"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La dernière fois que Tsuyoshi Toda a vu son père, c'était en 1942, quand ce dernier partait travailler en Mandchourie, d'où il a été déporté en Sibérie après la fin de la guerre. Vingt-cinq ans plus tard, alors que sa mère sombre peu à peu dans les errances de l'alzheimer tout en conservant l'espoir de revoir un jour son mari, Tsuyoshi apprend que son père, porté disparu, est vivant au Japon. Lorsque le père accepte de rencontrer son fils, seul, il lui remet une lettre dans laquelle il explique les raisons de sa disparition: ce qui s'est passé sur le bateau qui le ramenait au Japon a brisé net le cours de sa vie. D'une logique dramatique imparable, ce roman explore le destin d'êtres que l'Histoire a broyé dans les replis de ses silences honteux.
Me revoici immergée dans le plume toujours aussi délicate d'Aki Shimazaki.
Je lis l'histoire de cette famille dans le désordre ; cela n'a pas tant d'importance finalement.
Il est questions ici de l'histoire de japonais déportés en Sibérie, du deuil impossible d'un père dont on est sans nouvelle, d'une mère qui sombre lentement dans la sénilité mais qui attend toujours, au bout de 25 ans, le retour de l'être aimé, d'un fils encore bien jeune qui va devoir grandir trop vite pour s'occuper de sa famille et tenter de remplacer l'absent.
Comprendront-ils un jour ?
Le style est élégant et minimaliste ; il n'y a pas un mot de trop.
C'est doux, nostalgique et émouvant.
Après le muguet, voici la grenade et Tsuyoshi Toda, le supérieur bienveillant de Takashi Aoki. A travers son émouvante histoire personnelle, Aki Shimazaki évoque une page sombre de la grande Histoire et le sort des prisonniers japonais en Sibérie soviétique. Ces hommes abandonnés à leur sort ont finalement été rapatriés au Japon sous la pression des familles, des années après la fin de la guerre.
L’autrice en profite pour dénoncer la façon dont on enseigne l’Histoire dans les écoles japonaises, en passant sous silence certains faits peu glorieux. Ainsi, le sort des 600 000 Japonais envoyés dans les camps de travail soviétiques est tu et rien n’est dit de leurs abominables conditions d’incarcération, de leur retour chaotique, de l’indifférence de l’Etat et du nombre de morts.
Mais si le sujet est grave, Aki Shimazaki le traite avec toute la délicatesse et la poésie qu’on lui connait. Malgré les malheurs, un destin peu favorable et une séparation forcée, les Toda font passer le message que l’amour est plus fort que tout, qu’il traverse le temps et les épreuves et qu’il triomphe de tout.
Beau dans sa simplicité, ce deuxième volet de ‘’Au cœur du Yamato’’ est tout aussi réussi que le premier, un moment hors du temps, dans l’intimité de cette famille meurtrie mais pudique et aimante. Encore un joyau de cette autrice qui sait toucher et émouvoir en peu de mots.
Livre agréable à lire.Dans un récit plein de pudeur et de délicatesse, l'auteure déroule une histoire méconnue engendrée par la grande Histoire , celle de la déportation de Japonais de Mandchourie en Sibérie à la fin de la seconde guerre, la Mandchourie étant alors sous contrôle soviétique.L'URSS n'a pas respecté l'accord de Postdam qui prévoit le rapatriement au Japon des détenus.
Le récit déroule les conséquences concrètes de ces déportations à travers le cas d'une famille . le père ne revient pas des camps de Sibérie mais la raison s'oppose au trouble engendré par le déni de sa mort.
Le Zakuro , nom donné au Japon au fruit du grenadier, est le talisman qui relie les personnages du récit.
Et l'histoire?
Le père du narrateur a disparu en Sibérie, après la fin de la guerre, en 1945.Il a été vu par plusieurs Japonais dans un camp de travaux forcés en 1947. La mère et ses enfants sont contraints de réorganiser leur vie, le narrateur abandonne ses études. En 1960 la mère refuse de reconnaître le décès de son mari,Puis c'est le coup de théâtre alors que le père a disparu depuis 25 ans.Un ami du narrateur, Koji, remarque par hasard un homme en qui il reconnaît le père du narrateur dans un café aux États-Unis.Il obtient des renseignements du patron : le père de son ami est marié, père d'un fils de 35 ans , il tient un restaurant au Japon. Il a changé d'identité…Pourquoi ?
Deuxième volet du cycle 'Au cœur du Yamato', Zakuro est centré sur Tsuyoshi Toda, un des responsables de l'entreprise Goshima de Tokyo, où travaillait Takashi Aoki dans le volume précédent du cycle. On apprend notamment que Tsuyoshi Toda avait été un farouche défenseur de la prise en charge par l'entreprise des frais d'études de Takashi suite au décès de son père. Mais là s'arrêtent les liens avec Mitsuba.
