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Joe Martello est le propriétaire d'une ferme au coeur de l'Illinois - de ces grandes fermes bio où se croisent travailleurs clandestins et jeunes wwoofeurs venus d'Europe. C'est par une copine de bureau qu'Áine entend parler de ce trentenaire mal léché. Quelques échanges par Skype plus tard, elle se décide à le rejoindre pour passer un été loin du carcan de sa vie de jeune mère divorcée dans sa province irlandaise. Et tant pis si elle doit emmener sa petite Daisy. Mais, sur place, rien ne se passe comme prévu. Joe et la ferme sont remplis d'ombres - et pas seulement celles des chauves-souris qui pullulent au grenier : une mère prof de piano qui a noyé dans les kilos le souvenir des cris nazis, son petit élève prodige germano-japonais, une ancienne camarade de fac que Joe n'a pas l'air enchanté de revoir... Le jour où elle met la main sur un ordinateur caché, Áine comprend qu'elle doit rentrer au plus vite en Irlande. Des années plus tard, sa fille partie à Chicago sur les traces de son grand-père fera de nouveau tourner ce kaléidoscope de trajectoires brisées... Construit comme un film choral, Génération est de ces romans qui vous maintiennent en alerte. Partant des traumatismes et des tabous que chaque génération lègue à la suivante, Paula McGrath bâtit un hymne à la jeunesse et au renouveau.
Ce livre est découpé en 5 parties : 1958-Printemps 2010-Eté 2010-2016-2027.
En apparence indépendantes, elles sont toutes reliées les unes aux autres. Les protagonistes ont des liens, de sang ou de hasard.
On y croise un jeune mineur de fond, une trentenaire divorcée mère d’une petite fille et en mal d’aventure dans sa vie trop banale. On y croise aussi une professeur de piano obèse, son jeune élève talentueux, son fils qui s’essaie à l’agriculture biologique .
Et quelques autres aussi... En toile de fond, les liens familiaux et la transmission des tragédies, l’immigration sur cette terre d’accueil qu’est l’Amérique (d’Irlande, du Japon, du Mexique, d’Europe centrale...). Chacun trimballe son origine et son histoire, et tente d’écrire sa propre page.
J’ai beaucoup aimé cette lecture, agréable, bien construite, dont les ellipses maintiennent le rythme et à la fin assez ouverte.
C'est un de ces romans où la tension créée par une construction efficace pousse à avancer, et qui réussit encore et encore à étonner, jusqu'à la fin. Il s'avère passionnant sur le thème du passage de relais entre générations pas forcément consécutives. Des sortes de sauts générationnels apparaissent entre les lignes de l'histoire, et les rapports entre les protagonistes deviennent alors plus clairs. le thème de l'immigration, de ses causes et conséquences, des attentes qu'elle porte et des déceptions qu'elle engendre, et là encore des impacts sur les générations suivantes, apparaît en filigrane, sans lourdeur, ni morale.
Une jolie découverte que ce premier roman un brin déroutant, comme je les aime, et une jeune auteure irlandaise à suivre, indiscutablement !
De 1958 à 2027, de l'Irlande aux USA ou au Canada, ce premier roman déroule une galerie de portraits, apparemment sans liens entre eux : des personnages singuliers et attachants, de Aine et sa fille Daisy qui arrivent dans une ferme bio du Midwest dirigée par Joe, un drôle de type franchement cradingue et accro aux pétards, ou encore Kane et sa mère japonaise.
L'histoire d'Aine et de sa fille aurait pu à elle-seule être la substance de ce roman, on les quitte à regret, il y avait de quoi en effet nourrir plusieurs chapitres.
C'est un roman sur la migration (trouver une nouvelle vie ailleurs, meilleure si possible, en tout cas moins terne) mais surtout sur la fuite, sur la quête de soi et la recherche d'identité au travers parfois de la généalogie.
La narration est douce et pourtant incisive, elle explore les rapports mère/enfant (protection, transmission du passé, espoirs) et les modèles familiaux dans leurs fragilité (famille monoparentale, divorce).
NB : Marie-Claude fait bien d'en parler dans les commentaires : le premier chapitre est un brin déconcertant avec l'emploi du "tu" narratif. C'est le seul chapitre concerné, celui qui évoque la migration originelle, celle du mineur irlandais. Le reste du roman est écrit à la troisième personne du singulier.
Un premier roman très réussi !
