Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
A vingt-cinq ans, avec un passé de guérillera et une carrière de tueuse à gages, Ana a tout vu : décapitations, chutes mortelles, exécutions par balle... Mais elle n'a jamais vu Citizen Kane, considéré comme le plus grand film de tous les temps. Quand son commanditaire habituel lui désigne Orson Welles comme cible, Ana prend conscience de ses lacunes cinématographiques et entreprend, pour préparer cet assassinat, de découvrir la filmographie de sa prochaine victime.
De Paris à Los Angeles en passant par Rio, Ana développe une obsession pour le réalisateur, jusqu'à le rencontrer et travailler pour lui. Mais autour d'Orson Welles, fiction et réalité, vérités et mensonges finissent toujours par s'entremêler... Après Avaler du sable, Antônio Xerxenesky confirme son originalité dans le paysage littéraire brésilien et son goût pour la pop-culture. Roman palpitant mené par une héroïne attachante malgré son passé trouble, F est une véritable déclaration d'amour au cinéma - à tous les cinémas.
Ana aurait pu avoir pour pseudonyme F comme le suggère le titre du livre . Mais détrompez-vous, rien n’est aussi simple et évident dans ce nouveau roman d’Antonio Xerxenesky.
Il n’est pas linéaire dans sa construction et associe de manière très habile la réalité à la fiction comme un bon vieux film d’Orson Welles.
L’auteur écrit par flash-back avec des retours en arrière sur les années qu’Ana a passé à Rio de Janeiro pendant la junte militaire et sur un présent intiment lié au passé. Un passé trouble aussi bien dans l’histoire du Brésil que dans l’histoire familiale d’Ana. Les mots ne le disent pas ouvertement mais le suggèrent dans les lignes comme dans un cadrage à plusieurs plans dans les films du réalisateur américain.
Pour Ana, le présent se vit à Los Angeles où elle se trouve après avoir suivi les conseils d’un oncle qui l'initie aux armes.
Elle est une jeune étudiante qui adore la musique et les sons américains des années 80 comme The Cure ou Duran Duran, vit une histoire d’amour épisodique avec Antoine.
Derrière cette couverture, elle est à 25 ans une tueuse à gages renommée par ses commanditaires car elle arrive à maquiller ses agissements en accident plutôt banal, virage surprenant pour une jeune femme . Mais le passé est là et avec lui des nuits d’insomnie qu’Ana brûle en regardant en boucle les films d’Orson Welles car chose étrange la prochaine victime n’est pas moins que le cinéaste lui-même.
Ce roman est vraiment surprenant et fait frisonner. Il est aussi un superbe hommage au cinéma d’Orson Welles et à ses talents multiples.
Mais attention comme le dit l’auteur, si vous ne connaissez pas la fin des films d’Orson Welles, un conseil allez-les voir avant de lire le livre.
Vous apprendrez aussi à la fin du livre ce que veut dire ce F si mystérieux.
J’ai pour ma part été particulièrement touchée par le personnage d’Ana et à travers elle au sort de toutes les victimes innocentes.
Un roman qui m’a passionné car il mêle plusieurs niveaux de lecture et nous transporte dans plusieurs univers. Un roman policier puisque l’héroïne est tueuse à gages mais elle considère que la mort et les meurtres peuvent être de l’art. Elle vient de recevoir un nouveau contrat et elle doit tuer Orson Welles. Elle va alors décider de préparer ce meurtre avec beaucoup de minutie et va donc partir dans la capitale de la cinéphilie, Paris. J’ai oublié de vous dire qu’elle était brésilienne. Un roman latino et qui va nous raconter aussi l’histoire politique du brésil, puisque cette petite fille, d’une famille « normale », va découvrir que son père avait travaillé avec les militaires et fournit des techniques « scientifiques » de torture. Elle va l’apprendre aux obsèques de son père et surtout parce qu’elle va rencontrer son oncle, qui avait fuit le Brésil pour s’installer à Los Angeles. Plusieurs niveaux de lecture, qui mêlent donc l’histoire politique du Brésil, la vie à Los Angeles, où la narratrice va approcher le grand maître du cinéma (cela donne très envie de faire comme elle et de (re)voir les films en salles). L’auteur nous entraîne aussi dans des boîtes de nuit et une bande son (New Order, Depeche mode.. ) plane entre les lignes. J’ai apprécié ce foisonnement d’univers. Quand politique, cinéma, musique, intimité se mêlent et nous entraîne vers un texte universel : le portrait d’une jeune femme qui m’a touché.
