de la littérature en 1971 et j'ai publié une douzaine de livres à compte d'éditeur. Voilà toute ma légitimité." N'étant d'habitude ni très sûr ni très content de moi, je me suis efforcé de faire le point de manière aussi factuelle que possible. Bilan négatif ou positif, le lecteur jugera. Je souhaite seulement que mon témoignage encourage ceux qui se soucient d'humanité, avec ou sans art, et qui ne sont pas rebutés par les questions matérielles."
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