Qu’ont en commun les personnages de Génération, dont les portraits brossés par Paula McGrath nous apparaissent comme dans un kaléidoscope ? Le poids d’un passé beaucoup trop lourd pour leurs épaules et transmis par leurs parents et leurs grands-parents. Des démons qui les hantent de génération en génération. Qu’ils dépassent les frontières ou non, qu’ils traversent des océans ou restent sur leur continent, ils sont rappelés par leurs racines.
1958. Paddy, irlandais, quitte son pays pour aller travailler dans les mines au Canada. 2010, Aine, irlandaise, va faire du wwoofing dans la ferme de Joe Martello aux États-Unis, dans l’Illinois. 2027, Bellis, irlandaise elle aussi, prend l’avion pour aller au Canada, sur les traces de son grand-père. Paddy fuit son pays à la recherche d’une meilleure situation. Aine fuit l’angoisse de la routine et surtout son ex-mari, bientôt père d’un deuxième enfant. Bellis fuit quelque chose qui la ronge de l’intérieur.
A ces portraits s’ajoutent ceux de Joe Martello et de ses parents, Franck et Judy. Carlos, travailleur mexicain ; Vicky, ancienne camarade de fac de Joe ; et Makiko, dont le fils Kane, élève de Vicky, prend des leçons de piano avec Judy, complètent le tableau.
Tous ces personnages se croisent, comme dans un film chorale. Qu’ils passent quelques heures ensemble ou plusieurs semaines, leurs rencontres bouleversent la suite du roman et de leur existence. Si on peut comparer ce roman à un film choral, ce n’est pas seulement pour les liens qui unissent tous les personnages. C’est aussi pour le style de l’auteur. En quelques mots, le décor est posé. Comme si Paula McGrath avait une caméra et nous donnait à voir la scène. Ses descriptions pourraient être des didascalies dans un scénario. Des phrases courtes, percutantes, qui interpellent le lecteur.
Paula McGrath nous offre des descriptions sans concession de ces personnages qui gardent tout de même une part de mystère. Les années passent, les questions demeurent. Une certitude : chaque personnage joue un rôle important dans la vie des autres. Bien plus qu’ils ne veulent bien l’admettre. Les démons des générations précédentes continuent de les hanter mais pour certains, le retour aux sources peut s’avérer salvateur et porteur d’espoir.
https://vagueculturelle.wordpress.com/2017/01/16/generation-paula-mcgrath/
Au sein d’une ferme de l’Illinois, Joe l’agriculteur embauche aussi bien des travailleurs mexicains comme Carlos que de jeunes wwoofeurs (= bénévoles) venus de tous horizons prêter leurs bras pour être au plus proche de la nature. C’est ainsi qu’il rencontre Áine, qui aspire à changer de vie. Séduite, elle vient passer quelques semaines d’été dans la ferme avec sa fille Daisy, mais rien ne va se passer comme elle l’espérait…
Si toute l’histoire gravite autour de Joe et de sa ferme, il s’agit néanmoins d’un roman à la construction chorale, dont chaque personnage est relié d’une façon qu’on ne comprendra qu’une fois la toute dernière page tournée. Quel peut bien être le point commun entre Judith et Frank, Kane ou Vicky, un irlandais parti travailler dans un puits canadien dans les années 50 et une jeune fille prénommée Bellis ?
La partie du roman où Áine va de découverte en découverte inquiétante durant son séjour à la ferme est très cinématographique et aurait suffi à faire un thriller, Joe s’avère en effet être un manipulateur malsain (ce que l’on sait dès les premières pages du roman) se prenant pour un fermier bio, vivant dans un endroit totalement insalubre, et pire encore. Certaines scènes dont celle se déroulant dans un champ ou cette autre racontant la découverte de chauves-souris dans un grenier provoquent la même sensation qu’un film angoissant.
Ainsi Paula McGrath a-t-elle réussi à confectionner une mosaïque avec des enchaînements très inattendus mais solides, d’apparence complexe mais en arrivant à boucler la boucle avec brio, forcant l’admiration du lecteur surpris.
J’ai trouvé que « Génération » évoquait la famille sans concession aucune, comme si personne ne pouvait échapper au poids du passé, des secrets et des torts causés par ses ancêtres proches ou lointains. Peut-être tout de même l’espoir subsiste-t-il dans la nouvelle génération sur laquelle se referme le livre, celle qui part à la rencontre du passé pour essayer de le comprendre.
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