"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce livre est découpé en 5 parties : 1958-Printemps 2010-Eté 2010-2016-2027.
En apparence indépendantes, elles sont toutes reliées les unes aux autres. Les protagonistes ont des liens, de sang ou de hasard.
On y croise un jeune mineur de fond, une trentenaire divorcée mère d’une petite fille et en mal d’aventure dans sa vie trop banale. On y croise aussi une professeur de piano obèse, son jeune élève talentueux, son fils qui s’essaie à l’agriculture biologique .
Et quelques autres aussi... En toile de fond, les liens familiaux et la transmission des tragédies, l’immigration sur cette terre d’accueil qu’est l’Amérique (d’Irlande, du Japon, du Mexique, d’Europe centrale...). Chacun trimballe son origine et son histoire, et tente d’écrire sa propre page.
J’ai beaucoup aimé cette lecture, agréable, bien construite, dont les ellipses maintiennent le rythme et à la fin assez ouverte.
Trois femmes, trois parcours, trois vies différentes deux époques. 1982, Jasmine est une jeune femme qui quitte son village en Irlande pour Londres et va se passionner pour la boxe. Une gynécologue ne se sent plus à sa place dans le Dublin de 2012 où l’avortement est prohibé rappelons que les irlandaise auront du attendre 2018 pour en avoir le droit. Ali à seize ans, elle vie dans le Maryland après le décès de sa mère, elle prend la fuite pour ne pas vivre auprès de grands parents paternels qu’elle ne connait pas et qui tentent de la récupérer. Tout d’abord la structure du roman m’a perturbé puis j’ai aimé découvrir les différentes voix de ce roman chorale, des parcours de femmes au travers une société d’hommes, il y a indubitablement un côté féministe dans ce roman. Les chapitres alternent entre leurs différents parcours en s’attardant plus particulièrement sur l’une d’entre elle. C’est puissant, émouvant et parfois révoltant, la violence des situations et des propos m’ont sidéré. Le racisme et la misogynie apparaissent comme bien réel et cela fait mal. Cette fuite en avant est actée, fuir ses démons, ses dettes ou encore sa famille au sens propre comme au sens figuré le titre est parfait. A leurs côtés nous allons être les témoins de leur joie et de leur peine un peu comme si nous recevions leurs confidences. C’est une écriture engagée qui m’a charmé, les structures familiales sont explosées et l’on ne reconnaît plus la place du père et celle de la mère est en bien mauvaise état. Loin d’être définitive, cette vision progresse avec les personnages et leur parcours de vie. Des femmes étouffées par les conventions sociales qui font des choix pas toujours judicieux mais qui seront bien obligées d’en subir les conséquences bonnes ou mauvaises. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2019/08/25/37579269.html
C’est avec impatience et curiosité que j’attendais le deuxième roman de Paula McGrath car « Génération » sont premier roman m’avait fait forte impression.
Il semblerait que ce qui caractérise l’univers de Paul McGrath ce soit la condition des femmes en Irlande et ailleurs.
Les femmes les interactions humaines au sein de la famille et en particulier le rapport à la mère, plutôt dysfonctionnel ou inversion de la position mère-fille. Elle a une façon bien à elle d’en parler. Le père est soit absent (décédé) soit négatif (ex : oncle Adrian).
Nous avons 3 femmes, trois époques, trois lieux, trois âges. Chaque chapitre est identifié par la date et le lieu pour bien se repérer.
Paula McGrath donne la parole à ces femmes soit à la 1ère personne, 3 ième personne. Nous croiserons dans chaque moment de vie (âge différent) d’autres femmes. Il n’y a pas une alternance régulière. On va régulière. On va passer plus de temps avec l’une d’entre elle avant de retrouver une autre qu’on avait laissé à un cliffhanger. Cela donne un certain rythme à la lecture et accroche le lecteur.
Nous allons dont suivre les trajectoires de trois femmes qui vont faire des choix et surtout des rencontres décisives, amitié, amour, danger… vont venir mettre leur grain de sable dans les rouages causant des réactions en chaîne, faisant dévier la trajectoire du destin. L’herbe n’est pas plus verte ailleurs.
Le mouvement joue un rôle dans tout le roman que ce soit l’idée d’aller de l’avant, d’aller simple, d’aller retour, ou dans la gestuelle des activités. Cela imprime aussi un rythme à la narration.
