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Pour écrire les treize nouvelles qui composent cette anthologie à la gloire d'une femme bhoutanaise prétendument traditionnelle - mais beaucoup plus subversive qu'il n'y paraît -, Kunzang Choden s'est inspirée de la vie quotidienne dans le Bhoutan rural aussi bien que de sa propre expérience. Dans un pays en pleine mutation où la vie est loin d'être facile, la femme (mère, épouse ou fille) se caractérise, même quand elle n'a pas bénéficié de toute l'instruction souhaitable, par son esprit d'indépendance et par son volontarisme.
Autobiographique, la première nouvelle du recueil, "Mon nom, mon identité", est emblématique de l'anthologie tout entière. Agée d'à peine neuf ans, Kunzang Choden, inscrite dans une école catholique renommée du Bengale, à des centaines de kilomètres de son pays natal, a, pour la première fois de sa vie, quitté son village pour affronter dans la plus totale solitude un nouvel environnement. Le jour de la rentrée scolaire, Kunzang, ayant déclaré à la directrice qu'elle portait le même prénom que son père, se heurte à l'incrédulité de cette dernière qui, furibonde, l'accuse de mentir. Kunzang ne parlant que le Tang (dialecte utilisé par quelques centaines de personnes à Bumthang, au fin fond du Bhoutan), la communication est extrêmement difficile, mais la fillette tient bon : tel est bien son prénom et elle n'en démordra pas.
Toutes les nouvelles du recueil racontent ainsi des histoires de femmes, pleines d'humanité et de poésie. C'est ainsi que dans "Regarde son nombril", une jeune fille de la campagne se rend à Thimphu, la capitale du Bhoutan, afin de rendre visite à son frère : émerveillée par la ville, elle devient peu à peu l'objet d'une métamorphose physique tout autant que morale : la fruste jeune paysanne aux ongles sales qui travaillait la terre et plongeait les mains dans le fumier sort de sa chrysalide et se mue en une quasi "fashionista" se faisant poser un piercing au nombril.
Plus tragique, mais pleine de tendresse, la nouvelle intitulée, "Je suis une personne de petite taille", narre la difficile existence, dans un village bhoutanais, d'une femme affligée de nanisme. Quant à la nouvelle "La souris dans la maison", pleine d'humour, elle évoque la solitude et le besoin d'amour.
Femmes trompées, femmes seules, femmes désirées puis abandonnées, femmes courageuses, avides ou généreuses, femmes qui se battent pour offrir à leurs enfants une vie meilleure, autant de destins dans lesquels les femmes du monde entier peuvent se reconnaître et qui permettent au lecteur de faire l'expérience d'une émouvante proximité avec un pays aussi lointain que méconnu.
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