Le nouvel opus de la romancière américaine divise nos lecteurs
Jules Epstein a disparu. Après avoir liquidé tous ses biens, ce riche new-yorkais est retrouvé à Tel-Aviv, avant qu'on perde à nouveau sa trace dans le désert. L'homme étrange qu'il a rencontré, et qui l'a convié à une réunion des descendants du roi David, y serait-il pour quelque chose ?
A l'histoire d'Epstein répond celle de Nicole, une écrivaine américaine qui affronter le naufrage de son mariage. Elle entreprend un voyage à Tel-Aviv, avec l'étrange pressentiment qu'elle y trouvera la réponse aux questions qui la hantent. Jusqu'au jour où un étrange professeur de littérature lui confie une mission d'un ordre un peu spécial...
Avec une grande maîtrise romanesque, Nicole Krauss explore les thématiques de l'accomplissement de soi, des métamorphoses intimes, et nous convie à un voyage où la réalité n'est jamais certaine, et où le fantastique est toujours à l'affût.
Le nouvel opus de la romancière américaine divise nos lecteurs
Quand 50 Explorateurs partent à la découverte des romans de cet automne...
Mouais, bof bof. Un roman bien écrit mais l'histoire ne m'a pas pasionnée car je ne vois pas où voulait en venir l'auteur...
Ni Nicole écrivain en mal d'inspiration et en crise perso, ni Jules, avocat richissime à la recherche... de quoi au fait? ne m'ont passionnée... une déception!
Pour faire simple et en résumé, pour ce roman, j'ai tout aimé.
D'abord le style. J'ai trouvé que l'écriture, la précision des mots, la construction des phrases, le vocabulaire (et la traduction), tout était de très grande qualité. Il y a un vrai travail d'écrivain qui justement écrit, travail son texte. Nous ne sommes pas là sur des "copier-coller" de bouts de textes sans queue ni tête, ni sur un roman écrit à la va vite sans respect du lecteur. Non, nous sommes là face à un remarquable travail d'auteur, de la haute couture.
Puis, il y a l'histoire, enfin les histoires car deux parcours se mêlent.
D'un coté l'histoire de Nicole cette femme écrivain qui part sur les traces de Kafka, entre rêve, fantasme et réalité. Cette femme qui, en fait, se cherche elle même jusqu'à voir son double et qui finira par un travail d'introspection magnifique sur elle même, son couple, ses enfants, son travail même écrivain. Et là on voit bien que l'écrivain est "double-face" avec son aspect "vie privée" ancré dans la réalité de son quotidien et son aspect "vie auteur" et sa création littéraire, son propre monde imaginaire qu'il met en scène jusqu'à brouiller la frontière entre réel et imaginaire.
De l'autre coté l'histoire de Jules Epsetine qui lui aussi est bien à la recherche de quelque chose, mais là sa quête est plus diffuse, plus subtile, car il arrive à la fin de sa vie et prend conscience qu'il a perdu ce qui donnait justement un sens à la vie.
Et sur tout cela se mêlent des réflexions philosophiques, religieuses, politiques d'une grande érudition. L'auteur pousse donc à l'exigence tant sur la forme que sur le fond, avec un parfait équilibre entre les deux, ce qui rend la lecture stimulante et passionnante. Ce n'est absolument pas un livre facile, parfois un peu hermétique, peut être fallait il connaitre les autres livres de cet auteur avant (ce qui n'est pas mon cas, j'ai découvert Nicole Krauss avec ce roman), afin d'avoir des clés de lectures.
Explorateurs de la rentrée littéraire 2018 – Ma chronique:
Après avoir lu le nouveau roman de Nicole Krauss me revient en mémoire l’entretien de Camille Laurens et Laure Adler sur France-Culture et cette affirmation de la romancière : «je pense comme Marcel Proust qu’on écrit toujours le même livre, parce qu’on est hanté par quelques obsessions. Mais à chaque fois je cherche une forme différente, peut-être pour dire toujours la même chose… »
« Forêt obscure » s’apparente en effet beaucoup à « L’histoire de l’amour » qui a fait connaître l’Américaine en France. En y retrouve le travail sur la mémoire et le deuil, la judéité et la littérature.
Les chapitres, empilés à la manière d’un mille-feuille, nous offrent d’abord de suivre Jules Epstein en Israël où ce riche New-yorkais a disparu sans laisser de traces, puis de revenir sur son parcours avec ses enfants Lucie, Jonah et Maya qui tentent de trouver les indices susceptibles d’expliquer cette disparition. Entre-temps, on aura fait la connaissance de Nicole, écrivain de son état, qui a suivi le même chemin qu’Epstein et a aussi séjourné au Hilton de Tel-Aviv. L’hôtel peut du reste être considéré comme un personnage du livre, tant il y est présent, y compris en photo.