Un roman qui m’a passionné car il mêle plusieurs niveaux de lecture et nous transporte dans plusieurs univers. Un roman policier puisque l’héroïne est tueuse à gages mais elle considère que la mort et les meurtres peuvent être de l’art. Elle vient de recevoir un nouveau contrat et elle doit tuer Orson Welles. Elle va alors décider de préparer ce meurtre avec beaucoup de minutie et va donc partir dans la capitale de la cinéphilie, Paris. J’ai oublié de vous dire qu’elle était brésilienne. Un roman latino et qui va nous raconter aussi l’histoire politique du brésil, puisque cette petite fille, d’une famille « normale », va découvrir que son père avait travaillé avec les militaires et fournit des techniques « scientifiques » de torture. Elle va l’apprendre aux obsèques de son père et surtout parce qu’elle va rencontrer son oncle, qui avait fuit le Brésil pour s’installer à Los Angeles. Plusieurs niveaux de lecture, qui mêlent donc l’histoire politique du Brésil, la vie à Los Angeles, où la narratrice va approcher le grand maître du cinéma (cela donne très envie de faire comme elle et de (re)voir les films en salles). L’auteur nous entraîne aussi dans des boîtes de nuit et une bande son (New Order, Depeche mode.. ) plane entre les lignes. J’ai apprécié ce foisonnement d’univers. Quand politique, cinéma, musique, intimité se mêlent et nous entraîne vers un texte universel : le portrait d’une jeune femme qui m’a touché.
F for Fake d’Orson Welles,
F comme femme
F comme fatale
F comme fiction
T comme tueuse à gages
A comme Ana qui n’est pas un ange
F, c’est « L’histoire de la femme qui devait tuer Orson Welles », sous-titre du livre. Ana, jeune femme brésilienne tueuse à gage « Combien de filles de mon âge pouvaient en dire autant ? ». se raconte.
Elle rencontre son oncle, José, opposant à la dictature, lors de l’enterrement du père d’Ana. Elle va le rejoindre à los Angeles. Devant son aptitude au tir, son sang-froid, elle se trouve embringuer dans cette faction révolutionnaire et accepte de partir à Cuba s’entraîner Ce même José lui apprendra la vérité sur son père, ingénieur, surnommé « Docteur Electrochoc et qu’il utilisait son talent incroyable pour l'ingénierie à développer des systèmes perfectionnés de torture par chocs électriques». C’est ainsi qu’elle devient tueuse à gages.
La Voix, c’est toujours par téléphone que cela se passe, lui donne la cible à viser, à elle de se débrouiller. Dès son premier contrat, Ana tue sans se délecter, mais avec une réelle efficacité, un vrai petit artisan. Très professionnelle, elle suit sa proie, la regarde vivre, apprend ses points faibles et, comme l’araignée, surgit au moment opportun. Elle en fait une œuvre unique (sans jeu de mot), comme un tableau « Je me soucie de la beauté de la mort, de l’art de l’assassinat. ».
Sa dernière mission ? La Voix lui demande de tuer Orson Welles himself. Elle va s’immerger, moi aussi, dans le monde du cinéaste. A Paris, elle étudie la filmographie, la bio du réalisateur avec des passionnés.
Départ pour Los Angeles ; elle entre en contact avec Orson Welles, où miracle, il tourne un nouveau film « Quelle était la relation entre le studio et ceux qui m’avaient engagée ? Etait-il possible que la voix désincarnée donne des ordres au studio, que ces figures faites d’ombres commandent à Hollywood ? » lui qui était en délicatesse avec le milieu.
Ce qui cloche pour ce dernier contrat, c’est sa relation avec le cinéaste. Jusqu’à présent, elle se contentait d’observe ses victimes. Là, elle est l’assistante de Welles. Une relation amicale se noue, mais jusqu’où… Comment tuer, pour elle, vu son style, ce serait plutôt, causer une mort qui peut passer pour naturelle, un type qu’elle admire ? Ici se rejoint la théorie du vrai, du faux, du vraisemblable. Le cinéma peut se faire hors champ de la caméra, surtout lorsque l’on côtoie un mythe
Ana raconte sa vie sans affect, elle est tueuse à gages, c’est tout, circulez il n’y a rien à voir. Je ne saurai rien de ses motivations. Je pense que son passé, voire sa filiation, joue un grand rôle dans sa vie actuelle « Combien y avait-il de mon père en moi ? Si j’étais un homme, notre ressemblance physique serait-elle plus évidente encore ? Qu’est ce qui le séparait de lui ? Les morts qu’il a causées, en quoi diffèrent-elles des miennes ? C’est une question d’esthétique, ai-je pensé ».
« Est-ce de l’art ». Cette question revient comme un leitmotiv tout au long du livre. L’art aurait-il pu modifier la vie de son père ? « Un livre de Tolstoï aurait-il été capable d’empêcher mon père d’entrer dans la chambre de ma sœur pendant la nuit ? » « Une œuvre d’art serait-elle capable de changer ma vie ? Une œuvre d’art est-elle capable de changer une vie ? Les prétendues humanités sont-elle capables d’humaniser quelqu’un ? Pourquoi associons-nous le terme d’humanités à la notion de faire le bien et d’éprouver de la compassion pour autrui ? Pourquoi la mort ne serait-elle pas une sort d’art ? Ne serait-ce pas la mort, le véritable signe de l’humanité ? Toutes ces questions, sa peut-être ressemblance, son rapport au père sont autant de raisonnement qui pourraient modifier le cours de sa vie.
Antonio Xerxenesky connait, admire Welles et le cinéma. Pas de copié-collé sorti tout droit de wiki… Non, tout est connu, aimé, vécu. La vie, les mœurs des années 80, la musique le cinéma, la situation politique brésilienne, les nuits de Los Angeles avec la fameuse « witching hour » forment un décor bien présent.
L’auteur mêle personnages réels et fictionnels avec talent. Est-ce vraisemblable ? Je ne me pose pas la question tant je suis sous le charme de l’écriture vive, rapide, puissante. Une écriture toujours aussi visuelle, quasi cinématographique avec des flashbacks qui mêlent vraisemblance et surréalisme. Comme dans un bon polar, arrive le doute, les notions de vrai-faux. Oui, c’est connu de tous ou presque, Orson Welles est mort, le 10 octobre 1985 (merci la toile)… Et si c‘était l’œuvre ultime d’Ana ?
Je ne saurais faire des liens avec les films d’Orson Welles, dont je ne connais pas l’œuvre. Cela ne m’a pas empêchée de goûter au plaisir de cette lecture et de l’immersion dans les années 1980. Je crois que j’apprécie l’univers déjanté, mais pas que… d’Antonio Xerxenesky, déjà hautement apprécié avec « Avaler du sable ».
F, comme Faut le lire !!
« A vingt-cinq ans, avoue Ana, je pensais avoir déjà vu beaucoup de choses dans la vie. J’avais assisté à une décapitation, deux pendaisons, une castration, trois chutes mortelles, une tête détruite par un tir de fusil… »
Ana est tueuse à gages. Oui, c’est sa spécialité, elle est très douée pour ça et elle considère le crime comme un art : il faut que ce soit propre, bien fait, que ça ressemble à un accident : « je me soucie de la beauté de la mort, de l’art de l’assassinat. » Ainsi, élimine-t-elle du monde les derniers nazis réfugiés en Amérique du Sud ou des tortionnaires comme… son père.
Si elle a une certaine expérience de la vie et de la mort, elle n’a quand même pas tout vu. Et notamment, elle n’a pas encore vu Citizen Kane d’Orson Welles. Je vous surprends à crier au scandale alors que vous n’aviez même pas levé un sourcil à l’énumération de tous ses crimes ! Mais bon, passons, je vous le laisse sur la conscience….
Or, la dernière mission qu’elle vient de recevoir est précisément l’assassinat d’Orson Welles. Ok dit-elle mais à une condition : je veux connaître son œuvre et la voir … au cinéma ! Qu’à cela ne tienne… elle verra les films au cinéma. Et comme il n’y a qu’à Paris, dans les vieilles salles de quartiers, qu’on peut revoir ces films, elle part pour un bref séjour dans la capitale. Un jeune homme est chargé de lui faire découvrir le monde du cinéma, et la façon de faire la différence entre un chef- d’œuvre et un navet. Il faut qu’elle soit au point car bientôt, elle va entrer en contact avec le grand réalisateur et ne doit surtout pas donner l’impression de ne rien connaître du milieu.
Qui est Ana ? Elle est née à Rio en 1960 de parents très conservateurs, pour l’ordre à n’importe quel prix.
Une nuit, elle surprend son père dans la chambre de sa sœur. Ce qu’il y faisait, on ne le saura pas mais on s’en doute. Peu de temps après, le père fera une chute mortelle dans la douche. Dommage… pensera Ana.
C’est à son enterrement qu’elle rencontrera celui qui va changer le cours de sa vie : José, son oncle, qui n’était pas forcément le bienvenu dans la famille. Elle séjournera chez lui, à Los Angeles, découvrira qu’il est étroitement lié aux opposants à la dictature, s’était entraîné à Cuba à des techniques de guérilla et a fini par s’engager. Il lui dira qui était son père, celui qui portait le surnom de « Docteur Électrochoc » et « qui utilisait son talent incroyable pour l’ingénierie à développer des systèmes perfectionnés de torture par chocs électriques ».
La gamine veut des détails, il lui en fournit. Alors, lorsqu’il prend conscience des talents de sa nièce en matière de tirs, il se dit qu’il pourrait bien en faire quelque chose…
Ana n’agit pas par conviction politique mais parce qu’elle aime l’art : « je ne pensais pas que le monde puisse devenir meilleur, peu importe qui était au pouvoir, je n’avais foi en aucun système, et même pire, je ne ressentais pas l’envie brûlante de parvenir à un monde meilleur. »
Elle imagine que la disparition de Welles serait son « chef-d’œuvre, son Citizen Kane à elle » et elle veut se consacrer « totalement à son art ».
Ce qui est fascinant dans ce texte, c’est la personnalité torturée et le parcours chaotique de la narratrice, jeune fille sans illusions, marquée à vie par les agissements de son père et finalement n’imaginant qu’une issue possible pour elle et pour le monde : l’art.
« Le fait d’avoir vu Citizen Kane aurait-il pu influencer le parcours, disons, professionnel de mon père ?, se demande-t-elle, Un plus grand accès aux prétendues humanités aurait-il empêché mon père d’employer son intelligence au perfectionnement d’appareils de torture ? Un livre de Tolstoï aurait-il été capable d’empêcher mon père d’entrer dans la chambre de ma sœur pendant la nuit ? »…
Autrement dit, « Une œuvre d’art est-elle capable de changer une vie ? »
Vaste question…
Ana s’interrogera souvent comme Orson Welles à la fin de F for Fake : « It is pretty. But is it art? », comme si cette question devenait quasiment existentielle pour elle.
A-t-elle tenté d’échapper au réel par l’art ? Certainement. A-t-elle espéré être sauvée par l’art ? Sans aucun doute. A-t-elle voulu montrer comme Welles dans F for Fake que l’art est illusion, manipulation, leurre, à travers des crimes passant pour des accidents ? Sentait-elle qu’avec la mort d’Orson Welles, elle réaliserait, à 25 ans, âge du réalisateur lorsqu’il a créé Citizen Kane, son chef-d’œuvre à elle et qu’il ne fallait surtout pas qu’elle le rate ? Ou bien fut-elle une manipulatrice manipulée dès son enfance par les autres, les hommes au double visage : son père, son oncle, le commanditaire dont elle ne connaît que la voix ?
Un livre qui pose des questions essentielles sur l’art : comment le définir, quel est son rôle, est-il utile, peut-il sauver les hommes, les rendre meilleurs ou bien ne peut-il rien pour nous, sinon nous piéger dans ses filets de l’illusion et nous rejeter au monde encore plus nus et plus démunis ? Est-il salvateur ou dangereux ?
Il nous reste à voir et à revoir l’œuvre du grand Welles, le magicien.
Peut-être nous apportera-t-il une réponse qui ne soit pas un ultime canular…
Retrouvez Marie-Laure sur son blog: http://lireaulit.blogspot.fr/
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