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1918, la guerre est finie, la paix est signée. Outre les familles des 1.375.800 morts et disparus, la patrie française doit s'occuper des 4.266.000 blessés. Parmi eux se trouvent 10 à 15.000 mutilés de la face. Les « gueules cassées », comme on les appellera.
Insensible aux médailles qu'on lui propose, notre héros découvre, jour après jour, les réalités de sa nouvelle « condition ». Mi-homme, mi-curiosité, il tente de survivre à la violence du regard d'autrui. En particulier celui des femmes (dont la sienne) qui préfèrent lui tourner le dos en toutes circonstances.
Si les compagnies un peu trop compatissantes ou la visite de bordels spécialisés permettent de réguler certains besoins physiques, les besoins de l'âme, eux, ont bien du mal à trouver satisfaction.
Un beau jour, il rencontre Sembene, un colosse d'origine Africaine. Une drôle de « gueule », lui aussi, avec ses dents taillées en pointe. Entre les 2 compères, c'est un partage d'expériences en tous genres qui démarre.
Un travail de fiction remarquable mené par Aurélien Ducoudray, par ailleurs journaliste spécialisé dans les documentaires et mis en scène par une jeune auteure de dessins animés.
Un récit poignant sur des êtres hors normes, meurtris dans leur chair pour leur pays et pourtant soumis à la violence du regard de leurs compatriotes. Des « broyés » de la guerre qui ont gardé la vie, mais pour vivre un nouveau cauchemar.
Une plongée sans concession dans le douloureux processus d'acceptation du handicap facial par les gueules cassées, mais aussi dans les dérives d'une société partagée entre curiosité, compassion et dégoût.
Gueules d'amour, gueules cassées, où est passé l'amour pour ces soldats défigurés de la première guerre ?
Cet album m'a profondément marqué : tout d'abord le trait au crayon de papier , rien n'est gai ni coloré pour ces hommes revenus défigurés, ils font peur à leur femme, à leurs enfants, les gens s'enfuient, la famille se détourne et les délaisse . C'est déjà dur de s'accepter comme ça . Certains n'y arrivent pas .
On voit bien le rapport au corps médical , leur seul lien avec le monde civil pendant de longs mois . Le retour à la vie sociale est difficile et douloureux. Adieu l'amour, adieu la vie, adieu toutes les femmes...Une part important est consacrée à la sexualité , comment aimer et se faire aimé quand on est devenu un monstre ?
Très intéressantes pages documentaires à la fin du livre .
Un sujet difficile traité de manière particulièrement humaine, nous voilà dans la peau de Gueules cassées, nous rentrons dans leur intimité sans tabou, sans pudeur et quel découverte ! Le travail des infirmières qui ça bien au-delà des simples soins, le ressenti de ces hommes.
Les illustrations au crayon donnent encore plus de profondeur et en même temps un peu de distance, par moment on prendrait ces portraits pour des marionnettes !
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