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Sur les trottoirs, certains passants se retournaient, d'autres se détournaient. Tous louchaient sur elle. Et elle n'avait personne pour la chaperonner. Elle rabattait parfois le pan de son manteau. Il se relevait par vague sous la bise glaciale. On devinait qui elle était. À sa tenue, à sa démarche. À son déguisement, sa perruque platine. Elle longeait le quai bétonné, le fleuve, en pleine lumière. Derrière la rangée de platanes, au bas des marches, plus loin sous les piliers, le froid avait délogé les marginaux. Si elle gagnait la place de l'horloge, à l'intersection des bus, elle croiserait plus de badauds. Il fallait tracer le long de l'avenue, bifurquer devant le square et les galeries, vers la passerelle piétonne. Où irait-elle ? Elle ne savait pas. Son walkman brinquebalait au fond de son sac. Plus de pile. Fini le hard rock pour la soutenir ce soir. Pour l'isoler des autres. De leurs regards insistants. Elle était nauséeuse, elle avait mal au ventre. Comme à chaque fois, elle se défendait de vomir. Elle se croyait insensibilisée. Et elle aurait tant voulu en crever de ce job, tout de suite, net, poignardée, foudroyée. Qu'il ne reste plus de sa carcasse que des cendres.
Ce roman n'en est pas un. Il peut emprunter au témoignage, mais il se veut alors atypique, sans revendication et pas représentatif. Sur la frontière parfois ténue entre imaginaire et réalité, entre raison et liberté d'expression, c'est là qu'évoluent les Fleurs des nuits.
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