Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Un tueur à gages napolitain, résidant à Milan, fait son boulot (et parfois même des heures supplémentaires) sans aucun état d'âme. Impitoyable. Enveloppé dans la fumée d'une gauloise, il finira par rencontrer l'autre. L'autre est un boxeur raté, né en Sardaigne, d'origine milanaise. Coureur de jupons, visage abimé et la gâchette facile, toujours au service du mal. Quelqu'un a tué Pupa le ventriloque, le protégé du parrain local. Ce quelqu'un doit payer. On raconte que c'est le tueur aux gauloises... Igort revient à ses amours pour le noir dans la lignée de 5 est le numéro parfait ou Sinatra : une plume acérée, concise, taiseuse, qui installe immédiatement l'atmosphère des meilleurs polars. Andrea Serio y ajoute l'élégance et la chaleur du dessin aux pastels : après Rhapsodie en bleu, preuve est faite qu'il faudra compter sur cet auteur dans les années à venir.
Après coup, j'ai vu pas mal d'avis "coup de cœur" concernant cette BD et cela me surprend assez.
Je peux comprendre si on parle du point de vue graphique, car cette BD est une claque à quasiment chaque page. C'est juste magnifique, dessins aux pastels au rendu hallucinant. Une vraie merveille graphique, ça oui.
Au niveau histoire, je suis resté sur ma faim. Je ne comprends pas tout, je passe un peu à côté. Histoires de tueurs à gages … Italie. L'ambiance est posée, et je ne retiendrai que ça de l'histoire à vrai dire.
C'est dommage d'avoir une si belle œuvre, avec un scénario si "banal". Certains y verront des qualités… moi je reste sur ma faim. Mais plongez-y pour cet univers qui vaut tout de même le détour!
Que dire après les avis de Francinemv et de Bulle Noire ....?
Que ce type d'album est rare tant par le graphisme et les colorations qui contribuent à l'atmosphère générale de l'histoire des origines et de la destinée de ces deux tueurs et de leur rencontre ; avec une forte présence de certains lieux, villes (Ah! Naples !). Et la musique est là ... aussi ... pour accompagner cet esprit Jazz.
A apprécier comme quand on pouvait fumer des gauloises (plutôt sans filtre) dans leur paquet bleu avec le casque d'Astérix (ma première cigarette d'ailleurs et pas à l'armée - mais je parle ici d'un temps que ... ), avec ou sans café. Et pour le coup ... une lecture qui ne nuit pas à la santé.
Le Serio nouveau est arrivé ! Où ça ? Chez Futuropolis et à l’instar de Rhapsodie en bleu, un de mes gros coups de cœur paru chez ce même éditeur en 2020, Gauloises ce nouvel album d’Andrea Serio scénarisé par Igort est une merveille graphiquement parlant. Milan, drôle d’endroit pour une rencontre, duel au soleil entre deux tueurs à gages.
Ciro est un fumeur de gauloises
Tout commence à Milan et se termine à Milan. Entre les deux, l’histoire ou plutôt deux histoires, celles de deux hommes aux parcours différents mais à la destinée commune.
D’abord, il y a Ciro, notre fumeur de gauloises dont les volutes bleues planent sur tout l’album. Classieux, dégaine à la Delon dans Le samouraï, ce Napolitain d’origine résidant à Milan est un tueur froid, tombé gamin dans le giron de la camorra. Ensuite, il y a Aldo, ancien boxeur raté qui a quitté son île natale à la recherche d’une vie meilleure et finira par se mettre également au service de la mafia.
L’un exécute un contrat, l’autre va être chargé de l’éliminer.
L’affrontement entre les deux hommes est inévitable...
Une écriture à l’os
Connu pour ses Cahiers (japonais, russes, ukrainiens) parus également chez Futuropolis, le scénariste sarde Igor Tuveri dit Igort renoue ici avec le polar et la mafia, univers qu’il avait déjà exploré quelques vingt ans auparavant dans 5 est le numéro parfait, paru aux Éditions Casterman.
Dans Gauloises, paradoxalement, il y a peu de scènes d’action.
