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Pour que le désir perpétue l'espèce humaine ? Pour que le plaisir la fonde ? Parce que la saveur de l'aliment mastiqué inciterait mécaniquement à développer un nouveau sens ?
Aristote affi rmait : « C'est par le goût que l'on distingue dans la nourriture ce qui est agréable et ce qui est pénible de façon à poursuivre la recherche de l'un et éviter l'autre et, d'une manière générale, la saveur est une qualité du nutritif. » Quelques siècles avant notre ère, quand la philosophie voyait le jour et, avec elle, le monde moderne et notre approche de l'existence, le Stagirite associait le plaisir avec la notion même de goût.
Et pourtant, parent pauvre des cinq sens, le goût a été méprisé, vilipendé, ignoré, boycotté par au moins vingt siècles de philosophie à l'aune de la culture chrétienne qui considérait le plaisir comme démoniaque et culpabilisait le désir charnel et gourmand, allant jusqu'à faire de la gourmandise un des péchés capitaux. Seul le spirituel, l'éthéré, était censé glorifi er l'Homme.
Le plaisir était aliéné et celui qui en profi tait trop visiblement, formellement condamné, non sans hypocrisie au vu des usages des cours royales ou papales.
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