L'Histoire de Boris, c'est l'histoire de la dérision et de l'impertinence au service de la grande pornographie. Ce clandestin (le premier volume parut en 1949) connut en son temps une certaine célébrité dans le petit monde des libraires sous le manteau. J.-J. Pauvert nous apprend, dans son Anthologie historique des lectures érotiques, tome IV, De Eisenhower à Emmanuelle, que les auteurs et éditeurs de ce livre étaient un jeune libraire de Strasbourg et sa femme,
qui bénéficiaient certainement de protections efficaces car ils exercèrent ouvertement leur industrie pendant plusieurs années sans être inquiétés. Leurs ouvrages paraissaient dans une Collection de textes rares d'auteurs contemporains qui précisait : Dans la même collection vous trouverez au fur et à mesure de nos parutions l'essentiel de l'oeuvre érotique de notre époque. À votre perspicacité de deviner sous les initiales anonymes les véritables auteurs de ces divertissements. Ainsi, les initiales M. A. qui signent l'Histoire de Boris
sont censées être celles de Marcel Aymé qui ne l'a bien entendu jamais
su. Quoiqu'il en soit, la lecture des trois volets de cette biographie d'un baiseur contemporain est un pur régal pour les esprits aiguisés. C'est le répertoire exhaustif de toutes les perversions sexuelles exercées par une galerie de personnages truculents et succulents, soutenu par une écriture qui prête à toutes les drôleries et pastiches imaginables. Les auteurs étaient fins connaisseurs des mouvements littéraires et des courants de pensée qui s'imposaient dans le milieu littéraire depuis l'entre-deux guerres : iconoclastes affûtés, tout en contant les vices de la bonne société, ils ne manquent pas d'épingler les paulclaudel (sic), les Eluard, les Bernanos de tout poil et jusqu'à la psychanalyse qui en prend pour son grade. Leur style parfois incongru (un narrateur commente quasiment en voix off les activités des personnages) ne
fait qu'ajouter à l'intelligence de ce roman pornographique en trois
volets, truffé de références. À découvrir d'urgence...
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