Entre Naples et Milan, années 60
S’il n’est fait aucune mention de l’époque à laquelle se déroule le récit, plusieurs indices nous amènent à le situer dans les années 60 : les vêtements et la coiffure d’Ada, car comme dans tout polar qui respecte on y croisera des femmes, le disque d’Ornette Coleman sorti en 1959, l’évocation d’un autre duel entre deux légendes du Calcio, Mazzola, le mythique capitaine de L’Inter Milan versus Rivera, celui du Milan AC et enfin les voitures, notamment la Giulietta Spider de Ciro.
Les visages des deux protagonistes sont de marbre, impénétrables. C’est à travers leurs actes et ce qui gravite autour d’eux que les personnages vont prendre chair et nous promener entre Naples et Milan. Le Rione Sanita, fief de la Camorra et la baie de Naples vont céder la place à Bovisa, quartier industriel de Milan. La balade s’achèvera Piazza del Duomo, lieu emblématique de la capitale lombarde...
Les pastels d’Andrea Serio : Entre brume et lumière
Après Rhapsodie en bleu (2020) et Le poids du papillon (juin de cette année), le Toscan Andrea Serio signe là, pour notre plus grand plaisir, son troisième album chez Futuropolis. On retrouve toute la beauté, l’élégance de ses pastels aux bleu et jaune lumineux. Brumeux quand ils évoquent la fumée des fameuses gauloises et des usines, ils vont au contraire flirter avec un réalisme quasi photographique lors d’un gros plan sur un sac poubelle ou la reproduction d’un portrait du boxeur Jack Dempsey, idole d’Aldo. Adoptant un style plus épuré, ils vont jouer avec la lumière à travers de larges aplats aux formes géométriques pour planter le décor lors des scènes d’intérieur.
La lumière, elle, inonde les scènes d’extérieur et souligne également le temps qui passe comme dans ces deux planches en vis à vis représentant une promenade en baie de Naples, la silhouette de Castel dell’Ovo se détachant en arrière-plan. Deux pages quasi identiques : sur la seconde planche cependant, le bleu lumineux et les vêtements estivaux auront cédé la place au blanc et bleu froid de l’hiver, les protagonistes étant vêtus conformément à la saison.
Et puis il y a cette étrange alchimie avec le texte qui fait d’une image a priori ordinaire tout un symbole comme cette cafetière napolitaine liée par les mots à San Genarro, patron de la ville qui tire son nom de Janus, le dieu à deux têtes, l’une tournée vers le présent, l’autre vers l’avenir ...
Ciro, Aldo, Naples, Milan … Une narration à deux voix, qui se répondent : l’écriture à l’os d’Igort alliée à l’illustration somptueuse d’Andrea Serio font de cet album un polar fascinant.
Retrouvez la chronique augmentée sur le site "Bulles de Dupont"
https://bulles2dupondt.fr/2022/09/07/gauloises/
L’Italie, peut-être les années 60 ou 70, deux hommes, deux histoires, deux destins qui sont amenés à se croiser. Ciro le napolitain, né pour tuer… Aldo l’îlien, ancien boxeur, monté à Milan pour changer de vie…. L’un va être chargé d’éliminer l’autre.
Un polar plutôt classique donc mais sublimée, et le mot est faible, par le dessin d’Andrea Serio. Déjà brillant dans « Rhapsodie en bleu », le dessinateur italien démontre encore une fois toute l’étendue de son talent : ce qu’il réalise avec ses crayons est magique. Il parvient à créer une atmosphère pesante, palpable avec des cadrages variés et des planches qui font penser ni plus ni moins à Edward Hopper.
C’est un album qui s’admire plus qu’il ne se lit. Peu besoin de mots quand le dessin porte à ce point le récit.
On a d’ailleurs le sentiment qu’igort a laissé volontairement la place à Serio pour qu’il s’empare du sujet et le laisse se diffuser, les sensations sont palpables et je me suis surpris à sentir cette odeur familière de Gauloises que fume Ciro sans discontinuer, celles là même que fumait mon père.
Cet énorme coup de cœur graphique est à montrer à ceux qui douteraient encore que la BD est bien le 9ème art. Un album à savourer, à regarder de temps en temps, comme une gourmandise.
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