Pour lier les couches du mille-feuilles, on retrouve d’une part la quête d’Epstein sur l’identité juive, ponctuée par la rencontre avec un rabbin qui entend lui démonter qu’il est un descendant direct de David et d’autre part le travail d’écriture de Nicole, également marqué par une rencontre avec un professeur de littérature qui aurait retrouvé des manuscrits de Franz Kafka.
Entremêlant les réflexions du vieil homme sur le sens de sa vie, la généalogie de David avec le portrait des enfants et petits-enfants d’Epstein, l’exégèse et les interprétations du rabbin avec des scènes de la vie quotidienne en Israël Nicole Krauss essaie d’élaguer cette forêt obscure, mais il faut bien reconnaître que son érudition et sa construction ne nous facilitent pas la tâche.
On peut certes choisir de se laisser emporter par les projets et les obsessions de cet homme. Par sa volonté farouche de vouloir laisser une trace, par exemple en faisant planter des hectares d’arbres dans le désert de cette terre promise. Alors son argent lui permettra peut-être de «prendre racine» dans ce pays et de s’assurer une postérité.
On pourra mettre en parallèle le destin de Kafka sur cette même terre et le choix de l’écrivain de se fondre dans la masse, de travailler dans un kibboutz, d’oublier la littérature. À l’image de ce contraste en noir et blanc choisi pour la couverture du livre, on comprend que la quête de la lumière à tout prix est sans doute la moins bonne voie pour laisser sa trace dans l’Histoire.
Un roman que je ne conseillerai qu’aux lecteurs passionnés par la thématique présentée ici tant sa lecture est exigeante.
Avis de la page 100
Un livre qui démarre plutôt bien. L'écriture est agréable et j'adore les Editions de l'Olivier!
Quelques photos à un moment donné me plaisent bien et étayent le récit...
Jules Epstein, riche New-yorkais a disparu. On retrouve sa trace à Tel Aviv.
Nicole, écrivain en pleine crise personnelle et professionnelle, se rend, elle ne sait pour quelles raisons, également à Tel Aviv.
Je me doute que les deux récits vont se rejoindre. j'y retourne très vite car j'ai envie de connaitre la suite!
Chronique
J’ai finalement été un peu déçue par la suite du roman, après avoir été accrochée par les 100 premières pages. Nous suivons en alternance les deux personnages principaux, l’avocat Jules Epstein et la romancière Nicole (qui n’a pas de nom de famille mais porte le même prénom que l’auteure!) et je pensais que les deux histoires allaient se rejoindre. Et bien que se trouvant dans la même ville, Tel-Aviv, à des moments semble-t-il similaires, les deux « héros » ne se rencontrent jamais . Certains peuvent penser qu’ils se croisent mais rien n’est sûr dans ce roman ...
Ils poursuivent chacun un « rêve » que je n’ai pas vraiment réussi à comprendre et qui m’a laissée sur ma faim. On parle beaucoup de Kafka et de culture juive dans ce roman très ancré sur le mode de vie en Israël de nos jours ainsi que sur la judaïté. Et je me suis un peu perdue dans les rues de Tel-Aviv et dans le désert où les héros de l’histoire cherchent des réponses au sens de leurs vies.
Ce qui m’a un peu gênée tout au long de ma lecture surtout dans la deuxième moitié du roman, c’est ce flou entre réalité et rêve que l’on perçoit sans toutefois en saisir la portée . Le roman se lit facilement, mais je n’ai pas réussi à comprendre où voulait m’emmener l’auteure ni son message s’il y en a un…
Avis de la page 100:
Jules Epstein, riche avocat juif new-yorkais et Nicole, auteur à succès en manque d'inspiration, arrivent tous deux à un tournant de leur vie et remettent en cause ce qu'ils sont et les valeurs auxquelles ils ont accordé de l'importance jusqu'ici.
Souhaitant l'un et l'autre revenir sur les lieux de leur enfance, ils vont se rendre à l'hôtel Hilton de Tel-Aviv: l'un retrouvera un rabbin qui l'invite à une réunion en présence des descendants du roi David, l'autre est accueillie par un professeur de littérature à l'université qui va lui confier une mission étrange au sujet de Kafka.
Ces rencontres donnent lieu à des réflexions philosophiques et théologiques: nos deux personnages s'interrogent en effet sur le sens de la vie, les liens qui les attachent à leur famille, la judéité, Dieu...
A ce stade du roman, on se demande s'ils parviendront à atteindre leur but et à trouver une forme d'apaisement...
Avis final :
C'est une œuvre exigeante que nous propose Nicole Krauss, un texte nourri de philosophie, de métaphysique, de théologie et qui s'intéresse aussi à la création littéraire.
