Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !
Les figures de Jeffrey Dahmer, Léon Spilliaert et Lazare forment tour à tour dans ce livre une étrange trinité de solitude. Dans Grand Saint-Vincent, Éric Sautou plonge son personnage, sa confession, son lecteur dans la forêt, dans la tourmente du mal, à bord d'une barque, dans la maison. « Ma vie est la plus seule » dit Dahmer, enfant tapi dans l'ombre des bois, à l'affût comme les animaux qu'il traque et tue, avec en lui la peur d'être trouvé - d'être sauvé ? Dans l'ombre il n'a plus peur, lui le chasseur traqué par le manque d'amour, par Dieu, par ce qu'il est. Cherchant l'écart car il est à l'écart, tiraillé, distendu des autres et de ce qui l'habite :
« mon corps est peuplé d'hommes étranges » dit-il. Hommes qui l'attirent et qu'il ne peut que tuer faute de pouvoir se tuer lui-même. Lentement, à force de glissades, de motifs répétés, tout en légères insistances, Éric Sautou enroule en une spirale de folie le portrait d'un enfant devenu homme qui perçoit qu'il faut mourir pour vivre, et qui déporte alors la mort sur les autres : qui abat humains et animaux. Pour ne pas souffrir, faire souffrir. Pour pouvoir respirer, étrangler. Toute sa solitude se déploie en silence, dans la chambre et sur les draps, plein de trop de désir impossible, il transforme le désir en mort au fond du lit.
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