"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Première traduction en français de l'un des écrivains suédois parmi les plus importants du XXe siècle. Un regard sans complaisance sur la société suédoise et la situation des femmes Dans la Scandinavie des années 30.
La littérature dite « prolétarienne » a connu un beau succès en Suède.
Moa Martinson (Helga Maria Swartz, 1890-1964), épouse du Prix Nobel de littérature (1974) Harry Martinson, fut l'un des membres féminins de ce courant. Publié en 1933, son premier roman, Femmes et pommiers (Kvinnor och £appelträd), nous montre, dans la ville de Norrköping, un milieu ouvrier foisonnant, au sein duquel les femmes de plusieurs générations jouent un rôle prépondérant.
Sans misérabilisme et sans angélisme non plus, ce roman décrit la vie quotidienne de personnages que Moa Martinson a su rendre très attachants.
Ce roman a créé la sensation par son langage réaliste et de sa liberté de ton en matière sexuelle.
Il décrit la jeunesse misérable de Sally et Ellen, dans les quartiers ouvriers de Norrköping, racontée d'un point de vue féminin.
Edité dans la même collection que le très bon roman de Vilhelm Moberg, Mon instant sur cette terre, que j’avais chroniqué l’an dernier, Femmes et pommiers est le premier roman de l’écrivaine Moa Martinson (1890 – 1964), figure importante de la littérature suédoise du XXème siècle, qui s’attache dans ce livre à décrire la vie très difficile des femmes dans la Suède du début du siècle dernier.
Moa Martinson, de son vraie nom Helga Maria Swartz, s’inscrit dans le mouvement de la littérature prolétarienne suédoise (principalement autodidacte et au contact des réalités de la société), au même titre que Vilhelm Moberg, précédemment cité, ou encore d’Ivar-Lo Johansson dont j’avais lu et apprécié La tombe du boeuf et Histoire d’un cheval. Dans la très intéressante postface que lui consacre la traductrice Lise Froger-Olson, on apprend qu’elle naquit dans un milieu ouvrier, qu’elle déménagea souvent dans sa jeunesse, et qu’elle fut mère à 5 reprises avec son premier mari, avant d’épouser plus tard celui qui deviendra le futur lauréat du Prix Nobel de littérature en 1974, Harry Martinson.
Femmes et pommiers tire son inspiration de la vie de l’autrice. Les personnages principaux sont deux femmes, Sally et Ellen, qui se rencontrent dans le village où elles vivent désormais. Le père de Sally était un ouvrier, qui fut expulsé de son logement à la suite de mouvements de grève auxquels il participait ; quant à Ellen, la rumeur dit qu’elle est une fille de prostituée. Il n’est pas bon être une femme dans cette société : leur quotidien est fait de pauvreté, de brutalité, et d’alcoolisme (les maris buvaient leur salaire avec leurs collègues) et la société porte des jugements durs et injustifiés sur certaines d’entre elles :
"_ Tu as fait baptiser les enfants ?
_ A quoi cela servirait-il, avec toute cette pauvreté et cette ivrognerie ? Le pasteur a prétendu que j’étais une femme de mauvaise vie. Il y a une grâce pour les pires crimes, pour les alcooliques et les meurtriers, mais pas pour moi, a-t-il dit. J’ai répondu que je ne voulais pas d’une grâce pareillement aveugle. « Ah oui », a-t-il dit, « maintenant je comprends que tout ce que les gens bien de la paroisse disent de vous est vrai. Vous êtes une femme perdue. »"
Quand le roman fut publié en Suède en 1933, il provoqua un scandale par sa tonalité, très brute, montrant sans filtre la dureté de la vie de ces femmes. Il est vrai que Moa Martinson ne met pas de gants dans son récit (quand elle décrit à titre d’exemple l’accouchement de Sally, à même le sol, sans aide extérieure). J’ai trouvé qu’elle rendait un bel hommage aux femmes, montrant à quel point celles-ci se prenaient en main, s’émancipaient. Ajoutons-y de beaux passages également sur la nature environnante. Néanmoins, je dois avouer que je n’ai pas trouvé la lecture de ce livre si facile. Cela n’est pas dû à la brutalité de certaines scènes, mais tout simplement au style de l’autrice : la narration est parfois difficile à suivre, cela manque de lien entre les phrases, les paragraphes, sans parler de quelques passages un peu plus lyriques encore plus difficiles à saisir.
Témoignage essentiel à cette époque en Suède, premier livre d’une carrière d’écrivaine relativement remplie, Femmes et pommiers ne restera malheureusement pas un grand souvenir de lecture pour moi.
https://etsionbouquinait.com/2024/06/19/moa-martinson-femmes-et-pommiers/#more-13208
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