Le cœur de Zakuro concerne les relations entre Tsuyoshi Toda et son père. Ce dernier, envoyé en Mandchourie puis fait prisonnier en Sibérie pendant la seconde guerre mondiale, n'en est jamais revenu. Son épouse est persuadée qu'il est toujours vivant mais il n'a jamais donné signe de vie, ni n'a figuré sur les listes de japonais morts en Russie ...
Zakuro a interrompu ses études pour prendre en charge sa mère et ses jeunes frères et sœurs et, par un travail acharné est arrivé à un poste de responsabilités, s'est marié mais n'a pas eu d'enfants.
Et un beau jour, il apprend qu'un de ses amis a cru reconnaître son père à Los Angeles !
Les retrouvailles du père et du fils seront émouvantes, et c'est par une longue lettre que le père donnera les raison s de son silence et de sa non-réapparition.
Un roman tout d'émotion contenue, où on découvre par petites touches les rigueurs de la vie japonaise dans les années 40 à 70.
Aki Shimazaki déploie son immense talent dans la description de la vie des familles, de sacrifices filiaux, en espoirs maternels
Ce second volume confirme le précédent et me donne envie de découvrir rapidement le tome suivant :)
A suivre, donc !
J’ai retrouvé avec plaisir la plume de cette auteure qui m’avait déjà ravie avec Le poids des secrets.
Il est encore question de secret, dans ce roman, qui nous emmène cette fois en Sibérie où des japonais, ayant été fait prisonniers à la fin de la guerre, ont été déportés.
Toujours autant de douceur dans ces pages, avec pour leitmotiv le zakuro, la grenade rouge qui accompagne symboliquement les membres de cette famille dispersée.
L’image que je retiendrai :
Celle de Tsuyoshi sommeillant dans son fauteuil en ouverture et en fermeture du roman.
http://alexmotamots.wordpress.com/2015/10/16/zakuro-aki-shimazaki
Malgré le tragique de l'histoire de ce père qui aurait oublié sa famille, les années difficiles qu'il a passées en Sibérie, le traitement inhumain qu'il a subi, "Zakuro" est un roman qui coule, doucement, pudiquement, avec quelques touches d'une grande poésie et de jolies images. Il permet aussi d'apprendre la persécution dont ont été victimes des milliers de Japonais, de découvrir certaines coutumes et croyances, la valeur des symboles, une ouverture sur ce monde que je connais très peu.
Jolie découverte que ce roman, je ne manquerai pas de lire d'autres ouvrages d'Aki Shimazaki.
Une histoire dramatique racontée avec beaucoup de sobriété : la guerre, l'après-guerre, les destructions, les prisonniers de guerre, les exodes et les mouvements de population au Japon, Aki Shimazaki raconte tout cela avec retenue et sans s'apitoyer sur son sort. La disparition du père du narrateur changera dramatiquement le cours de sa vie et celle de sa famille dans un pays dévasté par la guerre, mais il s'attache à démontrer qu'au milieu du chaos économique et mental, l'amour demeure intact : belle leçon d'espoir !
Shimazaki Aki (à la nipponne : le nom avant le prénom) est japonaise, vit au Québec et a écrit ce livre directement en français. Agresseur ou agressé, le peuple japonais porte une lourde histoire, particulièrement dans les années 30 et 40. L’épisode qui fonde le livre concerne la Mandchourie convoitée par la Russie et le Japon. Banzô Toda, père du narrateur est envoyé en 42 par son entreprise de TP dans cette colonie alors japonaise et y installe sa famille. Menacée par la reconquête russe, la famille revient au Japon début 45, sauf le père qui sera déporté quelque temps plus tard en Sibérie où il est porté officiellement disparu. L’intrigue se noue par le hasard d’une rencontre à Los Angelès en 1970 : Banzô Toda est vivant, il s’appelle Eiji Satô et tient un restaurant avec sa nouvelle épouse, à Yokohama tout proche de Tokyo où vit encore sa première femme, entourée de sa famille. Pourquoi s’est-il construit cette seconde vie ? Il livrera son lourd secret à son fils.
On sent à travers le livre que ce proche passé pèse lourd dans la mémoire collective nippone, vaincue en 45 après une longue période d’expansion militariste en Asie, ce qui touche un occidental si l’on se rappelle que le Japon et l’Allemagne nazie avaient pactisé en 1936 : leur littérature, notre littérature y trouvent des origines communes, « l’origine de la violence » !
L’auteur ne trompe pas son monde en décrivant finement un pays fondé simultanément sur la violence et l’art de vivre, symbolisé par le zakuro (la grenade, fruit du grenadier) introduit malicieusement en fil rouge du récit. Clin d’œil du cosmopolitisme de l’auteur : le français attache un double sens au mot grenade. Cette trouvaille est à l’image de ce petit livre finaud dont l’écriture très simple porte la gravité du propos.
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