"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La jeune Natalie Waite a du mal à trouver sa place dans une famille dysfonctionnelle, entre un père écrivain médiocre mais imbu de lui-même et une mère au foyer névrosée. La noirceur s'immisce dans son esprit et dans sa vie au point que celle-ci va tourner au cauchemar. Inspiré par la disparition (inexpliquée à ce jour) d'une étudiante non loin de l'endroit où vivait Shirley Jackson, ce roman est une exploration aussi magistrale qu'effrayante de la perte des repères chez une adolescente en perdition.
Hangsaman de Shirley Jackson
C’est avec ce livre que je découvre Shirley Jackson et je suis impressionnée !
Natalie a dix-sept ans. Elle va intégrer l’université que son père a choisie. Elle se destine aussi à l’écriture et écrit déjà. Elle est déterminée à rencontrer la réussite qu’elle mérite. D’ailleurs son père est également écrivain et il corrige tout ce qu’elle écrit même les lettres qu’elle lui adresse de l'université. Entre son père omniprésent, très critique, orgueilleux et sa mère soumise, malheureuse en mariage, l'université aurait dû représenter une bouffée d'air.
Arrivée à l’université, elle apprécie l’indépendance, la solitude mais quelque chose cloche, elle a du mal à se positionner par rapport aux autres. Et il faut dire que dans les résidences, les filles ne sont pas tendres. Elle se rapprochera de la femme d’un de ses enseignants mais se ne sera que le début d’autres embarras.
J’aime beaucoup les histoires qui se déroulent dans les milieux universitaires américains. Avec une héroïne comme Natalie que j’ai adorée, déterminée malgré tout le poids psychologique que représente ses parents. Ce livre a été un pur bonheur.
C’est un livre immersif car l'auteure nous offre la moindre des pensées ou divagations de Natalie et réussit à nous embarquer savamment dans son univers, qui oscille entre réalité et imagination. Nathalie peut nous faire glisser dans une autre réalité quand celle qu’elle vit n’est pas à la hauteur. J’ai parfois eu du mal à déterminer de quel côté de la frontière j’étais. Ce qui ajoute un côté intrigant très intéressant.
Et le tout a été une excellente surprise!
Je poursuivrai sans faute ma découverte de l’auteure.
Hangsaman est un roman déroutant.
Déroutant car nous plongeons au plus profond des pensées de Natalie, jeune fille de dix-sept ans.
Déroutant car Natalie s'interroge énormément sur le monde qui l'entoure, sur sa réalité, sur elle-même.
Prise en étau entre une mère malheureuse et un père qui la tient pour sa création, Natalie va devoir affronter une situation nouvelle au moment de son entrée à l'université : affronter le monde hors de la cellule familiale.
J'avais déjà lu Shirley Jackson avec à chaque fois des ressentis différents. La maison hantée m'avait laissée de marbre tandis que certaines de ses nouvelles, lues en anglais, m'avaient conquise.
Hangsaman était la parfaite occasion de renouer avec cette autrice.
Même si je la préfère sur des formats courts (et j'ai hâte de découvrir La loterie et autres contes noirs), j'ai beaucoup apprécié ce roman.
Natalie est un personnage fascinant, et je salue d'ailleurs la peinture brillante de tous les personnages, qu'ils soient principaux ou secondaires.
Le regard porté sur la condition des femmes, que ce soit en tant que mère, épouse ou fille, est acéré et, malheureusement assez sombre.
J'ai trouvé quelques longueurs dans la troisième partie, mais ce roman a l'avantage d'ouvrir à de belles et intéressantes discussions
Dans la famille Waite, je demande le père Arnold Waite, écrivain d’un unique livre, imbu de sa personne, régnant en maître absolu sur son foyer. Il faut voir les lettres qu’il écrit à sa fille à l’université, c’est pompeux et autocentré. Je demande la mère Mrs Waite, créature soumise et geignarde surtout lorsqu’elle a un coup dans le nez. Je demande le frère, Bud sachant passer inaperçu et enfin je demande la fille Nathalie, dix-sept ans en plein questionnement sur ce qu’est la vie. L’entrée à l’université de Nathalie va être le lieu de rencontres, d’expériences qui vont générer une lente montée en tension de la situation de la jeune femme. On sent venir un dénouement qui ne peut être que mélodramatique.
L’auteure explore la difficulté qu’il y a de passer de l’adolescence à l’âge adulte, laisser derrière soi l’enfance pour découvrir les tourments de la féminité rien de moins pour cette jeune fille esseulée. On découvre une histoire étrange où l’on n’a pas l’impression d’avancer tout se délite. Le monde est-il si cauchemardesque qu’il semble impossible d’y survivre. Au final ce livre nous laisse avec nos questions sans réponses face aux épreuves qui s’abattent sur Nathalie. On n’en saura pas plus, c’est à nous de décider des réponses qu’on imagine et c’est plus que ce que je peux donner dans ma lecture avant de tomber dans l’agacement.
Il y a trois parties distinctes dans le récit, toutes apportent un éclairage et une émotion particulière, malheureusement on est soumis aux incessantes ruminations de Nathalie qui viennent brouiller intentionnellement le message. Nathalie ne sait absolument pas qui elle est, à ses côtés on est témoin de son esprit profondément dérangé lorsqu’une voix lui parle intérieurement. Seule la troisième partie m’a véritablement touchée mais en dire plus est impossible. Un livre trop dérangeant pour moi, je vous laisse vous faire votre propre opinion. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2021/11/10/39210021.html
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !