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Les deux pièces de K.B. Vaid ici présentées renvoient au spectateur, dans un langage très vif, quotidien voire populaire, les problèmes contemporains du sous-continent indien, et à travers eux les nôtres en cette période critique où le devenir de la Terre est en question.
La première, Famille en bataille, est étrange mais peut-être plus immédiatement universelle que la seconde dans la mesure où elle ne met en scène aucune figure allégorique de l'Inde - à l'exception peut-être du Vide, personnage muet et n'agissant que par son aura et son souffle.
Les personnages n'y ont pas d'autre nom que celui de leur position dans la configuration familiale, le Mari, la Femme, les Enfants, et les Autres, deux rôles en un acteur, représentant l'amant et la maîtresse.
La seconde, Notre vieille dame (2000), met explicitement en jeu l'allégorie de Mother India pour en déconstruire tous les traits, mais elle en appelle plus largement au sentiment de déshérence qui caractérise la jeunesse du 21ème siècle en Inde. Refusant cette mère (leurs traditions nationales, leur passé, leurs liens) en même temps qu'ils ne parviennent pas à s'en détacher et finissent par rêver d'en exploiter le potentiel symbolique pour faire de l'argent, les cinq comparses (3 hommes, 2 femmes, pas autrement nommés que par leur ordre et leur sexe) s'interrogent sur leur lien avec la vieille femme anonyme abandonnée, sur leur propre lâcheté, leur concupiscence, la colonisation et ses restes, et pour finir sur la nature humaine et la politique de l'histoire.
Les deux pièces ont une rythmique analogue : Dans Famille en bataille, après la montée fiévreuse des accusations des uns et des autres, la dernière séquence reprend terme à terme la première, imprimant un mouvement cyclique à la temporalité qui évoque le thème philosophique de l'éternel retour. Dans Notre vieille dame, après la montée des spéculations et des récriminations, le retour à la question initiale débouche sur un final lyrique évoquant la fin du monde comme dans le final du Mahabharata.
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