Des femmes attachantes, touchantes avec leur force et leur fragilité qu'on aura plaisir à accompagner dans leurs errances, leurs découvertes et leurs choix.
Et les hommes me direz-vous ? On va avoir un vaste éventail de possibilités, pas tous mauvais heureusement, j'avoue ne pas m'avoir attardé sur leur cas. Paula McGrath ne propose pas une vision du monde manichéenne.
Quelque soit le sexe, la transmission (du savoir, des émotions, de l'histoire...) n'est pas toujours positive comme s'ils ne savaient pas passer le relais.
Le choix des différentes époques permet d'aborder des sujets particuliers, j'ai appris des choses sur 1983 que je ne connaissais pas, pourtant ce n'est pas si vieux, je vous laisse les découvrir.
La famille est un des sujets principaux. La dépendance à l’autre et la culpabilité qui créent des relations déséquilibrées. L’alcool et la violence font partie du décor.
La naissance, la vie, la maladie et la mort tous les sujets sont abordés sans complaisance.
L’autre thématique prépondérante est celle du « corps ». Corps en général mais féminin en particulier. On a une gynécologue. Corps aimé mais plus souvent malmené. Découverte de sa féminité, du plaisir mais aussi viol (ou tentative), agressions, accident, avortement… déchéance de la vieillesse et de la maladie. Le sport extrême… La relation corps et esprit est très importante.
Paula McGrath est autrice irlandaise à suivre. Je vous laisse découvrir les subtilités et les nuances de sa narration. Le titre en anglais « A difficult history » et le titre en français « La fuite en héritage » proposent deux regards différents, j’ai une nette préférence pour le titre en français car il met en avant ce que je disais plus haut à propos de la transmission et du mouvement.
Les Explorateurs de la rentrée littéraire 2019. Avis:
Dans ce roman, à 30 ans d'écart, deux très jeunes filles, Jasmine et Ali, fuient. L’une est irlandaise au début des années 80, l’autre américaine en 2012. Pour les deux c'est un peu les mêmes galères dans des pays et des époques pourtant différentes. En parallèle, une gynécologue dans la quarantaine n'arrive pas à se décider à partir pour une nouvelle vie, sa mère qui vit en maison de retraite la retient. Le début du roman est assez lent et l’auteur ne donne pas d'indice pour indiquer ce qui lie ces personnages. C'est intrigant et pousse à tourner les pages.
Chacune de ces femmes souffre, cherchant sa voie et la liberté. Elles rejettent la vie banale des gens ordinaires. Elles fuient physiquement, mais aussi en s’étourdissant dans le sport, les livres, l'alcool.
Jasmine est sauvée par la boxe. Bien que peu attirée par ce sport j’ai été passionnée par tous les chapitres sur ce sujet, quand les combats féminins étant interdits. J'ai beaucoup aimé la générosité du coach africain. Jasmine qui est le personnage le plus développé de ce récit, m’a touchée dans sa lutte pour survivre. La description de l'Irlande des années 1980 et de la génération précédente par la mère de Jasmine m’a beaucoup intéressée.
Avec ces adolescentes qui se cherchent et cette quarantenaire qui traverse également de grands questionnements, Paula McGrath aborde de nombreux thèmes sans jamais s'appesantir: les relations mère-fille, l’Irlande des années 1980, l'alcoolisme, les amours contrariés, le racisme, la violence, l'avortement, l'adoption forcée, l'absence du père, les non-dits..... Elle nous fait réfléchir sur l’impact de nos choix pour les générations suivantes, autour de la question de l’héritage.
Au cours du récit j’ai été intriguée par le fait qu’Ali, qui fuit le Maryland pour le Tennessee, soit la seule à dire "je", alors que peu de chapitres lui sont consacrés. Mais en fin de compte je pense que ça donne du punch à ce texte polyphonique.
Un certain manque homogénéité du récit m'empêche d’adhérer totalement à ces vies de femme que j'ai néanmoins accompagnées avec plaisir dans leur pérégrinations.
Explorateurs de la rentrée littéraire 2019 page 100 :
Jasmine s’est mise dans un beau pétrin à Londres, en 1982, après avoir quitté sa mère et l’Irlande. A Dublin, en 2012, une gynéco se pose des questions tandis qu’Ali fuit le Maryland en bien mauvaise compagnie. Pour le moment aucun rapport entre elles…
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