En effet, dans son dernier roman, elle met en scène deux personnages que l'on va suivre et qui ont comme point commun d'arriver à un tournant de leur vie, à un moment où ils ressentent la nécessité de tout remettre en cause. Dévorés par le doute et le sentiment de ne pas avoir suivi le bon chemin sur la route de l'existence, ils vont vivre chacun à leur manière une espèce de basculement, un nouveau départ qui revêt la forme d'une quête : quitter une petite vie bien ordonnée, bien organisée pour se lancer ailleurs dans une espèce de chaos dont ils sortiront, du moins l'espèrent-ils plus ou moins consciemment, peut-être autres, en tout cas réinventés. C'est risqué, très risqué même, mais les personnages de Nicole Krauss osent. C'est leur caractéristique et c'est aussi ce qui permet… le roman !
Pour Jules Epstein, un richissime avocat juif new-yorkais qui a brillé toute sa vie durant, la « transformation » (transfiguration?) va tout d'abord consister à donner une grande partie des ses biens et de son argent. S'alléger du poids des possessions matérielles pour se tourner vers plus de spiritualité. Pour ce retour en lui-même, il lui faut impérativement retourner vers les lieux qui l'ont vu naître en Israël.
Il va séjourner à l'hôtel Hilton de Tel-Aviv où Nicole, une écrivaine juive américaine à succès, va également résider. Elle aussi est en pleine crise : son couple va mal, elle n'a plus d'inspiration et s'ajoute à cela le sentiment étrange d'être double : une mère aimante mais engluée dans sa vie de famille et une écrivaine à la recherche de l'inspiration. Souhaitant écrire sur l'hôtel Hilton de Tel-Aviv où elle passait ses vacances, enfant, elle part en Israël, elle aussi.
Le voyage des deux protagonistes ainsi que les rencontres qu'ils feront les conduiront à se remettre en question : Epstein s'interrogera par exemple sur les liens qu'il a créés avec sa femme et ses enfants, sur le sens de sa vie et sur Dieu.
Quant à Nicole, il lui faut accomplir une mission qu'un universitaire lui a confiée : retravailler la biographie de Kafka.
Tous deux, contrairement à Joseph K. dans Le Procès - qui demeure assis devant la porte de la Loi sans jamais oser pénétrer dans la pièce alors qu'il se devait de le faire - , iront plus loin, franchiront les limites, accompliront leur destin, s'échapperont et pénétreront dans la forêt obscure de leur être et du monde afin d'y trouver une forme de liberté, de vérité et de repos (for rest...).
Peut-être qu'Epstein et Nicole avaient « une prédisposition à l'espoir et au désir ardent » dont Joseph K. (Kafka) était dépourvu.
Forêt obscure est un roman complexe dans lequel les références aux textes et aux rites juifs, les analyses et interprétations des livres sacrés, les réflexions sur le sens de la vie, la notion de destin à accomplir sont autant d'interrogations qui invitent à de multiples interprétations.
Une lecture passionnante et intellectuellement stimulante !
LIRE AU LIT http://lireaulit.blogspot.fr/
Explorateurs de la rentrée littéraire 2018 – Point d'étape page 100:
Après avoir lu les 100 premières pages du nouveau roman de Nicole Krauss me revient en mémoire l’entretien de Camille Laurens et Laure Adler et cette phrase «je pense comme Marcel Proust qu’on écrit toujours le même livre, parce qu’on est hanté par quelques obsessions. Mais à chaque fois je cherche une forme différente, peut-être pour dire toujours la même chose…»
«Forêt obscure» s’apparente en effet beaucoup à «L’histoire de l’amour» qui a fait connaître l’Américaine en France. En y retrouve le travail sur la mémoire et le deuil, la judéité et la littérature.
Les chapitres, empilés à la manière d’un mille-feuille, nous offrent d’abord de suivre Jules Epstein en Israël où ce riche New-yorkais a disparu sans laisser de traces, puis de revenir sur son parcours avec ses enfants Lucie, Jonah et Maya qui tentent de trouver les indices susceptibles d’expliquer cette disparition. Entre-temps, on aura fait la connaissance de Nicole, écrivain de son état, qui a suivi le même chemin qu’Epstein et a aussi séjourné au Hilton de Tel-Aviv. L’hôtel peut du reste être considéré comme un personnage du livre, tant il est présent.
Pour lier les couches du mille-feuilles, on retrouve d’une part la quête d’Epstein sur l’identité juive, ponctuée par la rencontre avec un rabbin qui entend lui démonter qu’il est un descendant direct de David et d’autre part le travail d’écriture de Nicole, également marqué par une rencontre avec un professeur de littérature qui aurait retrouvé des manuscrits de Franz Kafka.
Si, à ce stade, il est difficile de devenir où tout cela va mener le lecteur, le suspense soigneusement entretenu par Nicole Krauss donne envie de poursuivre cette double quête.
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