"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Cet album respire une tension qui est accentuée par des regards sombres, des visages déconfis, des grandes cases silencieuses. J'ai été happé par l'ambiance, assez malsaine.
Mais j'ai manqué de sens à ce déferlement de violence, organisé tous les ans...
Ce livre m'a donner un milliard de frisson!!
Je suis une férue de livre d'horreur, j'ai l'habitude des récits hantés de fantômes ou esprits en tout genre, mais Shirley Jackson a su écrire l'angoisse et la peur ressentie lors d'un envoutement, emprisonner par une maison hantée. D'accord, peut être que mon ambiance bougies, pénombre et silence totale n'a fait que renforcer ma crainte mais c'est un livre que j'ai adorer!
La série sur Netflix inspirée de ce livre n'est pas si mal non plus bien que, comme toute les adaptations, il existe des modifications du livre que je ne comprend absolument pas.
Affectueusement surnommée « cette petite folle de Merricat » par son aînée Constance, la narratrice Mary Katherine a dix-huit ans, même si, à la lecture de son seul récit, alors qu’elle se complaît à se cacher dans les cabanes qu’elle construit, à enterrer des objets dans le jardin et à jouer avec son chat en rêvant de se réfugier sur la lune, là où personne ne lui imposerait de compagnie indésirable, on la prendrait volontiers pour une enfant. Avec sa sœur bientôt trentenaire et son vieil oncle impotent Julian, elle est l’un des trois derniers occupants de l’imposante maison Blackwood.
Cachée au plus profond de son vaste parc à l’abandon, en surplomb du village où Merricat est la seule à se rendre, avec la plus extrême répugnance, pour les courses hebdomadaires, la demeure semble en vérité se replier sur ses habitants, comme pour les protéger d’un monde extérieur qui ne serait que menace et hostilité. C’est d’abord au travers des sous-entendus perfides des villageois et des moqueries de leurs enfants, puis bientôt par la bouche de ce vieil original d’oncle Julian, aussi obsédé par ce qui s’est passé qu’incrédule d’y avoir survécu, que l’on réalise que les trois Blackwood se remettent à peine d’une énigmatique tragédie, qui, six ans plus tôt, a coûté la vie aux autres membres de la famille. Tous ont péri, mystérieusement empoisonnés. Tous, sauf Julian – très diminué depuis -, et les deux sœurs, dont la rumeur continue sans répit d’incriminer l’aînée.
Une impression d’étrangeté plane sur le récit mené par la déconcertante Merricat. Pour conjurer ce qu’elle perçoit de malfaisance chez les villageois qui la harcèlent, la jeune fille s’invente mille rituels protecteurs et bascule dans des images mentales emplies de haine noire lorsqu’ils sont sans effet. Chez elle, toujours flanquée de son chat, elle ne se départit de ses comportements sauvages et fantasques que pour se perdre en adoration devant la douce Constance. Les deux sœurs vivent dans un troublant état fusionnel, l’une mi-elfe mi-sorcière, l’autre véritable fée du logis permettant au trio de poursuivre son existence comme si de rien n’était, le dos tourné à la réalité. Et, pendant que dans la tête de la plus âgée, le temps semble s’être pétrifié dans une maison figée à l’heure du drame, comme si maintenir chaque objet à sa place pouvait effacer la mort de leurs propriétaires, les velléités protectrices de la cadette vont bientôt prendre une tournure inattendue lorsque surgira un cousin, visiblement tout sauf désintéressé.
Intrigué par un drame passé qu’il lui faut plus ou moins deviner au travers du seul prisme de personnages à la psyché de plus en plus manifestement dérangée, baigné dans une atmosphère d’étrangeté ambiguë laissant planer l’inquiétude, le lecteur se retrouve insensiblement entraîné dans une plongée obsédante au coeur de la névrose et de la paranoïa. Un classique adapté au cinéma à redécouvrir, pour son mystère, mais surtout pour son tableau troublant, notamment parce que vu de l’intérieur, de la maladie mentale.
« Le matin du 27 juin était clair et radieux, annonçant la chaleur d’une journée de plein été ; les fleurs s’épanouissaient à profusion et l’herbe était d’un vert luxuriant. »
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C’est par cet incipit que débute l’une des plus célèbres nouvelles de la littérature américaine du XXème siècle : « La loterie ».
Shirley Jackson plonge son lecteur dans un univers bucolique et l’emmène, au fil des pages, à la place du village où sont réunis l’ensemble des habitants pour l’évènement annuel qu’est la loterie.
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« Loterie bien menée, moisson presque arrivée. »
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L’ambiance est à la bonne humeur, on y retrouve des villageois souriants. La loterie démarre et tous, imperceptiblement, se crispent.
A chaque ligne lue, le suspense monte et gagne - au fur et à mesure - en intensité.
Le récit s’accélère jusqu’à … cette dernière phrase.
Limpide ! Implacable !
Le tour est joué.
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« La ville où elle habitait devait rester propre et saine, mais partout les gens s’adonnaient à la luxure, au mal, à l’infamie : il fallait les surveiller. »
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Les 13 nouvelles (est-ce fait exprès ?) qui composent ce recueil ont toutes pour cadre des scènes de vie banales avec des individus banals et que l’on va conduire jusqu’à leur point de rupture.
L’art dérangeant de Shirley Jackson repose sur cet anodin qui bascule dans l’horreur ; à cette capacité à maintenir son lecteur sur le fil du rasoir entre banalité et barbarie.
La romancière joue avec son celui-ci comme un chat avec une souris : elle crée une atmosphère sous tension et à peine soutenable qui grandit, implacablement, au fil des pages.
Le rythme et la structure de ses phrases semblent calibrés pour conférer à chaque mot un effet maximal. Chaque élément est à sa place, rien n’est superflu.
Et, c’est dans cette économie de mot qu’une large place est laissée à l’imagination du lecteur. En effet, chez Shirley Jackson, tout repose sur l’anticipation du mal et non sa manifestation.
J’ai ADORE cette lecture qui a été pour moi une suite logique après la découverte du recueil de nouvelles de Daphné du Maurier. Par ailleurs, je crois bien avoir découvert une nouvelle autrice « chouchou » dont les romans accompagneront indéniablement mes futurs automnes.
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