"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Atsuko a hérité de son père une petite ferme. Elle a décidé de s'y consacrer. Son mari, Mitsuo, a quitté son emploi de rédacteur dans un journal d'une grande ville pour fonder une revue dans la petite ville voisine.
Un nouveau rythme de vie s'est mis en place. Atsuko, débordée par les tâches familiales, agricoles et administratives, décide de recruter une assistante. Mme Enju, qui présente pour le poste, se révèle être Fukiko, une ancienne amie de lycée d'Atsuko..
Et tout va s'en trouver bouleversé.
"Fuki-no-tô" est le quatrième tome de la pentalogie "L'ombre du chardon",. Je l'ai lu après avoir découvert les trois premiers dans le désordre. L'autrice reprend ici un des personnages de "Azami", le premier opus de la série, mais elle ne lui donne pas le premier rôle. Mitsuo s'efface derrière Atsuko, son épouse. A. Shimazaki s'offre ainsi l'occasion de parler de ruralité (sous une forme un peu élitiste quand même) et de traiter un sujet tabou dans presque toutes les sociétés, celui de l'homosexualité féminine.
Le thème est traité factuellement, avec délicatesse, en suggestion plus qu'en description, et surtout pas en analyse. Des retrouvailles, un élan, une opportunité, et la vie est transformée... Mais l'on perçoit bien aussi tout ce qui s'y oppose : le regard de la société, le rôle assigné aux femmes dans l'équilibre familial, etc.
L'écriture à la première personne (l'héroïne est la narratrice) permet de centrer le roman sur le personnage principal. On découvre progressivement son vécu, ce qu'elle croit être ses certitudes et ses interrogations. On vit avec elle ses ébranlements... Les autres personnages, l'époux, les enfants, Fukiko, servent en fait de miroir. Ils renvoient l'image de ce qu'Atsuko est, de ce dont elle a envie, de ce qu'elle n'ose s'avouer.
J'ai attendu deux ans et demi, et l'opportunité d'un voyage au Japon, pour lire ce quatrième tome. J'ai retrouvé avec plaisir l'écriture concise, précise, limpide, de l'autrice. L'histoire qu'elle nous conte en moins de deux cents pages en aurait nécessité beaucoup plus sous la plume de beaucoup d'autres écrivains.
J'ajouterai que la plume est délicate. Le sujet n'est pas si facile à traiter. Aki Shimazaki le fait tout en suggestion et délicatesse. Un enchantement.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2024/10/11/lombre-du-chardonfuki-no-to-daki-shimazaki-chez-actes-sud-delicatesse-japonaise/
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